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La Suisse ne veut pas des Iles Féroé dans l’AELE

Essentiellement axées sur la pêche, les Iles Féroé n'ont pas les mêmes intérêts que la Suisse. framtrak.com

Les quatre membres de l'Association européenne de libre-échange (AELE) ont fermé la porte cet été aux 18 îles autonomes danoises qui voulaient les rejoindre.

La Suisse indique officiellement qu’une adhésion des 48’000 Féroïens ne correspond pas à ses intérêts économiques.

Essayé, pas pu, doit penser Jóannes Eidesgaard. Depuis qu’il a annoncé l’an dernier que son pays était intéressé à rejoindre l’AELE, le premier ministre féroïen a fait le tour des capitales concernées. Son but, sonder le terrain.

L’aventure s’est embourbée en juin, du côté de l’Islande. Lors de la dernière réunion ministérielle ordinaire des pays de l’AELE, les quatre Etats membres ont retiré tout espoir à cette communauté autonome du Royaume du Danemark.

«Les Féroé n’ont pas déposé de demande officielle, précise Evelyn Kobelt, porte-parole du Département fédéral de l’économie (DFE). Mais nous leur avons suggéré de trouver une autre solution. La balle n’est plus dans notre camp.»

L’arrivée entre temps de Doris Leuthard à la tête du Département de l’économie ne devrait rien y changer, selon Evelyn Kobelt. Car les vues suisses se fondent sur «une évaluation tout à fait rationnelle qui semble aller de soi».

Obligés de tout renégocier

A l’appui de ce diplomatique «nei», plusieurs arguments. D’abord, faire entrer les Féroé exigerait de modifier la Convention de l’AELE. Le texte fondamental de l’association prévoit que seul un Etat peut adhérer.

«Les Féroé ne sont qu’une partie de pays, qui est en plus membre de l’Union européenne. Ce qui compliquerait beaucoup les choses», note la porte-parole du DFE.

Avec l’entrée d’un nouveau membre, l’AELE devrait aussi renégocier l’ensemble des accords passés jusqu’ici avec des pays tiers. Du temps, de l’énergie, et peut-être des accords moins favorables, puisque l’association se présenterait en demandeuse.

«Il s’agirait d’un processus très coûteux, résume Evelyn Kobelt. On peut se demander aussi si, pour les Iles Féroé, une adhésion aurait un intérêt économique autre que le poisson, un secteur qui n’intéresse pas vraiment la Suisse.» Et la réponse est non.

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Deux familles d’intérêts

L’argument des intérêts économiques est particulièrement sensible pour la Suisse. L’AELE réunit deux pôles. Deux pays nordiques axés sur les ressources naturelles et deux économies alpines aux exportations très diversifiées.

L’adhésion des Féroé – une région de pêche et de construction navale – risquerait de mettre à mal cet équilibre au profit des Nordiques. Les deux pôles n’ayant pas forcément les mêmes intérêts, la Suisse n’en sortirait pas gagnante, avec ses services de pointe et ses industries high tech.

Aujourd’hui réduite à quatre membres, l’AELE est tout sauf une organisation en croissance. Mais accueillir un nain à moitié dépendant ne renforcerait guère l’association, estime aussi la Suisse.

«Une telle adhésion affaiblirait plutôt l’AELE, qui serait assimilée à un fourre-tout ouvert aux régions en mal d’indépendance», constate Evelyn Kobelt.

«Pas un enjeu énorme»

Professeur d’économie internationale à l’Université de Neuchâtel, Jean-Marie Grether estime «tout à fait sensés» les arguments opposés aux Féroé par la Suisse.

Il estime aussi que si «l’enjeu n’est pas énorme, il est important pour la Suisse, à travers l’AELE, de maintenir un contrepoids à son rapport principal avec l’Union européenne.»

La Suisse est adepte du multilatéralisme, en économie comme ailleurs. Mais avec les bégaiements du round de Doha à l’OMC, elle risque de devoir multiplier les accords de libre-échange, note l’économiste.

A ses yeux toutefois, l’AELE a un faible potentiel de développement. Pour la Suisse, c’est la piste des accords directs (à l’image de celui envisagé avec les Etats-Unis) qui pourrait donc s’imposer.

swissinfo, Pierre-François Besson

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– La Suisse est un des 7 Etats fondateurs de l’AELE. Economie très ouverte et de taille moyenne, elle bénéficie de son appartenance à l’AELE pour ses échanges avec les autres membres.

– La Suisse en profite surtout pour signer en groupe de nombreux accords de libre-échange avec des pays tiers comme la Corée du Sud, le Mexique ou Israël.

– Ces accords représentent 7% de la valeur des exportations suisses. La part du commerce avec les partenaires de l’AELE augmente plus vite que l’ensemble des échanges globaux de la Suisse.

– La signature d’accords bilatéraux est un des trois piliers de la politique économique extérieure de la Suisse. Les deux autres étant l’appartenance à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) et sa relation avec l’Union européenne (UE), fondée sur un accord de libre-échange de 1972.

L’Association européenne de libre-échange (AELE) nait en 1960.
Elle est pensée comme une alternative moins supranationale à la future Union européenne (UE).
Elle ne compte plus aujourd’hui que 4 Etats membres – Islande, Norvège, Liechtenstein et Suisse.
L’AELE a signé des accords de libre-échange avec 15 pays.
La Suisse seule a signé un tel accord avec les Iles Féroé en 1995.

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