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Les pensions sous haute pression

Le ministre de l'Intérieur Pascal Couchepin a accepté de ne pas descendre à 2%. Keystone

Le gouvernement a baissé d’un point le taux d'intérêt minimal servi sur les avoirs du 2e pilier. Il passera, dès janvier 2004, de 3,25 à 2,25%.

Dans le même temps, les syndicats ont manifesté, mercredi partout en Suisse, contre «les projets de démantèlement de l’AVS».

Le gouvernement a renoncé mercredi à imposer une baisse plus importante du taux minimal, en raison de la détente des marchés financiers observée durant le 2e trimestre.

La Commission fédérale de la LPP préconisait pour sa part de le fixer à 2%.

En raison des fortes fluctuations, un réexamen annuel de ce niveau sera effectué ces prochaines années, a promis le Conseil fédéral (gouvernement). Le taux minimal était encore de 4% jusqu’à fin 2002, avant d’être abaissé une première fois à 3,25%.

Le développement des marchés des capitaux ne doit toutefois pas faire oublier les problèmes des institutions de prévoyance. «Un taux d’intérêt minimal prudent doit contribuer à détendre leur situation et à stabiliser le système», selon le gouvernement.

Si l’évolution des placements se révèle en 2004 supérieure au taux d’intérêt minimal fixé, les caisses de prévoyance auront alors la possibilité de reconstituer des réserves et de distribuer les excédents aux destinataires.

Réserves à reconstituer

En fixant le taux d’intérêt minimal à 2,25 %, le gouvernement espère que le rendement réel des placements sera supérieur.

Les caisses pourraient ainsi utiliser la différence pour reconstituer des réserves, mises à mal après l’explosion de la bulle boursière. Les assurés pourraient aussi le cas échéant profiter de ces excédents.

Près de 80 % des caisses sont en mauvaise posture. Une moitié sont en sous-couverture et ne peuvent pas garantir en tout temps qu’elles peuvent remplir leurs engagements.

L’autre moitié présente un taux de couverture de 100 % au moins mais ne sont pas en mesure de prendre des risques.

Or si les caisses ne prennent pas de risque en matière de placements financiers, elles n’ont aucune chance de réaliser des gains supplémentaires, a souligné Pascal Couchepin, chef du Département fédéral de l’intérieur (DFI).

Les premières réactions

L’Union patronale suisse (UPS) salue la décision gouvernementale comme «un pas dans la bonne direction.» Tout comme l’Association Suisse d’Assurances (ASA).

Les deux organisations auraient toutefois préféré un taux de 2% qui tiendrait mieux compte de la situation difficile de certaines institutions de prévoyance, ainsi que de la volatilité des marchés financiers.

Quant à la bourse, elle a réagi positivement à cette annonce. Les titres des sociétés les plus engagées dans les affaires de prévoyance professionnelle se sont appréciés mercredi.

L’Union syndicale suisse (USS) et Travail.Suisse dénoncent pour leur part un taux «trop bas». Ils estiment que le gouvernement a cédé à la pression des assureurs-vie au détriment des assurés.

En refusant de fixer la rétribution du 2e pilier selon des critères clairs, le gouvernement porte préjudice à la prévoyance professionnelle, a déclaré l’USS dans un communiqué.

Le système de pensions a besoin de transparence, de crédibilité et de stabilité et non de décisions prises à la va-vite.

La rue se mobilise

En attendant, c’est l’avenir du premier pilier, le système de l’Assurance vieillesse (AVS), qui a mobilisé les syndicats mercredi, sous le slogan «Alerte aux rentes».

Craignant son démantèlement, ils sont descendus dans la rue dans une quarantaine de localités. Cette journée d’action précède la grande manifestation nationale prévue le 20 septembre prochain.

L’USS s’élève notamment contre la suppression envisagée de l’indice mixte dans l’AVS. Ils s’opposent aussi à tout nouveau relèvement de l’âge de la retraite.

«Une retraite anticipée socialement acceptable» et l’introduction d’une treizième rente AVS font aussi partie intégrante de leurs revendications.

swissinfo et les agences

– Le taux minimal était encore de 4% jusqu’à fin 2002, avant d’être abaissé une première fois à 3,25%.

– Il sera abaissé une nouvelle fois à 2,25% dès janvier 2004.

– La proportion des caisses de pension en découvert s’élevait à 60% à la fin mars 2003 (45% à la fin 2002), d’après l’étude «Risk Check-up».

– Grâce au sensible redressement de la Bourse, ce pourcentage se situe aujourd’hui autour des 40%.

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