La Suisse et ses alliés entreprenants à l’OMC
La Confédération appartient au G10, qui souhaite éviter la disparition des droits de douane sur certains produits agricoles.
Mais les chances de succès à cet égard paraissent bien minces au chef des négociateurs suisses.
En septembre 2003, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’était pas parvenue à relancer le round de négociations commerciales multilatérales de Doha. Principale pierre d’achoppement: le dossier agricole.
Vu la difficulté, une nouvelle fois, d’y parvenir, le président du conseil général de l’organisation a mis sur la table lundi à Genève un projet de compromis sur les modalités de la négociation future.
Et les 147 pays membres ont maintenant une semaine pour se mettre d’accord sur cette base.
Depuis lundi, tous analysent et triturent le projet d’accord. Certains le verraient bien plus explicite, d’autres plus général. La France l’a d’ores et déjà rejeté «en l’état».
Du côté suisse, l’ambassadeur et négociateur en chef Luzius Wasescha l’estime «déséquilibré» et «pas équitable».
Grosse inquiétude
En colère, et surtout très inquiète pour sa survie, la paysannerie helvétique assure pour sa part que le projet d’accord ignore totalement les besoins de l’agriculture multifonctionnelle en vigueur en Suisse (production, protection du paysage, écologie, développement régional).
Pour les paysans et maraîchers suisses, seuls les pays agricoles exportateurs en sortiraient gagnants. Des réactions que Luzius Wasescha juge légitimes, selon un entretien accordé au quotidien «Tages Anzeiger».
C’est dans ce contexte que vendredi, la Suisse et ses partenaires du G10 ont proposé une série d’amendements au projet d’accord.
Ces changements portent notamment sur la réaffirmation du principe des considérations non-commerciales dans l’agriculture (développement rural, environnement, sécurité alimentaire) et d’une plus grande flexibilité.
Les produits sensibles
La Suisse et ses partenaires ont également supprimé toute mention de réduction plus forte des tarifs les plus élevés. Cette mesure défavorise en effet les pays imposant actuellement des droits de douane importants.
Le G10 a également choisi de préciser la notion de «produits sensibles». Des produits sur lesquels les Etats seraient autorisés à ne réduire que marginalement leurs droits de douane.
Pour la Suisse, on parle ici des «produits laitiers, de la viande, des fruits et légumes et du sucre», indique Luzius Wasescha.
«Plus les réductions des droits de douane seront importantes, plus il y aura besoin d’exceptions pour les produits sensibles», déclare aussi le négociateur suisse en chef.
Cette question divise du reste profondément les pays membres de l’OMC. Les pays en développement notamment y voient un retour déguisé du protectionnisme.
Interrogé sur les chances d’un accord la semaine prochaine, un diplomate affirme sous couvert de l’anonymat que le «soufflé risque de retomber».
swissinfo et les agences
Les pays du G10 sont:
La Suisse
Le Liechstentein
Le Japon
La Corée du Sud
Taïwan
La Norvège
La Bulgarie
L’Islande
Israël
L’Ile Maurice
– Une réunion au niveau ministériel devrait avoir lieu vendredi prochain pour adopter le document sur les modalités des négociations.
– En principe, le cycle de négociations lancé en novembre 2001 à Doha doit se conclure fin 2004. Mais les diplomates estiment que l’accord final ne verra pas le jour avant fin 2005.
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