Roche renforce sa position au Japon

Hiroaki Shigeta, président de Nippon Roche, annonçant l'alliance en décembre 2001. Keystone Archive

L'alliance entre le groupe pharmaceutique bâlois et le nippon Chugai prend effet mardi. Elle donne naissance à Chugai Pharmaceuticals.

Grâce à cette fusion, Roche devient le numéro cinq de la pharmacie au Japon.

Chugai Pharmaceuticals est issue du mariage entre Nippon Roche et Chugai. Employant plus de 5000 personnes et comptant plus de 1400 vendeurs, cette société réalisera un chiffre d’affaires annuel de 2,5 milliards de francs.

Roche a dû négocier durant six mois, sans fléchir. Le groupe bâlois a réussi son pari: devenir la première multinationale présente dans le deuxième marché du monde des médicaments à pouvoir racheter l’une des sociétés pharmaceutiques japonaises le plus à la pointe du progrès.

Un rôle de précurseur

Au dernier moment, Roche aura été aussi forcé, sous la pression des actionnaires de Chugai, d’augmenter de 30 % le prix d’achat de ses actions. Il contrôle, aujourd’hui, 50,1 % de son capital.

Cette générosité supplémentaire se justifiait par le fait que les actionnaires menaçaient de faire capoter l’affaire. Ou de trouver un groupe étranger.

«Franz Humer, le patron de Roche, ne voulait surtout pas de cette issue. Ce n’est pas tous les jours que s’offre à lui la chance de devenir l’un des principaux acteurs d’un marché pharmaceutique japonais qui représente la bagatelle de 50 milliards de dollars par an», remarque un analyste de UBS Warburg à Tokyo.

Roche joue le rôle de précurseur au Japon. Il montre à ses rivaux la voie à suivre. Celle de la fusion ou de l’acquisition pour renforcer leur présence dans un archipel longtemps réfractaire à toute alliance avec des sociétés étrangères.

Mais il n’est pas facile de reprendre une société de la qualité de Chugai. Sa réputation dans les biotechnologies est grande, un domaine de recherche et de développement où les scientifiques japonais sont considérés parmi les meilleurs du monde.

Autonomie garantie

Cela dit, Roche laissera au nouveau Chugai et à son président japonais la plus grande autonomie. «Le nouveau Chugai aura une bonne longueur d’avance sur ses concurrents», déclare Mayo Mita.

Pour cet analyste de Morgan Stanley à Tokyo, le succès de l’entreprise est assuré. «A moyen terme, Chugai croîtra plus que ses rivaux. Il aura accès à la puissance scientifique de Roche et à son réseau de distribution mondial», conclut Mayo Mita.

swissinfo/Georges Baumgartner à Tokyo