Le ministre des Transports freiné dans son élan
La Suisse doit construire un 2e tunnel au Gothard et mettre sur pied un fonds pour financer l'achèvement du réseau routier.
Prise mercredi, cette décision du Conseil national reprend les demandes des auteurs de l’initiative Avanti, mais les complète.
Le Conseil national a accepté par 94 voix contre 83 le contre-projet à l’initiative Avanti. Cette décision concoctée par la commission des transports reprend les principales revendications des initiants, à savoir la construction d’un 2e tube au Gothard et l’extension à six pistes des tronçons d’autoroutes entre Genève et Lausanne et entre Berne et Zurich.
Mais la commission y ajoute aussi les mesures ciblées du Conseil fédéral sur le trafic d’agglomération. Le contre-projet comprend aussi la création d’un fonds autonome.
Il servirait à financer l’achèvement du réseau des routes nationales et l’extension de sa capacité ainsi que l’amélioration de l’écoulement du trafic dans les villes et les agglomérations.
Clivage droite-gauche
Au grand dam des socialistes, des écologistes, des évangéliques et d’une majorité des démocrates-chrétiens, l’Union démocratique du centre (droite dure), le Parti radical (droite) et les libéraux ont satisfait les revendications des milieux routiers. Le long débat d’entrée en matière débuté mardi a été marqué par un net clivage entre la droite et la gauche.
Deux visions fondamentalement opposées de la politique des transports se sont affrontées. Pour les bourgeois, il faut désengorger les routes surchargées, ne pas pénaliser le transport individuel ni la liberté de déplacement.
Pour le PS et les Verts, il faut au contraire soutenir le rail pour résoudre les problèmes de trafic et pour répondre aux exigences du développement durable.
Protection des Alpes
Le camp rose-vert s’est notamment insurgé en vain contre le fait que le contre-projet, en prévoyant un deuxième tube au Gothard, crée une exception à la protection des Alpes inscrite depuis 1994 dans la Constitution et qui interdit la construction d’un nouveau tunnel. Par 95 voix contre 85, cette exception a passé la rampe.
Le gouvernement, pour sa part, n’avait jamais inscrit le deuxième tube du Gothard dans son programme, précisément parce que la protection des Alpes l’interdit, a rappelé le conseiller fédéral Moritz Leuenberger. Le ministre des transports donne la préférence au transfert de la route au rail, plébiscité selon lui à plusieurs reprises par le peuple.
De plus, Moritz Leuenberger a relevé que dans les négociations avec l’Union européenne sur le trafic de transit, le deuxième tube du Gothard est un atout à garder dans sa manche, et non une carte à jouer à la légère. Dans cette optique, il a regretté que le peuple ne puisse pas se prononcer séparément sur ce point.
Compromis rejeté
La majorité a par ailleurs rejeté, par 87 voix contre 37 et 59 abstentions, un compromis du PDC qui visait à sauver le contre-projet du Conseil fédéral tout en laissant ouverte la réalisation ultérieure du deuxième tunnel à certaines conditions.
Le Conseil fédéral s’oppose aussi au fonds de financement, qui est contraire au frein à l’endettement et complique la politique financière de la Confédération. Andrea Hämmerle (PS/GR) a proposé de ne pas créer ce fonds, mais il n’a pas été suivi. Par 90 voix contre 86, la majorité a opté pour ce mode de financement.
Limité dans le temps et mentionné dans les dispositions transitoires, ce fonds serait alimenté notamment par une partie des droits d’entrée sur les carburants. Celle-ci devrait s’élever à quelque 3,7 milliards de francs cette année. La surtaxe sur les carburants a déjà permis d’accumuler quatre milliards qui sont disponibles, ont fait valoir les bourgeois.
Le Conseil des Etats doit encore se prononcer.
swissinfo avec les agences
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