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Retour de fortune, mais perte de bénéfice pour UBS

UBS reste prudente sur les bonnes nouvelles. Il faudra d’abord voir si la tendance se confirme. Keystone

Pour la première fois depuis le début de 2008, les riches clients d’UBS lui ont apporté plus d’argent qu’ils n’en ont retiré. En présentant mardi les résultats du troisième trimestre, la banque se garde toutefois de tout triomphalisme.

UBS s’oriente vers un redressement durable cette année, après avoir perdu quelque 50 milliards de francs et enregistré des retraits de plus de 200 milliards entre 2008 et 2009.

Le groupe avait retrouvé les chiffres noirs à fin 2009 et ne les a plus quitté depuis. Dans les trois derniers mois, la banque a enregistré des entrées nettes d’argent de l’ordre de 1,2 milliard de francs.

Mais son chef des finances John Cryan n’a pas voulu pavoiser pour les résultats d’un seul trimestre. «Nous ne parlerons de victoire que quand nous aurons enregistré plusieurs trimestres de rentrées élevées et durables», a-t-il dit à la presse et aux analystes financiers.

Bénéfice en recul

Le Britannique a fait remarquer que le bénéfice de la division gestion de fortune avait baissé depuis le dernier trimestre. Ce qui se ressent sur le bénéfice net global, en recul de 2 milliards à 1,66 milliard depuis le dernier trimestre.

Particulièrement pénalisée, l’unité de Banque d’affaires (Investment Bank) a bouclé le trimestre sur une perte avant impôts de 406 millions de francs, contre un bénéfice de 1,31 milliard entre avril et fin juin 2010.

Ces chiffres décevants ont plombé le titre à la Bourse suisse, qui lâchait près de 5% à la clôture.

Pour Rainer Skierka, analyste à la Banque Sarasin, ces résultats sont «sensiblement» en-dessous des attentes. D’autant que les chiffres sont boostés par un crédit net d’impôts de 825 millions et une charge de 387 millions sur les opérations de propre crédit, et que sans ces éléments exceptionnels, le bénéfice serait encore plus bas.

UBS a pointé du doigt le bas niveau des échanges durant les mois d’été, où les investisseurs sont moins nombreux à vouloir prendre des risques. Mais même si sa rivale Credit Suisse a annoncé une chute similaire de son bénéfice la semaine dernière, Rainer Skierka estime qu’UBS tourne encore au-dessous du niveau global du marché.

Comme il l’a dit à swissinfo.ch, pour lui, «le souci principal est la division Banque d’affaires. Elle doit prouver qu’elle peut avoir la situation sous contrôle à moyen terme et commencer à dégager des bénéfices durables».

Image à redorer

Dans le positif, UBS semble avoir fait quelques progrès dans la restauration de son image, salement touchée par la crise et les scandales d’évasion fiscale, principalement aux Etats-Unis.

Maintenant que l’affaire américaine a été réglée – au prix énorme que l’on sait -, la banque est toujours engagée dans des programmes de réduction des coûts et dans une stratégie de réduction des risques. Elle doit également renforcer ses réserves de capital pour obéir aux nouvelles règles du secteur financier.

En septembre, la banque a lancé une vaste campagne de publicité axée sur le retour à une relation de confiance avec ses clients. Elle a également signé un gros contrat de sponsoring dans le monde de la Formule 1.

L’Asie: efficace mais cher

Pour l’heure, c’est d’Asie que viennent les plus grandes rentrées d’actifs d’UBS. La banque a renforcé ses opérations dans cette région pour compenser les effets des problèmes qu’elle affronte en Europe et aux Etats-Unis.

Mais comme la campagne d’image et le contrat en Formule 1, cette stratégie a son prix. «Il y aura à l’avenir une inflation dans les coûts de personnel», a averti John Cryan. Donc, même confiante dans sa stratégie, UBS n’est pas encore au point de sabler le champagne.

«Le travail que nous avons accompli pour essayer de redresser la situation [de notre gestion de fortune] semble porter ses fruits, a conclu le chef des finances. C’est une étape sur la voie du redressement, mais ce n’est qu’une étape».

Cataclysme. UBS a été la banque européenne la plus touchée par la crise des subprimes aux Etats-Unis. Entre la fin 2007 et 2009, elle a perdu quelque 50 milliards de francs suisses. Entre 2008 et 2009, la perte de confiance des clients individuels et intentionnels lui a en outre coûté des retraits de fonds pour 200 milliards de francs

Redressement. Le dernier trimestre de 2009 a toutefois amené quelques signes encourageants, avec un bénéfice de 1,2 milliard de francs, même si l’année entière se soldait pas un déficit de 2,47 milliards. Le premier trimestre 2010 a vu la tendance se confirmer, avec un bénéfice de 2,2 milliards. Les chiffres des deuxième et troisième trimestres sont un peu en recul, mais les conditions ont été considérablement plus difficiles pour toutes les banques durant cette période.

Blanchie. En 2009, UBS a admis avoir aidé des clients américains à frauder le fisc et a dû payer une amende de 780 millions. En juin 2010, le Parlement helvétique a finalement ratifié l’accord entre la Suisse et les Etats-Unis pour la livraison par UBS des dossiers de 4450 clients dans le collimateur du fisc américain. Au terme de l’opération, l’Etat fédéral américain a indiqué la semaine dernière à la justice de son pays qu’il abandonnait les poursuites contre UBS.

Redorer le blason. En septembre, UBS a lancé une campagne de publicité mondiale, sa plus grosse depuis trois ans, pour affirmer via télévision, internet et presse, qu’elle «n’aura pas de répit» tant que les clients ne seront pas convaincus d’avoir choisi la bonne banque.

(Traduction de l’anglais: Marc-André Miserez)

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