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Nouvelle poussée de fièvre pour le franc

Le francs suisse reprend son traditionnel rôle de monnaie-refuge. Keystone Archive

L'euro s'échange à moins de 1,46 franc depuis mardi. La tendance s'inscrit dans la durée et devrait pousser la Banque nationale suisse (BNS) à réagir.

En dessous de 1,50 franc, l’euro est trop faible pour la Suisse, répète l’industrie d’exportation depuis plusieurs mois. Il met notamment la branche des machines dans «une situation critique».

La monnaie helvétique a retrouvé son rôle de valeur-refuge, observent de leur côté les spécialistes du marché des changes. Mais la poussée de cette semaine s’explique essentiellement par les chiffres de l’inflation du mois d’avril qui sont plus élevés que prévu (1,1% en rythme annuel, contre 0,5% en mars).

Repli sur des valeurs sûres

Les autres raisons de cette nouvelle poussée de fièvre sont à chercher dans les tensions qui règnent au Moyen-Orient et dans les conséquences des attentats anti-américains de septembre 2001.

Mais les choix stratégiques de l’Union européenne (UE) ne sont pas étrangers, eux non plus, au renforcement du franc suisse. Les analystes font allusion, en l’occurrence, à l’élargissement de l’UE dont le calendrier doit être décidé cet automne.

«L’intégration de la Pologne et d’autres anciens pays communistes d’Europe centrale risque de s’avérer très coûteuse, explique Roland Duss, de Ferrier Lullin & Cie. Et l’euro en pâtit déjà aujourd’hui.»

Les investisseurs se replient sur des valeurs sûres. Et le franc n’est pas le seul indicateur de ce phénomène.

En effet, l’or s’échangeait à plus de 308,3 dollars l’once mercredi au fixing de la matinée (278 dollars l’once au début de l’année). Il s’agit d’un niveau inégalé depuis deux ans pour ce métal précieux.

Selon Roland Duss, l’euro risque donc de poursuivre sa glissade par rapport au franc. «Jusqu’à 1,42, prédit-il, d’ici la fin de l’année».

Bernard Lambert, analyste à la Banque Pictet & Cie, et Jean-Luc Lederrey, de la Banque cantonale de Genève (BCGe), sont plus optimistes. Ils parient sur un euro stable à 1,46-1,47 franc.

La BNS devra intervenir

Glissade ou non, la Banque nationale suisse (BNS) ne peut pas rester les bras croisés. Elle a d’ailleurs déjà réagi à la fin mars en assouplissant sa politique monétaire, sans modifier la marge de fluctuation du Libor à trois mois (son principal instrument).

La marge reste ainsi fixée à 1,25-2,25%, fourchette décidée depuis décembre. Mais l’institut d’émission vise actuellement le bas de la cible et le taux Libor tourne autour de 1,55%.

La BNS peut de toute manière agir sans risques: il n’y a pas pour l’instant de pressions inflationnistes en Suisse. La forte poussée du renchérissement en avril relève avant tout de «distorsions statistiques», estime Bernard Lambert.

La force du franc a par ailleurs une influence positive sur le renchérissement du coût de la vie, rappelle Jean-Luc Lederrey. Les matières premières coûtent moins chers.

A commencer par le pétrole. Du coup, les transports, le chauffage et l’appareil de production dans son ensemble sont moins coûteux.

«De manière générale, une monnaie forte est plutôt positive, rappelle l’analyste de la BCGe. Elle stimule les économies des Etats. Elle oblige les secteurs très dépendants de l’étranger à être très stricts dans la gestion des coûts.»

Après l’euro, le dollar

«Ce qui est gênant, ce sont les mouvements de change très forts, poursuit Jean-Luc Lederrey. Ce qui n’est pas le cas actuellement.» La vigueur du franc suisse ne devrait donc pas mettre en péril la reprise de la croissance helvétique.

Certes, l’affaiblissement du dollar (qui s’échangeait à 1,6133 mercredi contre plus de 1,70 francs il y a quelques semaines) vient s’ajouter à celui de l’euro.

Mais les exportations helvétiques à destination des Etats-Unis ne représentent que 10,6% du total (chiffre 2001). Et, de ce fait, l’impact reste en l’occurrence limité.

swissinfo avec les agences

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