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Les paysans prêts à se battre, mais pas seuls

Sans protection, les paysans suisses ne régateront jamais avec les américains ou les brésiliens. Keystone

L'agriculture suisse est sous pression: coûts de production élevés, chute des prix et ouverture des marchés menacent la survie des exploitations.

Jeudi, l’Union suisse des paysans se dit prête à faire les efforts d’adapatation nécessaires, mais avertit qu’elle n’y parviendra pas sans le soutien du monde politique et le maintien de droits de douane efficaces.

C’est dans une ferme de Barberêche (canton de Fribourg), commune d’origine du ministre de l’agriculture Joseph Deiss, que s’est rassemblée jeudi l’Union suisse des paysans (USP) pour présenter le bilan annuel et les perspectives la branche.

«On ne cesse d’entendre que les paysans seraient d’éternels saules pleureurs. C’est oublier l’énorme travail qu’ont fourni les familles paysannes ces 15 dernières années. Aucun autre secteur n’a connu une restructuration aussi forte», rappelle Hansjörg Walter, président de l’USP.

Et de souligner leurs efforts consentis pour se professionnaliser, pour se spécialiser, trouver des niches de marché et des revenus accessoires. Sans oublier qu’un tiers des exploitations n’ont pas survécu aux bouleversements liés à la réforme de la politique agricole.

«Aldisation» et droits de douane


Les paysans sont prêts à poursuivre leurs efforts, mais veulent des conditions-cadre favorables pour garantir les prix. Il s’agit notamment de veiller à une répartition équitable de la valeur ajoutée au sein de la filière agroalimentaire.

«L’aldisation (terme qui fait référence à l’arrivé en Suisse des magasins hard discount de la chaîne allemande Aldi) galopante a pour conséquence que chaque échelon répercute la pression sur ses fournisseurs, jusqu’au paysan. Or le paysan ne peut, lui, répercuter la baisse des prix sur personne», explique le président de l’USP.

La libéralisation des marchés dans le cadre de l’OMC est aussi un motif de préoccupation. L’USP n’a rien contre le démantèlement des subventions à l’exportation, mais exige une protection convenable à la frontière.

Le maintien de droits de douanes «efficaces» doit être «la première priorité tant dans les négociations à l’OMC (Organisation mondiale du commerce) que lors de conclusions d’accords bilatéraux», estime l’USP.

Et cela est nécessaire pour maintenir un certain degré d’auto-approvisionnement, car la paysannerie suisse ne pourra jamais régater avec les exploitations des Etats-Unis ou du Brésil.

L’USP réclame aussi des mesures pour réduire les coûts de production dans le cadre du programme agricole 2011. Il faudrait par exemple autoriser les importations parallèles de moyens de production agricole.

Situation critique


Les paysans demandent aussi que les prestations d’intérêt général soient rémunérées au prix coûtant. La contribution à l’entretien du paysage ou à la lutte contre l’exode rural mérite d’être indemnisée.

C’est notamment pour cela que les paysans reçoivent des paiements directs. Selon eux, il faudra y consacrer une enveloppe financière de 14,09 milliards de francs, augmentée du renchérissement, pour la période 2008-2011

Il convient enfin que la loi laisse aux paysans une marge de manoeuvre suffisante en matière de gestion d’entreprise. Ils attendent notamment des facilités dans le domaine de l’aménagement du territoire.

Jacques Bourgeois, directeur de l’USP, a relevé que la majorité des exploitations sont toujours dans une situation économique critique. Dans 80% des cas, les paysans gagneraient sensiblement plus s’ils cherchaient un travail en-dehors de l’agriculture.

Avec un revenu annuel de 36’700 francs en moyenne, il n’est d’ailleurs pas rare que le paysan doive financer son exploitation par une activité annexe.

Non aux coups de ciseau


Toutes ces considérations incitent l’USP a exiger des corrections au projet de Politque Agricole 2011 du gouvernement.

Les paysans s’opposent à la réduction de l’enveloppe financière de 600 millions pour la période 2008-2011 par rapport à celle octroyée pour 2004-2008. Ils refusent aussi l’abandon du soutien du marché au profit de paiements directs.

L’USP propose par contre la revalorisation d’activités para-agricoles comme le tourisme rural.

swissinfo et les agences

– En 1990, il y avait 80’000 exploitations agricoles en Suisse.

– En 2003, le chiffre est tombé à 65’866.

– Depuis, cinq exploitations disparaissent en moyenne chaque jour.

– En 2002, les agriculteurs ne représentaient plus que 4,1% de la population suisse.

– Entre 2003 et 2007, la Confédération aura dépensé 14’092 milliards de francs pour l’agriculture.

– Pour 2008 à 2011, le gouvernement souhaite réduire ce montant à 13,4 milliards.

– En 2003, l’agriculture contribuait à 1,4% du Produit intérieur brut de la Suisse.

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