Nestlé offre une double casquette à son patron

Peter Brabeck (à g.) remplacera Rainer Gut, figure emblématique de la Suisse économique. Keystone

Déjà en charge de la marche opérationnelle du groupe alimentaire helvétique, Peter Brabeck-Letmathe prend en mains sa direction stratégique.

Suite au départ de Rainer E. Gut, l’assemblée générale le nommera à la présidence du conseil d’administration en avril.

A partir d’avril, Peter Brabeck-Letmathe coiffera la double casquette de présidents du conseil d’administration et de la direction. Il succédera alors à Rainer Gut, qui quitte la présidence du groupe alimentaire veveysan pour partir en retraite.

Le nom de Peter Brabeck (60 ans) circulait depuis un certain temps déjà. Cette fois, la messe est dite. Lors de sa séance de lundi, le conseil d’administration a réglé la succession de Rainer Gut (73 ans), figure marquante de la Suisse économique de ces vingt-cinq dernières années.

Rien de surprenant

Président de la direction depuis juin 1997, Peter Brabeck officiait déjà en tant que vice-président du groupe. «Rien de surprenant dans cette décision. Il s’agit d’une étape logique, estime James Amoroso, de la banque Pictet et Cie SA.»

«A mes yeux, poursuit l’analyste, la présidence est un titre. Mais Peter Brabeck mène la stratégie du groupe depuis qu’il en assure la présidence de la direction.»

Et James Amoroso de préciser à swissinfo: «Dans l’industrie alimentaire, je ne vois personne qui pourrait faire un meilleur travail stratégique que lui.»

Une nouvelle ère

Statutairement, les actionnaires devront se prononcer sur l’élection de l’Autrichien lors de l’assemblée générale du 14 avril. Une date qui inaugurera aussi une nouvelle ère. Nestlé se donnera en effet une nouvelle structure de conduite impliquant l’arrivée de deux vice-présidents du conseil d’administration.

Le premier de ces vice-présidents est un industriel reconnu: le patron du groupe technologique Bobst, déjà membre du conseil d’administration depuis 2003.

Andreas Koopmann (54 ans) devrait faire profiter Nestlé de ses connaissances dans la production industrielle et le marketing, estime la multinationale. Il constituera l’intermédiaire principal entre le conseil et le président et administrateur délégué Peter Brabeck.

Un filet de sécurité

Le deuxième vice-président sera Rolf Hänggi (62 ans), vice-président de Roche et membre de l’organe de surveillance depuis l’an dernier. Il apportera son expérience dans la finance, précise Nestlé.

Le même Rolf Hänggi présidera aussi le comité de contrôle, dont les autres membres sont l’ancien conseiller fédéral Kaspar Villiger et Jean-Pierre Meyers.

Pour James Amoroso, cette double vice-présidence n’a rien de perturbant. «Ce n’est pas habituel, mais c’est un bon filet de sécurité, voire une manière d’apaiser les investisseurs rétifs aux doubles mandats.»

swissinfo et les agences

Faits

Fondé en 1866, Nestlé est le premier groupe mondial du secteur alimentaire et la plus grande entreprise industrielle du pays.
Son siège est situé à Vevey, dans le canton de Vaud.
Nestlé possède 511 fabriques dans le monde et emploie 253’000 collaborateurs.
En 2003, le groupe a dégagé un bénéfice net de 6,213 milliards de francs. Son chiffre d’affaires a atteint 87,979 milliards.

En bref

– Dans les années septante, Nestlé était au centre de la critique en raison de son expansion dans le Tiers-monde. Sa politique de discrétion et des mesures concrètes lui ont permis d’améliorer son image et ses pratiques.

– Mais cette année, Nestlé fait partie des nominés pour les «Public Eye Awards». Un prix qui sera remis par des ONG en marge du forum économique du Davos. Et qui doit récompenser les entreprises les plus irresponsables en matière sociale et écologique.