Les petits cépages romands ont la cote
Les spécialités de vins romands ont beaucoup de succès. Le public les apprécie dans les salons parisiens. Mais aussi...à Arvinis à Morges.
«Les petits cépages et autres spécialités se taillent un franc succès lors de ce salon Arvinis», affirme Nadège Fehlman, directrice du salon des vins et des arts du vin de Morges.
Pour preuve, le salon offre chaque jour aux visiteurs, et jusqu’à lundi, la possibilité de découvrir et déguster ces spécialités. Et, ils sont nombreux à avoir fait le déplacement.
Intérêt du public et des professionnels
«Le public est particulièrement intéressé», confirme la directrice du salon. «Depuis mercredi, les amateurs ont pu découvrir des spécialités comme l’Arvine, le Gamaret, le Chardonnay et le Viognère».
Mieux encore, ces vins commencent à être reconnus des professionnels suisses et étrangers. Notamment dans la capitale française.
En effet, le Valais a décroché, il y a deux mois aux Vinalies de Paris, trois médailles d’or et quatorze d’argent. Quant aux cantons de Vaud et de Genève, ils ont obtenu deux médailles d’or et d’argent chacun.
Il se trouve que ce sont effectivement des cépages moins connus qui ont la cote. Les vins primés lors de la dernière «Vinalies international de Paris» sont essentiellement des spécialités régionales.
Entendez par-là les noms des spécialités présentées à Morges. Mais bien d’autres encore, comme le Tourmentin, Cornalin, Syrha pour les rouges. Et Arvine, Johannisberg ou Ermitage pour les blancs.
Une mini-révolution
Ces bons résultats dans les concours et l’attrait croissant du public dans les salons provoquent une mini-révolution dans les vignobles romands.
Et notamment dans le canton du Valais. Selon Jean-Bernard Rouvinez, Directeur des Caves Orsat, le mot mini révolution n’est pas galvaudé.
Les vignobles sont-ils en train de muer au profit des cépages de spécialités, et au détriment du Chasselas? «Très lentement, répond le directeur. Certes, dit-il, la Suisse romande et le Valais plus particulièrement ont quelques bons petits vins appréciés du public et des professionnels. Mais il est difficile de les faire vieillir et leurs prix sont trop élevés.»
Lente mutation
Il faut rappeler que le vignoble valaisan, comme le vaudois, demeure essentiellement composé de Chasselas (le cépage dont on tire le Fendant). Et les vins produits sont surtout destinés à l’exportation de masse.
Et pour expliquer cela, le directeur des Caves Orsat met en cause la promotion. Et par ailleurs, il souligne l’absence de synergie entre les producteurs.
Autant de problèmes qui entraînent une surproduction de masse et une qualité de vins trop souvent insuffisante. Les spécialistes en sont conscients.
Pour y remédier, les encaveurs valaisans ont d’ailleurs décidé d’encourager financièrement la production de spécialités. Et par conséquent, de diminuer le nombre d’hectares consacrés au Chasselas.
Et cela fonctionne. Plus de 500 hectares de ce cépage ont déjà disparu dans le vignoble contrôlé par la maison Orsat. «Mais, dit Jean-Bernard Rouvinez, rien que dans nos vignobles Orsat, quelque 1600 hectares sont toujours consacrés au Chasselas.»
«Nous pensons que dans tout le canton, 600 hectares vont encore disparaître au profit de petits cépages», poursuit-il. Ce qui devrait augmenter le volume des spécialités qui reste, malgré tout confidentiel (environ 1% de la production totale de l’entreprise, et à peine plus sur le plan cantonal).
Changement de mentalité
«Cela dit, confirme le directeur de chez Orsat, les goûts des clients évoluent. Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux à vouloir de très bons vins. Quitte à consommer moins».
Et les viticulteurs peuvent y trouver leur compte. Selon Jean-Bernard Rouvinez, la valeur ajoutée de ces produits est financièrement très intéressante. Mieux, ils trouvent beaucoup de plaisir à travailler dans ce secteur.
C’est pour ces raisons que des producteurs élaborent leurs vins selon des assemblages sophistiqués, et mettent sur le marché des spécialités de blanc et de rouge. Une méthode qui permet de fabriquer d’excellent vins de garde, qui n’ont rien à envier aux grands frères européens.
Au final, l’intérêt des producteurs à proposer de très bons vins existe bel et bien. Le succès des spécialités au salon Arvinis de Morges et les médailles décrochées dans des concours de prestige ne peuvent que les encourager à continuer.
swissinfo/Jean-Louis Thomas
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