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La Suisse invente un Diesel presque propre

La nouvelle technologie développée en Suisse réduit les émissions toxiques des moteurs Diesel. Keystone

L’Office fédéral de l’environnement (OFEFP) a présenté lundi une nouvelle technologie qui permet de réduire drastiquement les émissions polluantes des moteurs Diesel.

Le système est basé sur un procédé de dénitrification. Il peut être adapté à tout camion, bus ou véhicule de chantier.

Cette nouvelle technologie est le fruit d’une collaboration entre l’umtec (Institut für angewandte Umwelttechnik) de Rapperswil, l’Office fédéral de l’environnement, des forêts et du paysage (OFEFP) et de petites et moyennes entreprises.

L’office fédéral a couvert 40% des coûts du projet. Les 60% restants l’ont été par des partenaires de l’industrie privée.

«Ce nouveau système de dénitrification des émissions d’oxyde d’azote des moteurs Diesel est un excellent exemple de partenariat entre l’économie privée et la recherche scientifique, avec le soutien de la Confédération», déclare Philippe Roch.

«Cette innovation permet d’affronter l’important problème écologique de la qualité de l’air», ajoute le directeur de l’OFEFP.

Un gaz irritant

Les oxydes d’azote provoquent la formation de l’ozone au sol, un gaz particulièrement irritant.

«Lors de forts rayonnements solaires, les oxydes d’azote se transforment en ozone, le principal composant du smog estival», explique Daniel Zürcher, responsable du Service recherche et technologie de l’OFEFP.

En Suisse, les émissions d’oxydes d’azote – dues essentiellement aux véhicules Diesel – dépassent largement les valeurs limites prévues dans le cadre des mesures sur la protection de l’air.

«Actuellement, il n’existe aucune disposition légale qui impose d’installer un système de dénitrification sur les véhicules Diesel. Une norme européenne va bien dans ce sens (Euro 5), mais elle n’entrera en vigueur qu’en 2009», précise Daniel Zürcher.

Une véritable première

Des catalyseurs limitent déjà les émissions toxiques des moteurs à essence. Mais, jusqu’à présent, il n’existait aucun système de limitation des émissions d’oxyde d’azote des véhicules lourds équipées de moteurs Diesel.

Le système suisse constitue donc une première. Il fonctionne indépendamment du moteur et peut donc s’adapter sur tous les véhicules Diesel, même sur les plus anciens qui passent ainsi directement de la norme Euro 1 à la norme Euro 5.

Les valeurs limites des émissions des moteurs Diesel ont été progressivement abaissée depuis le début des années 90, afin de réduire la pollution atmosphérique, en particulier celle due aux oxydes d’azote.

La nouvelle technologie suisse a notamment été testée depuis un an est demi sur un bus en service dans la commune saint-galloise de Wil.

Or, les résultats sont extraordinaires. Les émissions polluantes du bus sont conformes à celles établies par la norme Euro 5, qui entrera en vigueur dans cinq ans seulement. Et avec l’ajout d’un filtre à particule, les émissions polluantes ont été réduites de 95%.

Un prix encore élevé

Pour l’heure, ce système coûte encore 30’000 francs l’unité… Mais ce prix devrait baisser avec une production en série.

«En Suisse, il existe environ 50’000 véhicules lourds à moteur diesel qui ne répondent pas encore à la norme Euro 4, précise Heiri Hafner, chef du projet à l’umtec. Il s’agit donc d’un marché de niche très important.»

Il n’est pas encore possible de dire combien ce système coûtera. Mais, selon les estimations, la facture par unité devrait encore se chiffrer en plusieurs milliers de francs, avertit Heiri Hafner.

«Personne ne va s’équiper volontairement de ce système, déclare pour sa part Hansruedi Ryf, journaliste et expert en moteur pour la Revue automobile. Il faudra donc des incitations, comme une baisse du prix du système ou du Diesel.»

«Ce problème du prix vaut surtout pour les camions et les véhicules de chantiers, poursuit-il. Dans ces secteurs, la question des coûts l’emporte en effet sur toute autre considération.»

Ecologistes sceptiques

Les écologistes n’ont jusqu’à présent jamais apprécié le diesel. C’est ainsi que l’Association Transports et Environnement (ATE), s’oppose à une baisse de la taxe sur les carburants pour le diesel.

«Les industriels prétendent que ce carburant est bon pour le climat, parce qu’il produit moins de CO2 que l’essence, déclare sa porte-parole Emmanuelle Robert. C’est vrai, mais ils ne disent pas qu’il produit jusqu’à 1’000 fois plus de particules de suie.»

«Or, ces particules sont cancérogènes et provoquent le réchauffement climatique, poursuit-elle. En plus, le Diesel rejette trois à six fois plus d’oxyde d’azote que l’essence. Le Diesel sans système de limitation de la pollution est une monstruosité.»

Le nouveau système développé en Suisse modifie la donne. Mais les défenseurs de l’environnement restent sceptiques.

«C’est bien d’avoir un nouveau système, mais encore faut-il qu’il soit utilisé, déclare Emmanuelle Robert. Il faudra forcer les gens à équiper leur véhicule. Je ne sais pas si c’est une chose possible et réalisable.»

swissinfo et les agences

Le système permet de réduire les émissions d’oxyde d’azote de 90%.
NOx, la formule chimique de l’oxyde d’azote, principal responsable de la formation d’ozone au sol.
Le système de dénitrification coûte pour l’heure 30’000 francs l’unité.

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