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Les économistes s’accordent sur la croissance zéro

La restauration est un des secteurs particulièrement touchés par la crise. Keystone Archive

L’industrie suisse est durement touchée par la crise. Ce qui pousse l’un des principaux instituts d’études conjoncturelles du pays à revoir ses prévisions de croissance à la baisse.

Mais les économistes envisagent toujours une reprise très prochainement.

Jusqu’ici, l’Institut bâlois de recherches conjoncturelles (BAK) envisageait une croissance annuelle du Produit intérieur brut (PIB) de 1%. Il vient d’abaisser son pronostic à 0,3%.

Et personne n’est surpris dans le landernau économique. L’institut ne fait qu’entériner le fait que la Suisse est entrée en récession ce printemps.

«Le BAK ramène ses prévisions vers les nôtres, constate par exemple Jean-Pierre Béguelin, chef économiste à la banque Pictet.

La banque privée genevoise se montre même plus pessimiste que le BAK puisqu’elle envisage un PIB en recul de 0,5% sur l’année. «Compte tenu du mauvais premier semestre, il faudrait une forte accélération pour compenser la baisse du revenu», note Jean-Pierre Béguelin.

Reste que les prévisions du BAK corroborent peu ou prou celles des autres spécialistes de la recherche conjoncturelle.

Le secteur manufacturier touché

Et si l’institut bâlois envisage une légère croissance pour la majeure partie des branches économiques l’an prochain, il réduit ses attentes pour 2003 dans tous les domaines.

Cette correction touche surtout les branches orientées vers l’exportation. La demande extérieure anémique reste le principal moteur de la crise actuelle.

Mais en Suisse aussi, la faiblesse de la consommation et des investissements affecte les attentes du BAK.

Selon l’institut, le secteur manufacturier est particulièrement sonné. La construction de machines et les produits métalliques surtout. Qui doivent s’attendre à un recul de chiffres d’affaires de 1,5% cette année.

Dans l’industrie des biens d’investissements, la régression attendue atteint 0,8%, en raison de la retenue des investisseurs nationaux et internationaux.

Deux secteurs sont encore plus durement touchés: la restauration (-1,1%) et l’agriculture (-2%). Et selon le BAK, la bout du tunnel n’est pas encore atteint dans la construction (-1,6%).

Cela étant, la branche des services devrait pour sa part enregistrer une croissance de 0,6%. Et l’industrie chimique pourrait faire encore mieux, avec une progression de 3,6% de son chiffre d’affaires.

La croissance en vue

Et comme le BAK, la majorité des économistes anticipent une reprise de faible ampleur cette fin d’année ou en début 2004.

La croissance du PIB helvétique pourrait atteindre 1,5% selon le BAK et 1% pour Pictet et Cie. Jean Pierre Béguelin voit plusieurs facteurs en faveur d’une reprise économique.

Du côté des exportations, il estime bienvenue la baisse relative du franc suisse face à l’euro et au dollar. Reste à voir si la zone euro – principal partenaire économique de la Suisse – parviendra à sortir de sa déprime.

La diminution des taux décidée au printemps par la Banque nationale devrait également porter ses fruits prochainement et stimuler l’investissement.

Avec la disparition des incertitudes internationales (guerre en Irak, SRAS), le monde paraît mûr pour la reprise, constate aussi l’économiste. Reste la question de la demande privée intérieure.

Déjà anémique cette année, la consommation ne sera certainement pas dopée par la hausse du chômage et la progression modeste des salaires. Or, avec les investissements, elle jouera un rôle central dans la reprise.

Chez Lombard Odier Darier Hentsch, un trader pour sa part rappelle le rôle incontournable de la confiance dans la mécanique économique.

Selon ce même trader, l’investissement et la consommation paraissent avoir atteint le creux de la vague en Suisse. Et comme il le dit si bien, «être un peu moins pessimiste, c’est déjà reprendre confiance».

swissinfo, Pierre-François Besson

Perspectives de croissance pour 2003 et 2004:

Seco: 0% et 1,6%
BAK: 0,3% et 1,5%
KOF: 0% et 0,8%
Lombard Odier Darier Hentsch: 0,3% et 0,9%
Pictet et Cie: -0,5% et 1%

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