Les transports rapportent davantage qu’ils ne coûtent
Les avantages que génèrent les transports routiers et ferroviaires dépassent leurs coûts. Pour la première fois, une étude présente une vue d'ensemble de la question.
Réalisée par deux Offices fédéraux, cette analyse confirme, selon ses auteurs, le bien-fondé de l’actuelle politique suisse des transports.
Publiée vendredi, par les Offices fédéraux du développement territorial (ARE) et de la statistique (OFS), cette analyse offre pour la première fois une vue d’ensemble des avantages, des coûts et du financement des transports terrestres (le trafic aérien n’a pas été inclus).
Il en ressort que la route et le rail génèrent chaque année une valeur ajoutée de quelque 52 milliards de francs suisses, soit 12% du produit intérieur brut (PIB).
Ensemble, ces secteurs emploient 263’000 personnes, ce qui représente 7,8% des emplois offerts dans le pays. La contribution des infrastructures de transport à la croissance économique est estimée à 2,6 milliards de francs.
Une facture de 75 milliards
Au chapitre des coûts, la facture totale s’est élevée à 65 milliards de francs pour la route et à 10 milliards pour le rail en 2003, prise comme année de référence pour cette étude.
L’achat et l’exploitation des véhicules représentent le poste de dépenses le plus important pour les deux modes de transport (66% des coûts totaux pour la route, 53% pour le rail).
Les frais liés à la sécurité viennent en deuxième position pour la route (16% contre 1% pour le rail). Pour le rail, le second poste est celui des frais d’infrastructure (42% contre 11% pour la route).
Auto-financement à plus de 90%
Ni la route, ni le rail ne couvrent entièrement leurs coûts. Le taux de couverture dépasse néanmoins les 90% dans les deux cas: 93% pour le rail, et 92% pour la route.
Le rail atteint ce taux grâce aux subsides étatiques, qui représentent près de 30%. La route, dans l’ensemble, n’en bénéficie qu’à hauteur de 2%. Depuis l’augmentation de la redevance poids lourds liée aux prestations en 2005, le trafic des camions couvre pratiquement la totalité de ses coûts.
Les auteurs de l’étude en concluent que celle-ci confirme pour l’essentiel le bien-fondé de la politique suisse des transports et que les avantages des transports sont supérieurs à leurs coûts, «ce qui n’est pas surprenant dans une société axée sur l’économie de marché».
Les milieux routiers réagissent…
Bien que cette étude, selon ses auteurs, ne constituera «pas un élément déterminant pour les futures décisions d’investissement dans les transports», elle suscite néanmoins déjà la réaction des milieux des camionneurs et des automobilistes.
Tant l’Association suisse des transports routiers (ASTAG) que le Touring club suisse (TCS) saluent le fait que la Confédération reconnaisse «enfin» les avantages des transports et en profitent pour rappeler leur opposition à toute nouvelle hausse d’impôts ou de taxes.
Pour l’ASTAG, il est urgent d’opérer un «renversement de tendance» dans la politique des transports. Il s’agirait de limiter rigoureusement les efforts de transfert (de la route au rail) aux secteurs où cela est judicieux, soit «dans le trafic de transit par la Suisse d’une frontière à l’autre».
Les camionneurs s’opposent également à toute nouvelle hausse de la redevance qui frappe les poids lourds.
Du côté du TCS, on rappelle que les usagers du rail «n’assument que les deux tiers de leurs coûts, le dernier tiers étant à charge de la collectivité», par le biais des subventions. Le club automobile appelle donc à un «développement de l’offre des transports» (privés), «sans nouvel impôt».
… les écologistes aussi
Dans l’autre camp, l’Initiative des Alpes critique le fait que cette étude sous-estime, selon elle, les coûts environnementaux des transports et rappelle que le transfert des marchandises de la route au rail peut les faire baisser.
Pour l’Initiative des Alpes, c’est donc bien une hausse de la taxe poids lourds qui s’impose. Celle-ci devrait passer selon les défenseurs de l’air pur dans les vallées alpines, «au minimum» de 325 francs actuellement pour un 40 tonnes à 360 francs.
Greenpeace estime également que les deux Offices fédéraux ont sous-estimé le prix des dégâts à l’environnement. Pour l’association écologiste, il ne sert à rien de multiplier les études, il faut des actions politiques. Dont une des premières serait l’introduction de la taxe CO2, afin de réduire les émissions polluantes.
swissinfo et les agences
La politique suisse des transports a pour but de transférer la plus grande partie du trafic marchandises de la route au rail.
Le nombre de camions en transit par la Suisse devrait être ramené à 650’000 d’ici 2009 (1,2 million en 2005). Il est d’ores et déjà évident qu’un tel objectif ne pourra pas être atteint.
Le transport combiné allie deux ou plusieurs modalités de transport: route, rail, air et mer. La route n’est utilisée que pour le trafic local.
Durant ces 20 dernières années, le trafic marchandises à travers la Suisse a doublé.
En 1981, 90% des marchandises voyageait par le train. Malgré les efforts de promotion du rail, ce pourcentage a chuté à 65%.
Ce taux reste toutefois de loin le plus élevé d’Europe.
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