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Les auberges de jeunesse s’en tirent bien

Les auberges de jeunesse ont amélioré leur image. Keystone Archive

Alors que l'hôtellerie suisse a souffert en 2002, les auberges de jeunesse n'ont pas désempli. Elles affichent même une progression de 0,8% de nuitées.

Le tourisme économique séduit de plus en plus de voyageurs, les familles en particulier.

Les 63 auberges de jeunesse suisses ont tiré leur épingle du jeu l’an dernier. Alors que l’hôtellerie prévoit entre 4 et 5 % de recul des nuitées, les auberges de jeunesse affichent une progression de 0,8%.

Elles ont enregistré 875 244 nuitées supplémentaires, des chiffres qualifiés de «très bons» par l’organisation.

En 2001, les auberges avaient fait encore beaucoup mieux: + 6,6% contre un recul de 0,9% pour l’hôtellerie suisse

Argument économique

Dans un climat touristique plus que morose, c’est un exploit. Thomas Allemann n’affiche pourtant aucune surprise.

Pour le responsable du secteur Economie de l’association faîtière hotelleriesuisse, les impératifs budgétaires que la crise impose à toute une catégorie de voyageurs explique ces bons résultats.

Cette progression correspond en outre aux chiffres enregistrés par hôtelleriesuisse dans la classe des hôtels bon marché, d’une ou deux étoiles.

«Ces établissements, comme les cinq étoiles, sont ceux qui ont le moins souffert de la basse conjoncture économique.» Les jeunes, habitués aux budgets restreints, ainsi que les gens aisés continuent donc à voyager, malgré la crise.

Par contre, les hôtels de trois ou quatre étoiles l’ont senti passer.

Ils accueillent des catégories de voyageurs différents, familles et retraités, qui voyagent souvent en groupe. Et ces touristes-là sont aussi plus sensibles aux peurs dues aux menaces terroristes, par exemple.

Restructurations fructueuses

Ce succès peut aussi clairement être attribué aux efforts de restructuration qu’ont accompli les auberges depuis les années 90. L’image du dortoir digne d’une colonie de vacance est révolue.

«Les auberges sont désormais ouvertes 24heures sur 24. Le matin, un buffet à discrétion fait office de petit déjeuner», constate Barbara Rutschi.

Et les améliorations ne s’arrêtent pas là. La responsable du marketing de l’organisation mentionne aussi l’apparition de chambres plus petites, de 2 à 6 lits.

Les auberges de jeunesse offrent un rapport qualité-prix à peu près imbattable ou «juste», selon Thomas Allemann. Surtout si on le compare à celui proposé par un hôtel 1 ou deux étoiles qui n’offrira guère plus de confort.

«C’est une alternative bon marché pour les voyageurs qui cherchent juste une chambre pour dormir. Et qui se soucient fort peu des services qu’un hôtel de standing peut offrir», constate-t-il encore.

Les auberges de jeunesse deviennent donc des concurrentes directes des hôtels bon marché qui peinent à renouveler des installations pour la plupart vieillottes.

De plus en plus de familles

L’époque où les auberges n’accueillaient que des célibataires de moins de 25 ans est également dépassée.

Les dernières années, le nombre de familles a nettement augmenté. Ils représentent 20% à 25%de la clientèle.

Cette nouvelle population a commencé à affluer quand les chambres de quelques lits ont été créées. «Contrairement à beaucoup d’hôtels, les enfants sont les bienvenus dans nos auberges», précise Barbara Rutschi.

Les autres voyageurs, plus ouverts et moins exigeants quant au calme, ne les ressentent pas comme une nuisance.

Réseau mondial

Les établissements suisses profitent de leur appartenance au réseau mondial des auberges de jeunesse. Elles accueillent une bonne moitié d’étrangers. Pour la plupart des Allemands, Américains, Français, Espagnols ou Japonais.

Comme la carte de membre est obligatoire, les voyageurs ont tout intérêt à rentabiliser leur carte en faisant appel au réseau de la Fédération internationale des Auberges de jeunesse.

Barbara Rutschi rappelle d’ailleurs qu’il est possible de visiter l’Europe en ne logeant que dans des auberges de la Fédération.

La réservation en ligne, qui a clairement augmenté l’an dernier, a aussi contribué à ce succès. On peut procéder de la sorte dans les deux tiers des 63 auberges. Un argument qui est devenu essentiel dans le tourisme.

L’effet Expo

Le bon résultat 2002 tient aussi à l’excellente fréquentation de l’«expo.sleeper», installée à Neuchâtel pendant six semaines lors d’Expo.02.

Mais la fin de l’année, le mois de décembre en particulier, a aussi été très favorable. 15% de nuitées en plus ont été enregistrés par rapport aux prévisions

Le résultat d’exploitation des 46 établissements autonomes a lui progressé de 2,6% à 23,6 millions de francs.

L’organisation ne prévoit pas d’augmenter le nombre de lits en Suisse. Elle continue par contre d’investir dans l’amélioration du confort des chambres. 32 millions sont budgétés à cet effet.

swissinfo, Anne Rubin

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