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Le Japon allège ses sanctions contre le Credit Suisse

Le groupe financier est en train de regagner la confiance de l'Agence japonaise des Services financiers. Keystone

L'Agence japonaise des Services financiers a annoncé, jeudi, la levée de la suspension des opérations de Credit Suisse Trust Banking avec effet immédiat. Le signal d'une décrispation, propice à la reprise partielle des affaires.

Credit Suisse Trust Banking, filiale japonaise du groupe financier suisse, avait dû interrompre ses opérations en août 1999. Il lui a été reproché d’avoir offert des produits financiers inappropriés à ses clients et entravé les enquêtes menées contre elle par les autorités financières japonaises.

Désormais, le ciel japonais semble s’éclaircir. Puisque la plus haute autorité de contrôle du gouvernement japonais – la fameuse Agence japonaise des Services financiers – permet au Credit Suisse Trust Banking de reprendre ses activités.

Au même moment, elle impose une interdiction de deux mois sur certaines opérations de Nomura Securities, la première maison de titres japonaise, pour avoir effectué des transactions irrégulières pour le compte de clients étrangers sans contrat.

Les autorités japonaises ne sauraient donc être accusées de traiter les établissements étrangers présents dans la deuxième économie du monde avec une sévérité plus grande que leurs propres institutions financières.

Longtemps, au contraire, elles ont fermé les yeux sur leurs activités, parfois à la limite de la légalité. Les banques japonaises, subissant de plus en plus leur concurrence, finirent par crier au favoritisme.

C’est, d’ailleurs, cette plus grande marge de manœuvre accordée aux établissements étrangers qui a mené le Credit Suisse à sa perte. A la fin des années 90, ses responsables à Tokyo se sont cru au-dessus des lois quand ils ont proposé à des sociétés japonaises au bord de la faillite de cacher leurs mauvaises dettes à l’étranger.

Apres tout, le ministère japonais des Finances a toléré ces transferts de dettes à l’étranger aussi longtemps qu’il pensait pouvoir prévenir la banqueroute de certaines de ses plus grandes institutions financières.

Le temps, en tout cas, de mettre en oeuvre un plan de sauvetage de ses banques au bord du gouffre après l’implosion de la «bulle» spéculative japonaise.

Le Credit Suisse paya sa cupidité et son ignorance du fonctionnement d’un système étatique japonais peu légaliste par la perte d’une de ses licences bancaires, la suspension des activités de sa filiale Credit Suisse Trust Banking, une action en justice et l’arrestation d’un de ses anciens directeurs qui risque, aujourd’hui, une peine de quatre mois de prison.

La FSA motive sa décision de lever la suspension des opérations de Credit Suisse Trust Banking par «une meilleure conformité avec les réglementations et un renforcement de la gestion».

L’Agence japonaise semble vouloir signaler au groupe financier suisse qu’il est en train de regagner sa confiance. Il s’est donné un nouveau président japonais qui a ses entrées dans les allées du pouvoir japonais. Ceci doit, sans doute, expliquer cela.

C’est une des leçons retenues par la banque suisse. Sans relations très étroites avec la toute puissante haute administration et le monde politique japonais, il n’est pas possible d’anticiper leurs changements d’interprétation de la réglementation financière ou leurs éventuelles volte-face.

Surtout lorsqu’on a la réputation d’être une banque internationale parmi les plus agressives. Mais depuis que le Japon a décidé de rendre son système financier aussi transparent que celui de Wall Street, le doute ne sera plus permis.

Georges Baumgartner, Tokyo

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