La Suisse n’est plus le supermarché du diamant
Depuis le début de l'année, le groupe sud-africain De Beers ne commerce plus à Lucerne. Le négoce du diamant brut en Suisse est en chute libre.
Premier producteur mondial grâce à ses propres mines, De Beers contrôle environ deux tiers du marché planétaire des diamants bruts. Et jusqu’à la fin 2001, ses ventes pour l’Europe et pour Israël (très gros consommateur) se faisaient depuis la Suisse.
Pendant des années, ce gigantesque négoce n’a fait l’objet d’aucune statistique officielle. Le seul chiffre disponible porte sur la période comprise entre mi-mars et fin décembre 2001. Durant ces huit mois et demi, la Suisse a importé pour 1,52 milliard de francs de diamants bruts, tandis que les exportations s’élevaient à 1,84 milliard de francs.
Par comparaison, les importations au premier trimestre 2002 sont tombées à 16,9 millions de francs, et les exportations à 19,8 millions de francs. Ceci, bien sûr, en conséquence directe du transfert des activités de vente de De Beers de Lucerne à Londres.
Les diamants de la guerre
Une ombre plane toutefois sur le commerce mondial des diamants. Dans certains pays d’Afrique, comme l’Angola, la Sierra Leone ou la République démocratique du Congo, le produit de la vente des pierres brutes sert directement à financer des guérillas sanglantes, voire éventuellement le terrorisme international.
La Suisse participe aux efforts internationaux pour endiguer ces trafics. Et ceux-ci semblent porter leurs fruits. Selon un expert cité récemment par le quotidien français Le Monde la part de ces «pierres de sang» au volume global des diamants bruts vendus dans le monde serait tombé en trois ans de 4% à 2,5%.
Il y a deux ans, sous la pression d’une campagne lancée par l’ONG britannique Global Witness, De Beers décidait de ne plus acheter de diamants angolais.
Le resserrement des contrôles douaniers effectués en Suisse sur les diamants bruts a-t-il pesé sur la décision du groupe sud-africain d’abandonner ses activités helvétiques? Le Tages Anzeiger, qui consacre lundi un long article à la question ne l’exclut pas.
Mais le quotidien zurichois avance également une autre explication possible. Selon les experts qu’il a consultés, les avantages fiscaux offerts par la Grande-Bretagne pour ce type de négoce sont désormais tout à fait comparables à ce dont on peut bénéficier en Suisse.
Londres devient par conséquent (avec Anvers, en Belgique) la plaque tournante du commerce mondial des diamants. Au détriment de Lucerne.
swissinfo/Marc-André Miserez
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