Pourquoi les paysans désertent nos montagnes
Un domaine agricole de montagne sur cinq a disparu ces dix dernières années. Attention danger.
A la Lenk, dans l’Oberland bernois, un colloque de trois jours traite de ce problème et de l’importance de l’économie alpine pour la Suisse.
Une étude réalisée par l’Ecole Polytechnique Fédérale de Zurich (EPFZ) sur l’économie de montagne le prouve.
Selon des sources de l’Union Suisse des Paysans (USP), entre 1990 et 1999, le nombre des exploitations de montagne est passé de 10’293 à 8’233.
Et pour cause, les paysans de montagne sont en permanence confrontés à des baisses du prix du lait et de leurs fromages.
Dans le même temps, pour pouvoir répondre aux nouvelles lois sur l’hygiène, ils sont contraints d’investir dans la modernisation de leurs étables et de leurs fromageries.
Une question de moyens financiers
«Or, explique l’auteur de l’étude de l’EPFZ, de nombreux paysans n’ont pas les moyens de faire de tels investissements.»
Les paiements directs (subventions de la Confédération introduites en 1990) n’y ont pas changé grand chose.
«De nombreux paysans ont donc tout simplement laissé tomber leurs activités d’altitude», ajoute Christine Rudmann
Et les bergers et les fromagers venus de France, d’Allemagne et des Pays-Bas ne comblent pas le trou laissé par les familles de paysans qui désertent les alpages helvétiques.
Préserver une économie de montagne
Mais tout espoir n’est pas perdu. «Je ne pense pas que les paysans de montagne vont disparaître», dit Christine Rudmann.
Mais elle précise: «Il faudra bien qu’ils s’adaptent aux besoins de notre époque et aux nouvelles politiques agricoles.»
Et le gouvernement a l’intention de les y aider. Le Département fédéral de l’Economie et l’Office fédéral de l’environnement tiennent à préserver une économie de montagne.
Pour preuve, la Confédération devrait augmenter ses paiements directs à l’agriculture de montagne biologique.
Valoriser les produits naturels et de qualité
Parallèlement la création d’un label de qualité «Nature et paysage» est à l’étude.
Il devrait permettre de mettre en valeur les différentes régions de montagne en Suisse.
Il devrait permettre aussi aux paysans de valoriser leurs propres produits. Et de les vendre eux-mêmes à des prix décents aux visiteurs de passage.
On l’a compris, c’est du tourisme que dépend le salut de ces paysans de montagne. En partie du moins.
Christine Rudmann confirme: «les touristes joueront un rôle important. Et surtout ceux qui s’intéressent à des produits naturels et de qualité.»
swissinfo
En 10ans, 20% des domaines agricoles de montagne ont disparu
1999: 1,6 millions d’animaux en Suisse dont 375 000 en alpage
1979: Aide fédérale à l’agriculture de montagne: 18 millions de francs
1999: Aide fédérale à l’agriculture de montagne: 67 millions de francs
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