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Le bilatéralisme s’invite à Hong Kong

Pour Joseph Deiss, l'approche bilatérale a notamment l'avantage de la rapidité. swissinfo.ch

Dans l'antre du multilatéralisme, la Suisse signe deux accords bilatéraux. Simple souci pratique lié à la présence des ministres à Hong Kong, dit-elle.

Avec ses collègues de l’AELE, le ministre Joseph Deiss a paraphé jeudi un ambitieux accord de libre-échange avec la Corée du Sud.

Les négociations menées dans le cadre de l’OMC, plus que jamais, grippent à Hong Kong. La nervosité s’installe au sein des délégations ministérielles. En l’absence de consensus à l’horizon, certains paraissant même reculer sur les offres mises sur la table.

C’est dans ce contexte que la Suisse vient de signer deux accords bilatéraux. Avec le Guyana mardi (protections des investissements) et, jeudi, dans le cadre de l’AELE (Suisse, Islande, Lichtenstein et Norvège), avec la Corée du Sud.

Partenaire le plus important

Les quatre pays de l’AELE sont les premiers à signer un tel accord avec la onzième économie mondiale. Le pays du matin calme devient le partenaire commercial le plus important de l’AELE après l’Union européenne (UE).

Six mois de négociations ont suffit pour parvenir à un accord qui va beaucoup plus loin que les zones de négociation couvertes actuellement dans le cadre du cycle de Doha à l’OMC.

Ce paquet ambitieux recouvre le commerce des marchandises mais aussi la propriété intellectuelle, les services, les investissements (accord séparé) et les marchés publics.

Ministre suisse de l’économie, Joseph Deiss assure toutefois qu’il n’est pas dans son intention de miner le multilatéralisme de l’OMC en crise.

Le multilatéralisme «priorité numéro un»

«Ce que nous faisons là est plutôt le résultat de nos contacts à l’intérieur de l’OMC, explique-t-il. A travers de tels accords, nous allons au-delà de l’OMC. Par conséquent, cette approche est complémentaire.»

Contestant donner un signal négatif, Joseph Deiss rappelle que le multilatéralisme est «la priorité numéro un» de la Suisse officielle.

Le ministre précise aussi que les accords bilatéraux sont la troisième voie de la nouvelle stratégie économique de la Confédération (les relations avec l’UE en sont la deuxième).

Dans ce champ bilatéral, la Suisse a déjà paraphé une quinzaine d’accords et vient d’achever ses négociations avec l’Union sud-africaine en vue d’une signature début 2006. Elle traite aussi avec de gros candidats comme les Etats-Unis, le Japon ou la Thaïlande.

L’avantage de la rapidité

Pour Joseph Deiss, l’approche bilatérale a l’avantage de la rapidité (nombre de partenaires de négociation réduit). Elle offre aussi des accords calibrés aux besoins des signataires.

Ladite approche – comme l’entier de la nouvelle stratégie économique du gouvernement – trouve grâce aux yeux d’economiesuisse, la fédération des entreprises suisses.

«La priorité reste le multilatéralisme, explique Gregor Kuendig, membre de la direction. Le bilatéralisme est une approche pragmatique complémentaire.»

Pas de droit de regard

Les ONG montrent plus de perplexité. Sur la forme d’abord, Marianne Hochuli (Déclaration de Berne) déplore l’absence de droit de regard sur le contenu de tels accords.

Pour Michel Egger (Alliance Sud), «ces accords sont la réaction de ceux qui veulent libéraliser à tout crin face à la panne du multilatéralisme. Notre position est que ces accords ne doivent pas être une OMC+.»

Par OMC+, il faut entendre notamment les domaines exclus du cycle de Doha sous la pression des pays pauvres – investissement, politique de la concurrence, transparence des marchés publics, facilitation des échanges (questions dites «de Singapour»).

«La Suisse particulièrement offensive»

Michel Egger constate aussi que la Suisse se montre «particulièrement offensive» sur le marché bilatéral. Ce que Joseph Deiss paraît confirmer.

«Le jusqu’auboutisme de certains membres de l’OMC peut être un danger, explique le conseiller fédéral. Pendant qu’ils refusent toute flexibilité sur les compromis à trouver, la trame se tisse entre les pays qui parviennent à signer des accords bilatéraux.»

«Et qui signe de tels accords? Ce sont les pays déjà les plus importants du point de vue du commerce», constate Joseph Deiss.

swissinfo, Pierre-François Besson à Hong Kong

La 6e Conférence ministérielle de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a lieu du 13 au 18 décembre à Hong Kong.
Organe suprême de décision de l’organisation, elle doit ouvrir la voie à la conclusion du cycle de négociations commerciales dit «de Doha», lancé en 2001.
Les représentants des 150 pays membres participent à ce rendez-vous dont les ambitions ont été réduites vu la lenteur des négociations.
Ministre de l’Economie, Joseph Deiss mène la délégation suisse.

– Sous réserve de ratification, l’accord de libre-échange avec la Corée du Sud entrera en vigueur le 1er juillet 2006. Après le Mexique, le Chili et Singapour, ce pays est le quatrième avec lequel les Etats de l’AELE concluent un tel accord.

– En 2004, la Suisse a exporté vers la Corée du Sud pour 1,3 milliards de francs (machines-outils, produits chimiques et pharmaceutiques, montres, etc) et importé des produits coréens pour plus de 600 millions de francs.

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