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Skyguide dans la tourmente

La catastrophe d’Überlingen est survenue à un moment délicat de l’histoire du contrôle aérien suisse, confronté à de nombreuses difficultés.

Or Skyguide aimerait jouer un rôle de premier plan dans le futur espace aérien européen.

Né en 1922, le contrôle aérien suisse a déjà une histoire mouvementée derrière lui, comme l’est celle de l’aviation en général.

Anciennement Swisscontrol (de 1988 à 2001), le contrôle aérien Suisse est devenu autonome, sur le plan financier, en 1996.

La Confédération détient néanmoins 99,85% du capital-actions de Skyguide.

Finances chahutées



Début 2001, la société prens également sous son aile le contrôle aérien militaire et adopte son nom actuel.

Si le mandat de la Confédération lui enjoint «simplement» de maintenir l’équilibre financier, la tâche n’a rien d’une sinécure.

D’autant plus que Skyguide a l’interdiction de constituer des réserves lors des bonnes années. Elle doit restituer les bénéfices à ses clients.

Taxes élevées

Skyguide réalise 98% de ses recettes (306 millions en 2002) grâce aux taxes de survol et d’atterrissage – qui sont parmi les plus élevées d’Europe et qui ont été relevées en 2003 -, ainsi qu’aux indemnités militaires.

Ses principaux clients – dont elle dépend donc fortement -, sont Swiss, Lufthansa et British Airways.

Toute baisse de trafic, comme celle ayant suvi les attentats du 11 septembre 2001, implique une baisse de recettes, pour un travail et des infrastructures inchangées.

Travail gratuit en Allemagne

En outre, Skyguide est chargée du contrôle aérien de l’Allemagne du Sud mais ne reçoit pour cela aucune compensation. Un forfait avait été négocié dans l’accord aérien avec Berlin mais celui-ci a été rejeté par le parlement helvétique.

Skyguide emploie quelque 1400 collaborateurs, dont environ 900 travaillent aux écrans radars.

25 postes de plus pour la sécurité

Détaillant les mesures prises après la catastrophe d’Überlingen, le directeur Alain Rossier a indiqué jeudi que quelque 25 postes avaient été nouvellement créés pour la gestion de la sécurité.

Ce renforcement fait aussi écho au rapport présenté en juillet 2003 par le Ministère des transports et qui faisait état d’une baisse du niveau sécuritaire en Suisse.

En février dernier, le gouvernement a décidé la création de 60 nouveaux postes à l’Office fédéral de l’aviation civile pour améliorer la sécurité aérienne. Le parlement doit encore se prononcer.

Nouvelles routes d’approche sur Zurich

En attendant, Skyguide a dû gérer toutes les nouvelles routes d’approche de l’aéroport de Zurich-Kloten, nouveautés consécutives à l’interdiction partielle du survol du territoire allemand prononcée par Berlin.

Prise à partie en raison des nombreux retards touchant l’aéroport de Zurich, Skyguide doit aussi améliorer l’organisation de l’espace aérien en s’équipant de technologies performantes.

Ciel unique européen

Objectif: bénéficiant d’un savoir-faire particulier du fait de la densité du trafic dans le ciel suisse, un des plus complexes d’Europe, et de la gestion du contrôle aérien militaire, Skyguide veut devenir un acteur important du futur «ciel unique européen» décidé en 1999 par l’Union européenne.

Skyguide espère décrocher la gestion d’un des futurs centres de contrôle européens, le centre alpin «UAC Alps» en collaboration avec d’autres prestataires.

La catastrophe d’Überlingen a jeté une lumière sombre sur l’entreprise, mais les mesures prises suite au crash pourraient se révéler un atout.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

– La société anonyme de droit public Skyguide est détenue à 99,85% par la Confédération. Née en 2001 de l’ancienne Swisscontrol et du contrôle aérien militaire, elle emploie 1400 collaborateurs en Suisse, dont environ 900 travaillent aux écrans radars.

– Skyguide guide environ 3000 avions par jour, soit 1 million par an, dans un espace aérien qui est un des plus complexes d’Europe, étant donné la situation géographique de la Suisse.

– Le 11 septembre 2001 et la crise du secteur aérien a provoqué une baisse des mouvements d’avions de 3,9% en 2002.

– Grâce à diverses mesures d’économies (gel des salaires), Skyguide a néanmoins réussi à rester dans les chiffres noirs, en dégageant un bénéfice net de 10,8 millions en 2002.

– Skyguide a créé 25 postes supplémentaires pour sa division de gestion de la sécurité et une dizaine pour la technique.

– L’entreprise espère obtenir la gestion d’un des futurs centres régionaux de contrôle aérien d’Europe, le centre alpin «UAC Alps».

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