Premiers pas pour un accord de libre-échange
Selon le ministre suisse de l’économie, Joseph Deiss, la Suisse et les Etats-Unis entameront des discussions en vue d’un accord de libre-échange cet automne.
Avec un tel accord, les droits de douanes de 4,5% perçus en Suisse sur les produits américains seraient abandonnés. Mais rien n’est joué.
L’annonce de la réunion d’experts suisses et américains à l’automne pour analyser la possibilité d’ouvrir des négociations sur un accord de libre-échange entre les deux pays a été faite par le ministre suisse de l’économie au terme de deux jours de «consultation» à Washington.
Aux Etats-Unis, Joseph Deiss a rencontré des responsables du gouvernement, des membres du Congrès et des représentants du monde de l’économie. «Partout, le principe d’intensification ou approfondissement des relations économiques entre les deux pays a été accueilli très favorablement», a-t-il déclaré.
Le lieu de la future rencontre n’est pas encore déterminé, a encore précisé le chef du Département fédéral de l’économie à l’issue de son entretien avec Robert Portman, le représentant américain au commerce (USTR).
Avant 2007
Si les deux pays décident d’ouvrir des négociations, ils devront les mener avec célérité. En 2007, la dénommée «voie rapide» arrive à échéance aux Etats-Unis.
Le Congrès avait accordé en 2002 cette mesure au président George W. Bush pour que son administration négocie des accords de ce genre. Ce délai n’inquiète pas le ministre suisse de l’économie qui rappelle que le traité avec la Corée du Sud avait été conclu en six mois.
«Il n’est de toute façon pas souhaitable d’entrer dans de longues négociations, a confirmé Joseph Deiss à swissinfo. Et cette volonté de ne pas s’engager dans un processus de plusieurs années est partagée de part et d’autre.»
D’ailleurs selon lui, la réunion des experts aura lieu quoiqu’il arrive la semaine prochaine au Congrès des Etats-Unis. La Chambre des représentants doit en effet se prononcer sur l’accord de libre-échange avec l’Amérique centrale et la République dominicaine (CAFTA).
Un éventuel refus du Congrès signifierait un retour du protectionnisme aux Etats-Unis. Raison pour laquelle les membres du gouvernement américain se sont montrés prudents lors de leurs entretiens avec le ministre suisse.
Selon un porte-parole du département américain au commerce cité par l’agence Reuters, la partie n’est de loin pas gagnée pour la Suisse.
«L’administration devra mener des consultations élargies avec le Congrès et les secteurs concernés avant de signaler une quelconque volonté de discuter la possibilité de négocier un accord de libre-échange avec la Suisse», indique ce porte-parole.
Interrogé par swissinfo, Joseph Deiss s’est voulu rassurant: «Nos divers interlocuteurs nous ont expliqué que les éventuelles difficultés liées aux accords CAFTA ne sont pas à mettre en lien avec la Suisse car les conditions économiques sont différentes.»
La dominante agricole
Au cours de sa visite de deux jours, Joseph Deiss s’est notamment entretenu avec le républicain Bill Thomas, président de l’influente commission des voies et moyens de la Chambre des représentants. Il a aussi eu un entretien avec Robert Goodlatte, président de la commission d’agriculture.
La question agricole a largement dominé ces réunions et ses interlocuteurs américains ont posé certaines conditions. Ils ont présenté ce dossier comme une priorité dans les négociations commerciales et ont aussi manifesté leur intention de parler des OGM.
«Nous sommes prêts nous aussi à mettre ce dossier au programme des discussions, a encore dit Joseph Deiss à swissinfo. Et je ne rejette pas l’idée d’évoquer les OGM. Mais, de toute évidence, nous avons aussi le droit de maintenir une agriculture productrice, même si elle n’est pas compétitive sur le marché mondial.»
Le ministre suisse de l’économie a conclu en assurant ne pas vouloir faire de l’agriculture une «monnaie d’échange».
A noter que les Etats-Unis constituent le deuxième marché pour les exportations helvétiques après l’Allemagne et le principal destinataire des investissements directs. De son côté, l’Amérique est le premier investisseur direct étranger en Suisse.
Pour mémoire, Joseph Deiss avait reçu en avril le mandat du gouvernement helvétique de mener des pourparlers exploratoires avec les Etats-Unis sur un éventuel accord de libre-échange.
swissinfo avec les agences et Marie-Christine Bonzom à Washington
– Les secteurs suisses de l’horlogerie, de la pharmaceutique et de la chimie seraient les grands gagnants d’un accord de libre-échange entre la Suisse et les Etats-Unis.
– Le secteur suisse de l’agriculture serait par contre le grand perdant. Les Etats-Unis pourraient effectivement importer sur le marché helvétique des céréales et de la viande bovine notamment à des prix très inférieurs à ceux pratiqués sur le marché suisse.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.