Politique agricole: un peu de «bio» suffit au Parlement
Durant les débats sur la politique agricole 2011, la Chambre du peuple a décidé d'assouplir le label «bio». Les exploitations ne cultivant pas biologiquement à 100% y auront aussi accès.
Les députés suivent ainsi les sénateurs et vont même plus loin que ce que demandait le gouvernement. Bio Suisse et les associations des consommateurs se disent déçus.
Les partisans de l’agriculture traditionnelle ont gagné une nouvelle manche mardi. La Chambre du peuple (Conseil national) s’est engouffrée dans la brèche ouverte par la Chambre des cantons (Conseil des Etats) en décembre afin de freiner le rythme des réformes agricoles.
Plusieurs orateurs bourgeois ont mis en garde contre les pressions subies par les paysans depuis des années.
Un petit de «bio»
Dans les faits, la majorité a accepté d’assouplir les normes pour la désignation des produits biologiques. La règle selon laquelle la production bio doit s’étendre à l’ensemble de l’exploitation sera appliquée moins strictement.
La Suisse pourra ainsi s’aligner sur l’Union européenne, qui reconnaît le bio sectoriel, soit les exploitations cultivant seulement en partie selon des modes très respectueux de l’environnement.
Le camp rose-vert s’est inquiété en vain de cette atteinte à la crédibilité de la filière biologique.
De vives réactions
L’organisation privée Bio Suisse a très vivement réagi à cette décision en affirmant que l’autorisation du bio sectoriel mettait en danger la crédibilité de l’ensemble de la production biologique.
Bio Suisse continuera de ne proposer que des produits issus d’exploitation entièrement bio, sous son label du bourgeon. Reste qu’elle aurait préféré qu’il n’y ait qu’un seul ‘bio’ en Suisse.
Quant à la Fondation suisse pour la protection des consommateurs (SKS), elle se dit également très déçue. C’est tout l’esprit du bio qui est affaibli avec cette autorisation de produire sectoriellement, a regretté Josianne Walpen. Et les contrôles seront plus difficiles.
Les organisations détentrices du label se sont investies durant des années pour obtenir la confiance des consommateurs. On ne devrait pas jouer avec leur réputation, selon elle.
Importations parallèles en suspens
A noter que le doute subsiste encore quant au sort que subiront les importations parallèles pour les moyens de production et les biens agricoles, comme les fertilisants ou les tracteurs.
Le Conseil national ne se prononcera que mercredi sur cette proposition du Conseil des Etats. Les débats porteront également sur les subventions aux producteurs de lait et l’enveloppe financière à disposition pour l’agriculture.
swissinfo et les agences
Avec la Politique agricole 2011 (PA2011), le gouvernement veut améliorer la compétitivité de l’agriculture helvétique.
L’élément clef de la PA 2011 réside dans la réduction notable des subventions à l’agriculture. Les fonds ainsi dégagés seront réalloués aux paiements directs non liés à la production.
Les subventions à l’exportation sont appelées à disparaître complètement et les fonds alloués au soutien du marché interne vont diminuer.
Entre 2008 et 2011, le gouvernement a prévu d’injecter un montant de 13,5 milliards en faveur de la politique agricole.
Les agriculteurs pourront désormais acheter fertilisants et pesticides, mais également tracteurs et machines là où ils sont le meilleur marché. Après la Chambre haute, la Chambre basse du Parlement a accepté, par 95 voix contre 83, d’ouvrir une brèche dans la PA 2011 et d’autoriser les importations parallèles.
Le but est de réduire globalement les coûts de production de l’agriculture suisse de 40 à 50 millions de francs par année. Certains moyens de production sont en effet jusqu’à 25% moins chers à l’étranger qu’en Suisse.
C’est une coalition des socialistes, des Verts et des démocrates-chrétiens qui a permis d’emporter la décision, contre l’avis de la droite et celui de la ministre de l’économie Doris Leuthard, qui souhaite régler la question des importation parallèles dans un cadre plus global.
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