Des perspectives suisses en 10 langues

Le Credit Suisse en quête de crédibilité

Le groupe est convaincu de renouer avec les chiffres noirs cette année. Keystone Archive

Les dirigeants du Credit Suisse Group (CSG) veulent rétablir le sens de la mesure et la discipline, au terme d'une année 2002 catastrophique.

Les bonus faramineux doivent appartenir au passé et les efforts de maîtrise des coûts être poursuivis.

«Nous voulons recouvrer notre puissance passée, et cet objectif nécessite de la rigueur», a déclaré le président du conseil d’administration Walter Kielholz devant les 2009 représentants d’actionnaires réunis vendredi à Zurich.

Des actionnaires pas vraiment contents: le deuxième groupe bancaire helvétique a en effet subi l’an dernier une perte historique de 3,3 milliards de francs.

Nous voulons retrouver notre puissance passée.
Walter Kielholz, président du conseil d’administration du CSG.

Trop d’excès commis

Walter Kielholz a reconnu les excès commis à la fin des années 90, en pleine euphorie boursière, notamment dans la banque d’affaires Credit Suisse First Boston (CSFB).

Le banquier vedette du CSFB Frank Quattrone, arrêté mercredi à New York pour subordination de témoins et entrave à la justice, a ainsi gagné durant les belles années plus de 100 millions de dollars (quelque 140 millions de francs) par an.

«C’est le contrat le plus monstrueux que j’aie jamais vu», a admis le patron du CSFB et co-président de la direction du CSG, John Mack.

D’une façon générale, les bonus et autres indemnités garanties sur plusieurs années sont inadaptés, à déclaré John Mack. Il faudra à l’avenir plutôt miser sur la participation des collaborateurs à des programmes d’actions ou d’options.

L’an dernier, la somme des bonus de l’ensemble du personnel a déjà été réduite de 40%, selon Walter Kielholz. Mais cet effort n’est pas suffisant aux yeux d’actionnaires et d’organisations de personnel.

Le syndicat des métiers en-ligne «syndikat» a ainsi dénoncé le fait que le groupe ait distribué pour 4,8 milliards de francs de bonus au total en 2002, alors même que 30 millions suffiraient à faire en sorte que les 1250 nouvelles suppressions d’emplois pour 2003 soient réalisées sans licenciement.

Croissance quand même

Le CSFB, qui a déjà supprimé 7000 emplois depuis 2000 et diminué ses charges d’exploitation de 5,8 milliards de francs en 2002, continuera à réduire ses coûts, a affirmé John Mack.

Mais cela ne signifie pas l’abandon de toute ambition de croissance: des débouchés «prometteurs» se dessinent dans les produits dérivés, le conseil pour restructurations et les produits de fonds de placement.

Dans l’assurance (Winterthur), secteur qui a occasionné une perte d’exploitation de 2,4 milliards de francs l’an dernier, des erreurs ont été commises, a reconnu en substance Oswald Grübel, l’autre co-président de la direction. La part de 19% du portefeuille en actions de la Winterthur était trop élevée.

Ethos se rebelle

Représentatif de la fronde d’une partie des actionnaires, le président de la fondation genevoise d’investissement Ethos (caisses de pension), Dominique Biedermann, a dénoncé le manque de transparence du groupe, en rapport avec les amortissements futurs.

Il a demandé que les dirigeants se voient refuser la décharge, eu égard aux manquements commis et aux demandes de dommages-intérêts d’actionnaires trompés par les analyses biaisées et le favoritisme lors d’entrées en bourse aux Etats-Unis. Il a aussi plaidé pour l’abstention lors du vote sur les comptes.

Malgré les grincements de dents, les actionnaires ont accordé la décharge aux organes responsables à une majorité de 89% des voix. Le vote séparé réclamé pour les administrateurs Lukas Mühlemann (également ex-CEO), Peter Brabeck et Daniel Vasella a abouti sur des décharges à des majorités de 87 et 88%.

Chiffres noirs pour 2003

Pour 2003, Walter Kielholz s’est dit «absolument convaincu» que le CSG renouera avec les chiffres noirs. Avec le rétablissement du CSFB au 1er trimestre, d’importants jalons ont été posés.

Les actionnaires devront se contenter d’un très maigre dividende de 10 centimes par action, contre 2 francs l’année précédente.

L’assemblée devait encore élire Hans-Ulrich Doerig (63 ans), vice-président de la direction depuis 1998, au poste d’administrateur en remplacement de Daniel Vasella.

swissinfo avec les agences

Les plus appréciés

Les plus discutés

En conformité avec les normes du JTI

Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative

Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !

Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision