Le front du chômage avance en Suisse

Keystone

Le marché de l'emploi a continué à se dégrader en fin d'année. Le taux de chômage a passé de 2,7% en novembre à 3% en décembre. Pour les spécialistes, la situation devrait encore se dégrader tout au long de 2009 voire même de 2010.

La Suisse comptait 118’762 chômeurs fin décembre, soit 11’110 (+10,3%) de plus que le mois précédent. Un bon tiers de cette hausse concerne la construction, explique Serge Gaillard, directeur de la division du travail au Secrétariat d’Etat à l’économie (SECO).

Les travailleurs temporaires sont particulièrement touchés par cet effet saisonnier. Et ils subissent en plus l’impact du relâchement conjoncturel, notamment dans l’industrie qui réalise de moins bonnes exportations.

Le total des demandeurs d’emploi frôle désormais les 171’300 personnes alors que le nombre de places vacantes est inférieur à 9800, selon la statistique publiée jeudi par le SECO. Ses experts prévoient à nouveau une forte hausse du chômage en janvier, mais la courbe devrait être moins forte lors des mois suivants.

Suisse romande plus touchée

Le Valais (4,7%) a connu la plus forte détérioration en décembre: son taux de chômage a bondi de 1,3 point par rapport à novembre. Suivent les cantons du Jura (3,8%) et de Neuchâtel (3,9%), avec des hausses respectives de 0,5 et 0,4 point.

Du côté de Vaud (4,3%), Fribourg (3%), Berne (2,2%) et le Tessin (4,8%), le taux a augmenté de 0,3 point. Genève (5,9%) affiche une hausse limitée de 0,2 point mais conserve le plus fort chômage.

Seuls les Grisons et Obwald sont restés stables, tandis qu’Uri et Appenzell Rhodes intérieures inscrivaient les plus faibles augmentations. Zurich est de son côté en hausse de 0,3 point à 2,8%.

Recul annuel

Le marché helvétique a pourtant réalisé l’année dernière sa meilleure performance en six ans. Sur l’ensemble de 2008, son taux de chômage a diminué à 2,6% en moyenne comparé à 2,8% en 2007.

La conjoncture dynamique a eu un impact encore très positif au premier semestre en faisant régresser le chômage, même si le phénomène était moins spectaculaire que les deux années précédentes.

Au cours de l’été, le nombre de chômeurs a même atteint son plus bas niveau depuis 2002. Puis la courbe s’est inversée dès juillet, le taux repartant en hausse avec l’arrivée des signes de ralentissement économique. La tendance s’est accentuée à l’automne.

C’est aussi à cette période que les entreprises confrontées aux premières difficultés ont fait davantage appel au chômage partiel. Elles étaient 85 à utiliser de telles mesures en octobre, soit 29 sociétés supplémentaires en un mois. Près de 1200 personnes étaient touchées, soit la moitié plus qu’en septembre.

L’exercice 2008 devrait clôturer avec un solde positif de 600 millions de francs pour le fonds de compensation de l’assurance- chômage. Les dépenses ont atteint 5,06 milliards, tandis que les recettes totales atteignaient 5,66 milliards dont 4,96 milliards par le biais des cotisations.

Sombres perspectives

La dégradation amorcée depuis octobre dernier sur le front de l’emploi devrait se poursuivre en 2009 et en 2010 en Suisse. Le SECO table sur des taux de chômage moyen de respectivement 3,3% et 4,3%.

Serge Gaillard juge préoccupant que l’assurance-chômage affiche des dettes de 4,1 milliards de francs dans un tel contexte. Le Parlement doit adopter rapidement la révision de la loi sur l’assurance-chômage, qui prévoit des réductions de prestations et la hausse des cotisations. Ce n’est qu’ainsi qu’il sera possible de réduire l’endettement lorsque la croissance sera de retour.

Selon les estimations, l’assurance-chômage bouclera l’année 2008 sur un excédent de recettes de 600 millions de francs.

swissinfo et les agences

L’UE frappée de plein fouet

La Suisse n’est pas la seule à être touchée par la hausse du chômage. Les pays de l’Union européenne sont également frappés.

Novembre. Le taux de chômage dans la zone euro est ainsi monté à 7,8% en novembre, son plus haut niveau depuis presque deux ans, selon des données publiées jeudi par l’Office européen des statistiques Eurostat.

L’Espagne est particulièrement touchée par le phénomène. Le nombre de demandeurs d’emploi a franchi en décembre la barre des trois millions pour la première fois en plus de 12 ans. Le chômage y a augmenté pendant neuf mois consécutifs. L’hécatombe s’est poursuivie pendant les fêtes, avec 139’694 chômeurs supplémentaires, soit plus de 4500 personnes par jour qui se sont retrouvées sans emploi.

L’Allemagne, poids lourd économique de l’UE, souffre également. Le pays compte actuellement 3,13 millions de demandeurs d’emploi et selon certaines projections, ce chiffre pourrait doubler.