Le Gothard de la discorde
La question du doublement du tunnel autoroutier du Gothard divise le pays.
Cet axe nord-sud est depuis toujours important, mais aussi controversé.
Les résultats de la procédure de consultation sur l’initiative parlementaire Giezendanner (UDC/AG) le démontrent une nouvelle fois.
Le texte du conseiller national demande une ouverture immédiate des travaux de percement d’une nouvelle galerie. Mais son projet ne fait de loin pas l’unanimité.
Ecologie contre sécurité
Le Conseil fédéral, les écologistes, la gauche et de nombreux cantons s’opposent à de tels travaux. Du moins dans l’immédiat. Ils avancent des arguments écologiques et financiers.
Dans le camp des partisans d’un deuxième tunnel, on trouve le parti radical et l’UDC. Mais aussi l’organisation patronale economiesuisse, les milieux routiers et les autorités tessinoises.
Leurs arguments portent sur la sécurité, le désenclavement du Tessin et une réduction des temps d’attente au Gothard.
En fait, le problème du trafic au Gothard ne date pas d’hier. Mais le tragique accident de l’automne dernier a relancé le débat sur le percement d’une deuxième galerie.
Le 24 octobre 2001, la collision de deux camions qui circulaient en sens inverse a provoqué un incendie dans la galerie. Et onze personnes sont décédées.
Le tunnel est resté fermé durant deux mois. Une première dans son histoire. Aujourd’hui encore, le passage des camions dans la galerie se fait de manière alternée.
Les partisans d’un deuxième tube estiment que ce drame démontre la nécessité de lancer rapidement de nouveaux travaux. Afin d’éviter le croisement de véhicules.
Une deuxième initiative
Cette solution, Ulrich Giedenzanner n’est pas le seul à la préconiser. L’initiative populaire Avanti demande, elle aussi, le percement d’une nouvelle galerie dans les Alpes.
Mais le Conseil fédéral ne l’entend pas de cette oreille. Au contraire, le gouvernement helvétique privilégie le transport ferroviaire.
Il s’est engagé dans les travaux de construction des nouvelles lignes ferroviaires alpines (NLFA). Le percement du tunnel de base au Lötschberg devrait être terminé en 2007. Et celui du Gothard en 2012 ou 2013.
«Ces tunnels devraient faciliter le transport par le rail, commente Patrice Mugny, co-président des Verts. Avant de discuter du percement d’un nouveau tube routier, il faudrait au moins voir les résultats de ces nouvelles installations.»
Au peuple de décider
La route contre le rail: le peuple devra trancher. En effet, les Suisses devront se prononcer sur les initiatives Giedenzanner et Avanti.
En fait, les citoyens ont déjà donné leur avis sur cette question. En 1994, ils ont approuvé l’initiative des Alpes. Et accepté du même coup un article constitutionnel sur la protection des Alpes.
Cet article stipule que «la capacité des routes de transit dans les régions alpines ne doit pas être augmentée». Reste donc à savoir si les Suisses n’ont pas changé d’avis depuis 1994…
swissinfo
Dès le 13e siècle, la route du Gothard est devenue une voie de communication importante entre le nord et le sud de l’Europe.
Une première passerelle a été construite en 1200.
En 1595, elle a été remplacée par un pont rudimentaire, le très fameux «pont du Diable».
L’aménagement d’une véritable route, permettant le passage de véhicules de tous types, a été entreprise en 1830.
En 1872, le tunnel ferroviaire du Gothard est construit. Côté futur, la deuxième galerie sera terminée en 2012 ou 2013.
Durant le 20e siècle, la route ne cesse d’être élargie pour faire face à l’accroissement du trafic.
En 1980, le tunnel routier est inauguré. Depuis, le trafic routier n’a cessé d’augmenter: en 1981, moins de 3 millions de véhicules ont emprunté le tunnel. En 2000, ils étaient pratiquement 7 millions.
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