Les pauvres plus pénalisés dans certains cantons
Une étude démontre que les ménages à bas salaires disposent d'un revenu net très inégal en Suisse.
Ce revenu peut passer du simple au double en fonction du canton.
Le choix du domicile a des effets immédiats sur le revenu disponible d’un ménage, selon l’étude présentée jeudi à Berne par la Conférence suisse des institutions d’action sociale (CSIAS).
Les chercheurs ont calculé la couverture concrète du minimum vital dans les 26 chefs-lieux cantonaux, en simulant trois cas types de ménage à bas revenus.
Cas concrets
Le premier ménage type est celui d’une femme divorcée élevant seule son enfant. Le deuxième, une famille avec deux enfants. Et le troisième un homme divorcé, ayant une obligation d’entretien.
Dans les trois cas, les ménages disposent de revenus correspondant au bas de l’échelle salariale de leur branche.
Pour une femme élevant seule son enfant, le domicile le plus favorable est Sion (VS). Sur un salaire net annuel de 43 000 francs, elle peut conserver le 90%, après déductions des dépenses courantes. A Stans (NW), elle n’aurait plus que 36%.
Pour sa part, une famille avec deux enfants vivra mieux à Bellinzone (TI). Elle gardera 82% de son revenu annuel de 46 700 francs. A l’autre extrême, elle n’aura plus que le 50% à Zurich.
Quant à l’homme qui doit payer des pensions alimentaires, il trouvera à Appenzell la situation la plus favorable. Il lui restera 40% sur son salaire de 45 000 francs. Alors qu’en ville de Zurich, il ne gardera que 27% de son revenu annuel.
Disparités confirmées
Les différences entre les cantons, déjà connues pour les prestations sociales, les charges fiscales et locatives, sont aujourd’hui clairement confirmées par cette étude, estiment ses auteurs.
Ainsi, la charge fiscale de la femme divorcée avec enfant peut se multiplier par 10 d’une ville à l’autre. Elle varie de 395 francs à un peu plus de 3000 francs par année selon le chef-lieu du canton considéré.
Pour la famille avec deux enfants, la prime d’assurance maladie se monte à zéro franc dans le meilleur des cas et à près de 6700 francs dans le pire scénario.
Le loyer de l’homme divorcé se situe dans une fourchette allant de 7800 francs annuels à un peu plus de 15 000 francs.
Pas de Top 50
L’étude constate cependant que ce ne sont pas toujours les mêmes cantons qui allouent les subventions sociales les plus élevées ou qui se caractérisent par des charges fiscales et locatives les plus importantes.
Le classement des capitales des cantons varie d’un poste du budget à l’autre, d’une variante de revenu à l’autre, d’un cas type à l’autre.
Ainsi les cantons et les communes poursuivent des stratégies extrêmement divergentes en matière de politique sociale, du logement et fiscale.
Les chercheurs ont aussi déterminé dans quels cantons il vaut la peine d’avoir un revenu supplémentaire. Conclusion: les villes où une politique d’incitation au travail a été mise en place sont très rares.
Cantons appelés à réagir
Une situation que déplore Ruth Lüthi, présidente de la Conférence des directeurs cantonaux des affaires sociales. Elle trouve incohérent de pénaliser quelqu’un qui veut augmenter ses ressources par son propre travail.
Selon elle, l’étude a mis le doigt sur les désavantages du fédéralisme et constitue une base de travail précieuse.
Pour la CSIAS, les inégalités et les dysfonctionnements constatés exigent la mise en place d’une loi fédérale sur la couverture du minimum vital.
La Conférence des institutions d’action sociale conclut que les cantons doivent réexaminer l’évolution de leurs instruments de politique fiscale et sociale. Cela permettra de mieux protéger les individus et les familles et de leur éviter le piège de la pauvreté.
swissinfo et les agences
– Etude réalisée dans 26 chefs-lieux cantonaux en simulant trois cas types de ménage à bas revenus.
– Pour une femme élevant seule son enfant, le domicile le plus favorable est Sion (VS).
– Pour une famille avec deux enfants, c’est Bellinzone (TI).
– Pour un homme seul qui doit payer des pensions alimentaires, c’est Appenzell.
– Impossible d’établir un classement, parce que ces disparités ne sont pas toujours constatées dans le même canton. Elles peuvent varier en fonction du domaine (assurances sociales, loyers, etc.) et en fonction de la situation (femme divorcée, famille, etc.)
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.