Les télécommunications suisses limitent la casse

La téléphonie mobile a continué de progresser. Keystone Archive

Le marché des télécommunications a moins souffert de la crise économique que d'autres secteurs. Et même en comparaison à d'autres pays.

S’il a tout de même perdu 900 emplois, il compte davantage de fournisseurs et les prix sont restés stables.

Le nombre de fournisseurs de service de télécommunication poursuit la progression entamée en 1998 avec la libéralisation du marché. Mais cette progression est toujours plus ralentie.

C’est ce que constate la Commission fédérale de la communication (Comcom) dans son rapport annuel publié jeudi.

A fin 2002, 359 sociétés étaient actives en Suisse, soit onze de plus que l’année précédente (+ 3%).

Ce chiffre se décompose en 161 fournisseurs soumis à l’obligation de s’annoncer (+ 5), 128 sociétés (- 3) au bénéfice d’une concession et trois titulaires d’une concession pour la téléphonie mobile (Swisscom, Sunrise, Orange).

Recul des emplois, mais prix stables

Pour la première fois depuis la libéralisation, l’année 2002 a été marquée par un repli dans le domaine de l’emploi.

Les principaux fournisseurs ont enregistré un recul de 3,6% du nombre de leurs collaborateurs, qui est passé de 24 400 en 2001 à 23 500 l’an passé, soit une perte de 900 postes.

Le nombre d’équivalent plein temps est resté relativement stable chez Sunrise et Orange, la réduction d’effectif s’est poursuivie chez Swisscom (- 3,4%).

Mais le nombre d’emplois total demeure «largement supérieur» à ce qu’il était avant l’ouverture du marché, selon la Comcom.

Qu’il s’agisse du réseau fixe ou mobile, les prix pratiqués par les fournisseurs n’ont pratiquement pas changé entre 2001 et 2002.

Les tarifs du réseau fixe ont légèrement reflué mais les appels internationaux et ceux sur le réseau mobile n’ont pas évolué.

La domination de Swisscom

Pour la téléphonie fixe, et dans le détail, la réduction continue du nombre de raccordement analogique se poursuit (- 1,9%) au profit du numérique (ISDN), qui a augmenté de 10%.

Le nombre total de lignes d’accès (nombre de canaux disponibles) enregistre ainsi un taux de croissance de 2,6%. La Comcom évoque aussi un attrait toujours plus important pour les raccordements à large bande.

De son côté, la téléphonie mobile a continué de progresser l’an passé malgré un taux de pénétration approchant déjà 73% en 2001. A la fin de l’an dernier, il a atteint un taux de 79%, soit une valeur comparable à celle de l’Union européenne (UE).

Fin juin 2002, Swisscom occupait toujours une position prépondérante sur ce marché avec 63% des parts.

Malgré une perte de l’ordre de 1,1%, le poids du géant bleu reste important surtout en comparaison de la répartition des parts dans les pays de l’UE, où les valeurs du principal acteur sont inférieures à 50%.

Sunrise a conservé sa deuxième place avec 19% de l’ensemble du marché et Orange progresse aussi avec 18% des parts.

Il est à noter que les trois opérateurs ont enregistré une hausse du nombre de leurs abonnés au cours de l’année écoulée.

Les Suisses paient cher

Les Suisses ne lésinent pas sur les dépenses en ce qui concerne les télécommunications. En 2002, chaque usager a payé en moyenne 2244 francs. Un montant nettement supérieur à la moyenne européenne qui s’élève à 1239 francs. Et le niveau des prix stagne.

Exception faite des tarifs encore élevés notamment dans la téléphonie mobile, la Commission fédérale de la communication explique cette différence «par le niveau de vie général aisé des citoyens suisses», selon son rapport annuel.

D’après la Comcom, cet écart provient aussi de la «propension de l’usager suisse à payer plus pour des offres de qualité supérieure». Il faut de surcroît inclure des facteurs tels que l’utilisation répandue d’Internet dans les ménages privés comme dans les milieux économiques.

Et cette situation ne devrait pas changer de sitôt: la Comcom n’entrevoit en effet pas de diminution des prix.

Internet en progression

Enfin en ce qui concerne l’évolution d’Internet, le nombre d’ordinateurs personnels a encore progressé. Une condition nécessaire au développement de la société de l’information, relève la Comcom.

Il est passé de 4,9 millions en 2001 à 5,1 millions à fin 2002 (+ 4,4%), soit un taux de 71,1% de la population.

L’élément marquant de 2002 aura été l’intérêt pour les offres d’accès à Internet à large bande. Lancé en 2000, ce système comptabilisait 460 000 raccordements à fin décembre 2002. 43,5% émanaient des connexions ADSL et 54,6% provenaient des modems câble.

En guise de conclusion, la Comcom se veut optimiste. Malgré l’évolution défavorable de la conjoncture, l’endettement excessif de certains opérateurs européens et la méfiance du marché des capitaux, les télécommunications demeurent un secteur de croissance dynamique.

swissinfo et les agences