Le vin blanc suisse trinque
La concurrence étrangère pénalise le vin suisse. Depuis une année, la consommation de vin blanc helvétique a diminué de 3 millions de litres. Pour l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG), ce recul est la conséquence des dernières mesures de libéralisation du marché.
Depuis le 1er janvier, les marchands de vin ne sont soumis qu’à un seul quota d’importation de vin étranger, qu’il soit blanc ou rouge. Il se monte à 170 millions de litres par année.
La réaction du marché ne s’est pas fait attendre: en 6 mois, les ventes de vin blanc helvétique ont baissé de 3,1 millions de litres, alors que la consommation de blanc étranger a augmenté de quelque 2 millions de litres. Les ventes de rouge suisse sont, elles, sont restées stables.
Des politiques agricoles attaquées
Entre juillet 2000 et juin 2001, les Suisses ont donc absorbé 62, 4 millions de litres de blanc indigène et 59,1 million de litres de rouge du pays. Dans le même temps, la production étrangère s’est écoulée à hauteur de 27 millions de litres pour le blanc et de 147 millions de litres pour le rouge.
La consommation globale de vin, elle, a légèrement baissé. Une tendance déjà ancienne et que l’on observe ailleurs en Europe, selon Frédéric Rothen, responsable de l’économie viticole à l’OFAG.
Frédéric Rothen assure que de nouvelles mesures de libéralisation du marché viticole ne sont pas à l’ordre du jour. Mais les discussions en cours à l’OMC montrent bien que les politiques agricoles défendues par la Suisse et l’Europe sont fortement attaquées.
Une libéralisation accrue de l’agriculture et de la viticulture suisses est donc une probabilité tout à fait sérieuse. De plus, les producteurs de vins d’Australie, de Californie, du Chili ou d’Afrique du Sud conquièrent déjà des parts de marché de plus en plus importantes, en Suisse comme dans le reste du monde.
Faiblesse du marketing des producteurs
Cette concurrence inquiète la France également. Un récent rapport remis au ministère français de l’agriculture s’alarme de la chute des exportations de vins français. Ce rapport pointe en particulier la faiblesse du marketing des producteurs français. Un constat également valable pour les vignerons suisses.
«Les deux centres de formation qui existent en Suisse ont un excellent niveau en matière de viticulture et d’œnologie. D’importants progrès restent à faire sur le plan de la formation commerciale», remarque ainsi Frédéric Rothen.
«Les deux centres de formation qui existent en Suisse ont un excellent niveau en matière de viticulture et d’œnologie. D’importants progrès restent à faire sur le plan de la formation commerciale», remarque ainsi Frédéric Rothen.
Reste que l’érosion du marché viticole helvétique n’est pas inexorable. «Depuis une dizaine d’année, les vignerons suisses ont commencé à réagir. La qualité des vins s’est considérablement améliorée», souligne Frédéric Rothen.
Selon lui, les producteurs ont su mettre «en valeur les cépages autochtones et développé des cépages nouveaux comme le sauvignon ou le chardonnay». La production suisse est donc en mesure de séduire les jeunes urbains attirés par les vins d’outre-mer.
Frédéric Rothen estime également que les exportations de vins suisses – actuellement moins d’un million de litres par année – pourrait être considérablement dynamisées: «Il ne faut pas simplement subir l’ouverture des frontières. Il faut aussi en profiter».
Frédéric Burnand
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