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PlanetSolar, le solaire dans tout son éclat

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«Carte postale» de la Cinquième Suisse... Fabrice Rochat nous écrit de Brisbane, en Australie. Et souhaite bon vent au bateau solaire (MS Tûranor PlanetSolar) du Neuchâtelois Raphaël Domjan.

Depuis la nuit des temps, l’humanité a vénéré cette boule de feu composée d’hydrogène et d’hélium au centre de notre système solaire. L’astre de lumière donne la vie à toutes les créatures végétales et animales de notre planète. Le soleil s’appelait Râ dans l’Egypte ancienne et il était aussi porté en dieu dans les cultures précolombiennes comme celles des Aztèques. Dans la mythologie grecque, Icare s’y était brûlé les ailes pour retomber dans les eaux de la mer Icarienne.

Moins mythologiques mais plus actuels sont les rêves devenus réalité de deux Suisses: l’avion solaire (Solar Impulse) du Vaudois Bertrand Piccard et le bateau solaire (MS Tûranor PlanetSolar) du Neuchâtelois Raphaël Domjan.

Le Tûranor (dérivé du Seigneur des anneaux de J.R.R. Tolkien) aurait pu venir d’une légende germanique incluant le dieu des éclairs Thor, mais c’est le nom du bateau solaire fabriqué à Kiel en Allemagne et inauguré en mars 2010. Les dimensions sont aussi impressionnantes que son aspect futuriste, avec une longueur de 31 mètres sur 15 d’envergure, devenant 23 mètres une fois tous les panneaux déployés. Le pont plat supporte les cellules photovoltaïques sur une 537m2 (l’équivalent de deux courts de tennis).

Son poids total de 95 tonnes est propulsé par deux hélices de 2 mètres de diamètre. Les batteries au lithium-ion offrent une vitesse moyenne de 4 noeuds (8 km/h) avec des pointes maximale de 9 noeuds (17 km/h). Bien entendu, la rapidité dépend de l’ensoleillement, mais sa capacité maximale sans rayons lumineux est de 3 jours.

L’arrivée en Australie

Par un beau jour de dimanche, le bateau remonte gentiment la rivière Brisbane en passant sous le grand pont du «Story Bridge», avant de s’amarrer juste devant les gratte-ciel de «Downtown» Brisbane.

A son bord s’activent le capitaine français Erwann Le Rousic fraîchement embarqué de Nouméa, le matelot allemand Jens Langwasser et l’ingénieur électrique de Thoune Christian Ochsenbein. L’initiateur, Raphaël Domjan, est debout à l’avant du navire, et il salue la foule nombreuse venue les accueillir.

Ce Neuchâtelois de 38 ans est ambulancier à Lausanne et un véritable touche à tout, puisqu’il possède un diplôme d’ingénieur mécanicien, qu’il pilote des avions et des hélicoptères en trouvant encore du temps pour faire de l’alpinisme et du ski. C’est en 2001 avec un premier projet de panneaux solaires sur le toit de la maison familiale, alimentant des serveurs pour l’hébergement de sites Internet, qu’a germé l’idée de promouvoir cette source d’énergie écologique. En plus, Raphaël a pu constater les méfaits des changements climatiques avec la fonte des glaciers, en moins de 10 ans, lors de ses nombreux voyages en Islande et au Groenland. Ces expériences lui donnèrent le besoin de protéger notre planète en encourageant l’utilisation des énergies douces contre l’impact des activités humaines sur la nature.

L’enfant et son grand jouet

Le gamin qui naviguait avec sa petite embarcation sur le lac de Neuchâtel dans les années 70/80, nous raconte son parcours avec son tout nouveau jouet jusqu’en Australie: «on est parti de Monaco au mois de septembre 2010 et ensuite on a fait une première escale à Tanger en Afrique, puis Las Palmas avant de traverser l’océan Atlantique pour arriver à Miami.

Ensuite, Cancun au Mexique avant Cartagène en Amérique du Sud. Franchir le canal de Panama a été la première traversée solaire transcontinentale avant de visiter les îles Galapagos. Dans le Pacifique, on s’est arrêté en Polynésie française avec les Marquises, Papeete (Tahiti) et Bora-Bora, puis les îles Tonga et récemment la Nouvelle-Calédonie.»

Pour la petite anecdote des quatre derniers jours, les météorologues de Météo France se sont trompés en annonçant un vent léger et on s’est retrouvé avec 40 nœuds de vent. C’était un moment qu’il fallait prendre avec humour car ça voulait dire qu’au lieu de finir en une demi-journée, il a fallu 4 jours pour atteindre le continent australien.

«L’accueil de la population locale a toujours été bon depuis l’idée du projet, 99,99% des gens nous reçoivent de manière positive et optimiste, se montrant très heureux de nous voir arriver. La population est intéressée par l’aventure humaine, la navigation autour du monde, la technologie et cette idée de réécrire un peu l’histoire de l’énergie solaire.»

«Ce projet veut démontrer qu’aujourd’hui on a la technologie, et si nous pouvons faire un tour de monde 100% solaire, tout le monde peut utiliser cette énergie pour sa vie de tous les jours.»

Et la Suisse dans tout ça?

L’aventurier nous fait part de ses espérances: «pour que la Suisse puisse profiter de cette recherche avec l’argent du contribuable, pour développer son industrie des «clean tech», ne pas laisser des bon projets partir a l’étranger et prendre le virage dans l’avenir des énergies durables. J’espère que ce projet donnera l’impulsion à des chefs d’entreprise, des hommes politiques et monsieur tout le monde de changer leurs comportements et de devenir durables en utilisant les énergies renouvelables.»

Et l’avenir du bateau une fois le tour du monde terminé? «MS Tûranor PlanetSolar aura une deuxième vie et sera transformé en yacht solaire commercial pour promouvoir le message des énergies plus écologiques.»

Enfin, nous laissons ce grand rêveur partir retrouver ses collaborateurs au «Solar village». Effectivement, à chaque étape du voyage, une exposition itinérante l’accompagne pour que les visiteurs se familiarisent avec les différents aspects du projet. L’éducation des jeunes est mise en avant pour un avenir prônant l’utilisation du soleil, avec des initiatives comme le relais pour l’espoir «PlanetSolar relay for hope» débutant à Brisbane.

Après quatre jours en ville, le bateau portant le pavillon à croix blanche a mis les voiles, ou plus exactement ses panneaux solaires, en direction de Cairns au sud de l’Equateur. Ce sera sa dernière escale océanienne avant de toucher l’Asie pour un retour prévu en Europe au début 2012.

Donc nous souhaitons bon vent et plein de soleil à Raphaël, le MS Tûranor et toute l’équipe de PlanetSolar.

Queensland. Avec environ 1,8 million d’habitants, Brisbane, capitale de l’Etat du Queensland, est la 3e ville d’Australie, derrière Sydney et Melbourne.

Située à environ 950 km au nord de Sydney sur le fleuve Brisbane. A l’origine, l’endroit fut un centre pénitentiaire, créé en 1824.

Tropical. Brisbane bénéficie d’un climat idéal presque tout au long de l’année en raison de sa situation tropicale (température moyenne de 25° C).

Touristique. Son architecture est inspirée d’un style mêlant période victorienne, style colonial et architecture moderne. Perçue longtemps comme une simple ville de province, la ville est aujourd’hui la capitale de l’Etat le plus touristique de l’Australie.

Secondaire et tertiaire. Plusieurs industries s’y sont développées (raffinage pétrolier, travail du métal, manufacture diverses). Le tertiaire y est également bien représenté: informatique, services financiers, hautes écoles et administration publique se concentrent dans le «Central business district» de Brisbane.

Vaudois né en 1968 à Prilly, près de Lausanne, il passe sa jeunesse à Bussigny.

Voyageur. Apprentissage de commerce, Ecole d’informatique de gestion, deux années de travail à UBS. Et la passion du voyage: à 19 ans déjà, il fait, sac au dos, le tour de l’Australie. Suivront d’autres voyages, surtout en Amérique.

Australie. Fabrice Rochat et sa compagne Sandra arrivent en Australie fin 1995 et s’installent à Sydney, où ils vivent jusqu’en 2002. Ils déménagent alors à Brisbane.

Métiers. Sandra travaille pour le gouvernement du Queensland, au «Département de l’Audit». Fabrice Rochat, après avoir passé plus de quatre ans à la maison pour s’occuper de leur fille Magali, a travaillé à l’Office des impôts fédéral comme employé administratif.

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