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Opération coup de poing des banques centrales

La Banque nationale suisse a participé à une action concertée au niveau international. La dernière de ce type remonte à septembre 2001. Keystone

Confrontées à la panique des marchés financiers, les banques centrales ont réagi en lançant une action surprise coordonnée. Six d'entre elles, dont la Banque nationale suisse (BNS), abaissent leur taux directeur. Les bourses ont malgré tout continué de plonger.

«La crise financière internationale a gagné en ampleur et se répercute de manière tangible sur la conjoncture mondiale», constate mercredi la BNS dans un communiqué. Elle a par conséquent décidé d’abaisser son taux directeur d’un quart de point.

Outre la BNS, la Réserve fédérale américaine, la Banque centrale européenne (BCE), la Banque d’Angleterre, la Banque de Suède et celle du Canada ont également réduit leur taux directeur lors d’une action concertée.

L’action est sans précédent par son ampleur. La dernière de ce type avait eu lieu au lendemain des attentats du 11 septembre 2001. La BCE et la Fed avaient alors baissé leurs taux de concert, avant d’être suivies par leurs homologues.

Surveillance attentive

En ce qui concerne la BNS, il s’agit du premier assouplissement depuis mars 2003. La marge de fluctuation du Libor à trois mois en francs est désormais fixée à 2%-3% contre 2,25%-3,25% auparavant.

«La dégradation conjoncturelle, qui s’accompagne d’une amélioration des perspectives sur le front de l’inflation et d’un repli notable des prix du pétrole, autorise la Banque nationale à relâcher sa politique monétaire», écrit l’institut d’émission helvétique.

Au-delà de la détente de sa politique, la BNS assure continuer à approvisionner en liquidités le marché de manière «généreuse et flexible». L’institut d’émission, qui ne cesse d’observer attentivement la situation des marchés financiers, se dit prêt à réagir rapidement en cas de besoin.

Effets concrets sur les PME

Du côté du Département fédéral des finances (DFF), on salue cette action concertée des banques centrales. «En baissant son taux directeur, la BNS remplit son mandat légal de conduire une politique monétaire dans l’intérêt général du pays», a commenté un porte-parole du DFF.

Même son de cloche du côté d’économiesuisse, l’organe faîtier des entreprises helvétiques. «Nous pensons qu’il s’agit d’une bonne décision qui arrive au bon moment. Le besoin d’un signal fort était réel. Cela va contribuer à réduire l’incertitude», a indiqué son chef économiste Rudolf Minsch.

Et d’ajouter que les entreprises suisses ont commencé à ressentir les effets concrets du resserrement des crédits ces derniers jours, lorsque les taux d’emprunt ont augmenté.

«En Suisse, il y a des signes qu’il devient difficile d’obtenir des crédits, en particulier pour les petites et moyennes entreprises», a-t-il confié à swissinfo. «Si la stabilité peut être restaurée d’ici Noël, nous survivrons. Mais si la crise se poursuit au début 2009 et commence à affecter l’économie réelle, nous aurons alors un sérieux problème.»

Grande Dépression bis

Chef économiste à la banque Sarasin, Alessandro Bee juge pour sa part que la montée du Libor enregistré ces derniers jours et le renchérissement du crédit qui a suivi pourraient avoir des implications importantes pour l’économie suisse.

«Ces derniers jours, le contrôle sur le Libor a en quelque sorte été perdu, ce qui est un signe plutôt effrayant. Lors d’un recul des marchés, la politique monétaire est probablement le seul instrument susceptible de fonctionner», relève-t-il pour swissinfo.

«Si les banques centrales ne parviennent pas à stabiliser les marchés financiers par ce biais, avertit-il, quelque chose de pire qu’une dépression de moyenne envergure pourrait survenir. On se trouverait alors dans une situation comparable à la grande Dépression des années 1930.»

Yo-yo des bourses

Annoncée à 13h00, l’action coup de poing des instituts d’émission, a certes provoqué un soupir de soulagement du côté des bourses européennes, en pleine déroute depuis lundi. Mais l’embellie sur les marchés – certains passant même brièvement dans le vert – aura été de courte durée.

Jouant au yo-yo durant l’après-midi, l’indice SMI de la Bourse suisse a clôturé sur un recul de 5,51%. Ailleurs en Europe, la chute s’est révélée pire. Francfort, Paris et Londres ont essuyé des pertes comprises entre 5 et 7%.

swissinfo et les agences

La crise dans le monde financier, précipitée par l’effondrement du marché des subprimes aux Etats-Unis, a conduit à une diminution des prêts des banques aux entreprises.

La communauté financière est réticente à prêter car il est désormais difficile de déterminer le montant exact des dettes contractées par les entreprises. Ce manque de transparence a augmenté la crainte de non-remboursement des prêts.

Or les institutions financières et le monde des affaires ne peuvent pas fonctionner sans apport suffisant de liquidités.

Jusqu’ici, la crise financière et le resserrement du crédit ont principalement affecté les banques et les compagnies d’assurance, mais il y a des craintes que la crise atteigne bientôt les entreprises si elles ne peuvent plus garantir le remboursement des prêts.

Dans un premier temps, les banques centrales ont répondu par une injection d’argent dans le système. Elles le font maintenant en réduisant les taux d’intérêt.

Le gouvernement américain prévoit également de racheter une grande partie des mauvaises créances de la communauté financière afin d’éloigner la crainte de prêts non remboursés.

Le terme Libor est l’abréviation de «London Interbank Offered Rate».

Il s’agit d’une moyenne des taux d’intérêt interbancaires pratiqués par différentes banques et communiquée quotidiennement par la Bristish Bankers Association de Londres.

Le Libor est fréquemment utilisé comme taux de référence, par exemple pour les contrats hypothécaires.

La Banque nationale suisse fixe une marge de fluctuation pour le Libor à trois mois, en francs suisses.

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