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La Suisse restitue une partie des fonds Abacha

Une grande partie des fonds Abacha retourne au Nigeria. RDB

La Suisse a donné son feu vert pour le versement de 290 millions de dollars (360 millions de francs) au Nigeria.

Cette somme constitue une partie de l’argent détourné par le clan Abacha dans les années nonante et qu’il avait mis à l’abri dans les coffres des banques suisses.

Le paiement de cette tranche sur un montant total de 460 millions de dollars a été ordonné en début de semaine par le Département fédéral de justice et police (DFJP), indique vendredi le porte-parole du DFJP, Livio Zanolari.

L’ordre de paiement a été envoyé à la Banque des règlements internationaux (BRI), basée à Bâle. Les quelque 170 millions restants doivent d’abord être convertis en liquide.

La Suisse a signé il y a une semaine un accord avec la Banque mondiale pour la surveillance de l’utilisation des fonds versés.

Les autorités nigérianes reprochent à l’ancien dictateur Sani Abacha d’avoir systématiquement dévalisé le pays. Au total, le clan Abacha est soupçonné d’avoir détourné 2,2 milliards de dollars à l’étranger. Quelque 700 millions ont été trouvés sur des comptes suisses. 200 millions de dollars avaient déjà été versés auparavant au Nigeria.

Transparence exigée par les ONG

Selon les ONG, la Suisse doit s’assurer que l’argent profitera aux régions particulièrement lésées par le régime Abacha, notamment le delta du Niger, où les revenus de la production pétrolière ont largement fui dans les caisses de l’Etat.

«Le peuple nigérian dépouillé doit être dédommagé. C’est pour cela que l’utilisation de l’argent est si importante», affirme Andreas Missbach, responsable du dossier des banques et de la place financière au sein de La Déclaration de Berne.

La «Coalition pour une restitution juste et transparente des fonds Abacha», à laquelle appartiennent notamment, outre la Déclaration de Berne, Action place financière, Pain pour le prochain, la Société pour la protection des peuples menacés (GfbV) et Greenpeace, demande davantage de contrôles et de transparence à l’égard de l’opinion publique.

La naïveté des autorités suisses

Les oeuvres d’entraide avaient déjà dénoncé en février la naïveté des autorités suisses.

Le Nigeria a en effet dépensé la première tranche d’argent restitué en 2004 avant même qu’elle n’ait été versée par Berne. Le DFAE avait répondu qu’il pouvait contrôler également rétrospectivement l’utilisation de l’argent.

Selon des documents de la ministre nigériane des finances Ngozi Okonjo-Iweala, les fonds ont été investis dans des projets de santé, d’éducation et d’infrastructures, conformément aux engagements du Nigeria auprès de la Suisse.

swissinfo et les agences

Entre 1993 et 1998, Sani Abacha aurait confisqué environ 2,2 milliards de dollars des coffres du Nigeria.
Au total, 700 millions de dollars (870 millions de francs) ont été bloqués en Suisse.
Plus de 200 millions de dollars de ce montant ont déjà été rendus au Nigeria.
En février, la cour suprême helvétique avait décidé que 458 autres millions de dollars pouvaient être restitués.

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