Swiss, 3000 emplois supplémentaires s’envolent

André Dosé présente le plan de la dernière chance pour Swiss. Keystone

La compagnie aérienne supprimera 3000 postes de travail supplémentaires et réduira sa flotte de 34 appareils.

Les mesures annoncées mardi en début d’après-midi seront effectives dès l’entrée en vigueur de l’horaire d’hiver.

Pour la énième fois depuis sa création en avril 2002, Swiss annonce un nouveau redimensionnement. Il devrait lui permettre d’économiser 1,6 milliards de francs supplémentaires alors qu’elle perd deux millions chaque jour.

«Le nouveau plan d´activité sera un succès seulement si chacun y met du sien», insiste André Dosé. Le patron de Swiss estime que son coût oscillera entre 150 et 200 millions de francs sur les douze prochains mois.

Une tactique que le directeur de la revue Interavia ne considère pas comme désespérée. Selon Oliver Sutton, elle augmente en effet les chances pour la compagnie helvétique de conclure enfin une alliance.

«Swiss pourrait maintenant devenir une proie intéressante dans le cadre d’une acquisition, précise le spécialiste. Tant qu’elle conservait des surcapacités, personne ne s’y intéresserait.»

Partenaires touchés

Les sacrifices consentis en raison de la dégringolade du marché du transport aérien sont les plus importants de l’histoire de la jeune compagnie. A bien des égards, ils rappellent ceux de la défunte Swissair.

Dorénavant, la flotte de Swiss ne comptera donc plus que 74 appareils (18 long-courriers, 21 moyen-porteurs et 35 avions régionaux).

La mesure ne manquera pas de se répercuter sur les entreprises partenaires de la compagnie aérienne helvétique.

D’ailleurs, Swissport a fait savoir mardi après-midi qu’elle allait devoir probablement procéder à la suppression de 350 postes de travail en Suisse et 100 à l’étranger à cause du redimensionnement de Swiss.

De son côté Unique Airport à Zurich, précise qu’il a commencé à supprimer des postes dès le début du mois de juin d’après ses propres analyses de marché.

«Nous allons réduire nos capacités de 30 postes d’ici le milieu de l’année prochaine, déclare Andreas Siegenthaler, porte-parole de l’aéroport zurichois, et les mesures annoncées aujourd’hui n’y changeront rien».

Quant à Swisscargo (fret), Gate Gourmet (restauration de bord) et SR Technics (assistance technique), elles risquent bien de faire également les frais du nouveau modèle d’affaires (business plan) de la compagnie.

Joseph Deiss choqué

Sur les quelque 9000 salariés que compte encore Swiss, 650 pilotes vont être licenciés, ainsi que 850 membres du personnel de cabine et 1.500 agents du personnel au sol.

Un remède de cheval. D’ailleurs, le ministre suisse de l’Economie se dit «choqué» par l’ampleur de ces nouveaux licenciements. Au point que Joseph Deiss n’exclut pas une intervention de la Confédération.

L’Etat ne participera pas au financement d’un plan social. En revanche, il pourrait s’impliquer dans la mise sur pied d’une structure qui devrait permettre à ceux qui le souhaitent de trouver un nouvel emploi ou de se reconvertir.

C’est le Secrétariat d’Etat à l’économie (seco) qui a été chargé du dossier. Il devrait travailler en collabroation avec Swiss et les cantons.

Par ailleurs, le chef du Département de l’économie dément l’information selon laquelle Swiss bénéficierait de nouvelles aides financières par le biais de la garantie contre les risques à l’exportation.

Mardi, Joseph Deiss a confirmé qu’aucune demande officielle en ce sens n’avait été faite. Mais, poursuit-il, si une telle demande était déposée, elle ferait, bien sûr, l’objet d’un examen.

Syndicats irrités

Compte tenu de l’ampleur des suppressions de postes de travail, la compagnie entend trouver elle-même des solutions acceptables avec les syndicats.

Une attitude qui ne manque pas d’irriter lesdits syndicats. Ils soulignent l’incompétence de la direction de Swiss.

«L’assainissement de Swiss ne réussira pas via la réduction annoncée de la flotte», fait savoir par communiqué le Syndicat des services publics (SSP).

Il considère en outre que cette restructuration arrive trop tard pour remettre, à elle seule, la compagnie à flots.

Pour Swiss, l’accession à la rentabilité consiste en un réajustement du réseau. Qui doit être allégé de 35% des lignes existantes.

La nature et le nombre de destinations supprimées sont actuellement en cours d’évaluation.

500 millions de plus

Selon son objectif actuel, Swiss entend «tout faire afin que ses liquidités ne tombent pas sous les 500 millions de francs à la fin de l´année en cours».

A cet effet, André Dosé estime que la compagnie a besoin de 500 millions de francs pour pouvoir garantir un niveau suffisant de ses liquidités.

Le directeur exécutif de Swiss ne croit plus que son salut financier viendra de la Confédération.

Raison pour laquelle, il va s´efforcer d´engager, dans les meilleurs délais, des négociations avec des instituts financiers.

swissinfo et les agences

En bref

– Actuellement, Swiss dessert 99 destinations (58 européennes et 41 intercontinentales dans 56 pays).

– La compagnie emploie plus de 9000 personnes et gère une flotte de 112 avions.

– Selon le plan annoncé mardi, Swiss supprime 3000 emplois et 34 avions supplémentaires.

– 650 pilotes vont être licenciés, ainsi que 850 membres du personnel de cabine et 1500 agents du personnel au sol.

– Ces licenciements vont engendrer des coûts de restructuration estimés entre 150 et 200 millions francs en 2003 et 2004.

– Grâce à ces suppressions d’emplois, Swiss – qui perd actuellement 2 millions de francs par jour – espère économiser un milliard et demi de francs.