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Les partenaires sociaux durcissent le ton

Grève chez Zyliss, à Lyss (BE), en novembre 2003. Keystone

La persistance de la morosité économique en Suisse a durci le ton entre partenaires sociaux en 2003.

Malgré l’érosion des effectifs enregistrée ces dernières années, les syndicats sont parvenus à attirer l’attention sur des certains conflits ciblés.

Plusieurs épisodes sont venus confirmer la tendance. Ainsi, lors du conflit chez Zyliss, à Lyss (BE), en novembre, le vice-président du Syndicat de l’industrie, de la construction et des services (FTMH) André Daguet a lâché: «Nos caisses sont assez bien garnies pour pouvoir tenir une grève de longue durée».

Une belle détermination qui a trouvé une réponse dans le camp patronal.

Paix du travail

«Les syndicats voient à nouveau leur rôle dans le retour à la lutte des classes et à la descente dans la rue», a critiqué Peter Edelmann, président de Viscom, l’association faîtière des patrons de la branche de la communication visuelle (arts graphiques).

Dans ce secteur, les négociations pour le renouvellement de la CCT s’ouvrent du reste ce jeudi. Mais ce durcissement ne signifie pas la fin de la sacro-sainte paix du travail, estiment les partenaires sociaux.

«Non, la paix du travail n’est pas en danger», relève Peter Hasler, directeur de l’Union patronale suisse. Les grèves demeurent rares et plus de 1000 conventions collectives de travail (CCT) sont régulièrement renouvelées.

«Reste que le ton a généralement grimpé d’un cran ces derniers mois», reconnaît Peter Hasler. «La partie devient plus ardue lorsqu’il y a moins à partager».

Pour preuve, à l’instar de Viscom, les patrons sont également montés au créneau pour présenter des revendications qui émanaient plutôt jusqu’ici des seuls syndicats.

Conserver les acquis

Pour leur part, les syndicats se disent davantage conscients de leur poids. «Le ton s’est durci là où les accords n’ont pas été respectés par les employeurs et là où les conditions de travail se détériorent», constate Serge Gaillard, dirigeant de l’Union syndicale suisse (USS).

Le phénomène a permis de stabiliser les effectifs syndicaux et même débouché l’an passé sur une progression pour une majorité des organisations. Cette évolution ne résulte toutefois pas tant des quelques grèves répertoriées en 2003, mais plutôt de la volonté de défendre les acquis.

«C’est pourquoi il serait faux de croire que les syndicats profitent de la morosité conjoncturelle», note Max Haas, président de Syna. Les effectifs ont notamment progressé dans les secteurs particulièrement touchés par les suppressions d’emplois, comme les services financiers.

Une rotation notable

Le mouvement va toutefois dans les deux sens. Ainsi, la Société suisse des employés de commerce (SEC Suisse) a-t-elle dénombré l’an dernier une perte de 6000 adhérents, compensée par l’arrivée de 7000 nouveaux membres.

SEC Suisse a gagné principalement gagné la sympathie des femmes et des jeunes.

De même, le taux de rotation des membres est élevé au Syndicat de la communication. Celui-ci enregistre par exemple une baisse des adhérents chez Swisscom et à La Poste, parallèlement aux tailles lentes mais inexorables opérées dans les effectifs.

Bien que critique à l’égard des répercussions de la libéralisation du secteur des télécommunications, le Syndicat de la communication a glâné des membres parmi les employés des opérateurs nés après 1998 (250 chez Orange et Tele2).

Même constat chez les concurrents de La Poste où l’on dénombre 50 adhésions.

«Le phénomène constitue une première étape sur le chemin d’un syndicat de branche», relève Giorgio Pardini, vice-président du Syndicat de la communication.

Et le degré d’organisation des acteurs privés devrait encore s’affiner cette année.

swissinfo et les agences

Avec un taux de syndiqués de 25 à 30 %, la Suisse se situe dans la moyenne européenne.
Le Syndicat du personnel des transports (SEV) rassemble 51 000 personnes.
Le Syndicat de l’industrie, de la construction et des services (FTMH) compte 87 348 membres.
Le Syndicat industrie et bâtiment (SIB) compte 91 800 membres.
Avec 37 500 membres, le Syndicat de la communication a enregistré une augmentation de 20 % en 2003.
La Société suisse des employés de commerce (SEC Suisse) compte une hausse de 1,4 % des adhérents avec 59 000 membres, dont 30% dans la banque et l’assurance.

– En raison du principe de la paix du travail, seules 4 grèves ont été organisées en 2002, selon les dernières statistiques disponibles.

– Trois grèves ont été recensées en 2001, 8 en 2000 et 6 en 1999.

– Depuis 1988, il n’y a jamais eu plus de 8 conflits sérieux, selon le Secrétariat d’Etat à l’économie.

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