Le patron des CFF tire sa révérence
Après avoir tenu les rênes pendant treize ans et restructuré totalement les Chemins de fer fédéraux (CFF), le directeur général Benedikt Weibel se retire.
En annonçant vendredi son départ pour la fin de cette année, Benedikt Weibel a indiqué qu’il était temps de décrocher après trente ans d’activités au sein des chemins de fer helvétiques.
Entré en fonction en janvier 1993, Benedikt Weibel a donc confirmé vendredi matin qu’il prendrait sa retraite anticipée à la fin de l’année.
Agé de 59 ans, il travaille pour les CFF depuis près de trois décennies et se trouve à la tête de l’entreprise depuis 1993.
M. Weibel a motivé sa décision par les 13 années passées dans sa fonction de responsable de l’entreprise et par la limite d’âge de 60 ans qu’il atteindra cet automne.
En tant que sportif (il est guide de montagne), il estime que l’on doit arrêter à un moment où l’on est encore en pleine possession de ses forces.
«Mieux vaut partir trop tôt que trop tard», a confié la patron des CFF, tout en précisant qu’il était en bonne santé.
L’éloge du ministre des Transports…
Le ministre des Transports ne tarit pas d’éloges sur Benedikt Weibel. Pour lui succéder, a plaisanté Moritz Leuenberger mercredi devant la presse, il faudrait un clone.
A en croire le ministre des Transports et président de la Confédération, Benedikt Weibel a fait des Chemin de fer fédéraux un exemple en Europe.
Et Moritz Leueneberger de préciser que ce dernier a réussi à faire des CFF une entreprise à la fois concurrentielle et sociale tout en communiquant aussi bien avec les syndicats qu’avec le monde politique.
…du conseil d’administration…
De son côté, le conseil d’administration des CFF regrette le départ de Benedikt Weibel, mais respecte sa décision basée sur des motifs personnels.
Son président, Thierry Lalive d’Epinay, a relevé ses prestations considérables et le remercie pour les services extraordinaires qu’il a rendus aux CFF et à l’ensemble de la branche ferroviaire.
«Emotionnellement, c’est un coup dur pour moi», a encore déclaré Thierry Lalive d’Epinay à swissinfo.
Et le président du conseil d’administration de rendre hommage à l’homme qui a mené à bien la semi-privatisation de l’ancienne régie fédérale et, surtout, qui a révolutionné les chemins de fer suisses.
Pour mémoire, lancée en 2004, la réforme Rail 2000 a permis de raccourcir les temps de trajet et d’augmenter les cadences sur le réseau helvétique des lignes ferroviaires.
…et des syndicats également
De son côté, Le syndicat des transports publics (SEV) a salué l’esprit large et l’énergie manifestés par M. Weibel lors de la restructuration du réseau ferroviaire helvétique.
Avec son intégrité et sa force de persuasion, souligne le communiqué du SEV, il a réussi à renforcer l’image de l’entreprise auprès du monde politique et du public.
De son côté, le syndicat transfair attend du prochain patron des capacités de management et des connaissance des transports comparables à celle de Benedikt Weibel.
Transfair espère que le successeur possédera, à l’instar de l’actuel patron des CFF, de bonnes compétences sociales et une forte sensibilité aux problèmes employés.
La journée noire du black-out
Cela dit, le point noir de la carrière de Benedikt Weibel restera la panne générale qui a paralysé l’entier du réseau ferroviaire des CFF le 22 juin dernier.
Le patron des Chemins de fer fédéraux avait alors été pris à partie, notamment par une partie des médias. Mais il avait été blanchi par un audit externe.
«Dès 2004 et chaque fois que les CFF ont rencontré un problème, dont la panne de l’an passé, les médias m’ont posé la question de mon départ», a rappelé Benedikt Weibel.
«Toute l’année écoulée m’a amené à réfléchir, a-t-il ajouté. La décision n’a pas été facile à prendre, mais elle n’est pas liée à des éléments extérieurs.»
Enfin, le patron démissionnaire des CFF a averti que les dix prochains mois seraient «intenses».
D’ici la fin de l’année, Benedikt Weibel compte bien atteindre encore quelques objectifs personnels. Il souhaiterait notamment pouvoir signer la nouvelle convention collective de travail (CCT) de l’ex-régie fédérale.
swissinfo et les agences
– Le 1er janvier 1999, les Chemins de fer fédéraux (CFF) ont passé du statut de régie fédérale à celui d’une société anonyme détenue à 100% par la Confédération.
– Ils transportent 253 millions de passagers par an et 58 millions de tonnes de marchandises.
– Ils assurent 87% de l’ensemble des voyageurs-km parcourus en Suisse et 90% des tonnes-km du trafic marchandises.
– Ils emploient 28’000 personnes mais s’apprêtent à biffer 600 postes.
– En 2005, plus de 95% des trains des CFF ont atteint leur destination avec moins de 5 minutes de retard.
Agé de 59 ans, socialiste, Benedikt Weibel a commencé sa carrière aux CFF en 1978 et les dirige depuis 1993.
Il a transformé l’ex-régie fédérale en entreprise de transports moderne.
Il a mené la réforme Rail 2000 et son nouvel horaire introduit en 2004.
Son point noir a été la panne générale de juin 2005.
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