Régime minceur pour La Poste
La Poste va fermer jusqu'à 900 offices dans les cinq prochaines années. Elle va, en outre, supprimer quelque 500 emplois. Elle devrait ainsi réaliser une économie de 100 millions de francs par an. Sans pour autant trahir sa mission de service public.
«Nous devons faire face à de nombreux problèmes». Membre de la direction et responsable du réseau postal, Jean-Paul Savary parle de la concurrence qui est de plus en plus vive en Europe. Et de la demande de la clientèle qui évolue.
Mais le plus gros défi auquel La Poste doit faire face, c’est sa rentabilité. Or, aujourd’hui, le géant jaune sort à peine des chiffres rouges et ne fait pas assez de bénéfices.
L’exercice de l’an 2000 se solde en effet par un bénéfice bien inférieur à celui de l’année précédente, soit moins de 150 millions de francs. «Or, confie le directeur général Ulrich Gygi, pour être viable et éviter de s’endetter, La Poste devrait dégager un gain de 300 à 500 millions de francs par an».
Pour sortir de ce mauvais pas, l’ancienne régie fédérale a donc décidé de diminuer drastiquement le nombre de ces offices postaux. Des 3390 qu’elle compte actuellement, elle envisage d’en garder que 2700 ou 2500.
«Le réseau suisse d’offices postaux est l’un des plus denses au monde, rappelle Jean-Paul Savary. Il serait illogique de conserver de nombreux bureaux qui ne sont pas fréquentés».
Cette restructuration touchera aussi bien les agglomérations urbaines que les villages. Mais la direction de La Poste affirme que, pour l’instant, aucune stratégie n’est définie.
Pour ce qui est des régions périphériques et très isolées, des solutions nouvelles pourraient être créées. Comme le service à domicile, ou des ouvertures de guichets en partenariat avec des communes, des offices de tourisme ou encore des compagnies ferroviaires.
«Dans tous les cas, promet Jean-Paul Savary, nous garantirons le respect du service public, comme la loi nous y oblige»
Collaborateur scientifique à l’Institut des hautes études en administration publique (IDHEAP) Christophe Genoud rappelle que «La Poste n’est pas obligée d’être présente à tous les coins de rues». La loi ne parle que de la collecte du courrier et de sa distribution, et des paiements.
Pour Christophe Genoud, «la mise sur pied de services à domicile, ou de guichets dans les gares, devrait palier le manque d’offices dans certains endroits. Et d’ajouter: «Dans ce sens, les propos de La Poste concernant la garantie du service public me semblent corrects».
Pour autant cette restructuration fera grincer des dents. D’autant que les Suisses sont habitués à trouver un office de poste sur le pas de leur porte.
Les suppressions d’emplois risquent également de provoquer des remous. Les chiffres ne sont pas encore très précis. Mais la direction du géant jaune parle de 500 pertes sèches d’emplois en cinq ans.
«Avec 55 000 collaborateurs, nuance Jean-Paul Savary, La Poste est le plus grand pourvoyeur d’emplois de la Confédération et elle compte près de 1800 départs naturels chaque année. Dans ces conditions, et si les collaborateurs font preuve de mobilité, il y aura peut-être encore moins de suppressions de postes de travail».
Les syndicats ne semblent d’ailleurs pas trop s’inquiéter. Le Syndicat du service public (SSP) et Transfair ont en effet donné leur aval.
«Mais, avertit Jean-Paul Savary, cette refonte ne suffira probablement pas. Pour devenir rentable, La Poste devra trouver d’autres produits à vendre».
Des services rentables tels que ceux de la banque postale. On en parle déjà. Mais la Confédération n’a pas encore accordé de licence à La Poste.
Jean-Louis Thomas
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