Swiss bat toujours de l’aile
La nouvelle compagnie aérienne nationale a annoncé vendredi une perte proche du milliard de francs et un chiffre d'affaires consolidé de 4,278 milliards de francs pour sa première année d'existence.
La direction de Swiss rappelle que ces résultats sont meilleurs que prévus.
Issue de la fusion entre la compagnie régionale Crossair et d’une partie des activités de l’ancienne compagnie nationale Swissair, Swiss a pris son envol le 1er avril 2002.
Pour son premier exercice comptable, la nouvelle compagnie nationale enregistre un résultat d’exploitation négatif de 909 millions de francs et une perte effective de 980 millions de francs
322 millions de dépenses extraordinaires
Des chiffres qu’elle attribue principalement à des dépenses extraordinaires à caractère unique.
Ainsi, à eux seuls, la transformation de la compagnie régionale européenne Crossair en entreprise de transport aérien d’envergure intercontinentale et le lancement de la marque Swiss ont coûté 180 millions de francs.
Et les amortissements extraordinaires de la flotte d’avions ainsi que les frais intervenus dans le cadre du sursis concordataire de SAirGroup ont aggravé la perte.
Un réseau déjà ajusté
A fin 2002, la somme au bilan s’est montée à 4,668 milliards de francs. Les liquidités, les investissements à terme et les papiers-valeurs à intérêt fixe, eux, se sont élevés à 1,256 milliard.
Après comptabilisation de la perte, les fonds propres de la compagnie se sont établis à 1,709 milliard, soit un ratio de 36,6%.
La conjoncture défavorable du secteur a récemment poussé Swiss à annoncer la suppression de 700 emplois supplémentaires et la réduction de sa flotte de vingt avions (dont 17 régionaux).
Une mesure qui entrera en vigueur dès le 30 mars. Mais qui ne suffit pas à rassurer les spécialistes et les analystes.
Un business plan obsolète
En effet, les spécialistes et les analystes ne cachent pas leur déception. Bien que les résultats de Swiss pour 2002 soient légèrement supérieurs aux prévisions du business plan.
S’ailleurs, ils estiment que les projections commerciales faites à la naissance de la compagnie aérienne sont obsolètes.
«Swiss ne peut se référer à une partie du business plan pour dire qu’elle fait mieux et omettre dans le même temps que ce même plan prévoyait aussi le retour à l’équilibre en 2003 et des bénéfices en 2004», fait remarquer Pierre Condom.
Selon le directeur de la revue Interavia, il faut impérativement que Swiss soumette un business plan révisé.
Annoncer des restructurations tous les trois mois n’est pas une stratégie. La compagnie a impérativement besoin d’une vision.
Il est important que Swiss dégage davantage de bénéfices sur ses lignes et les passagers que sur les taux d’occupation, ajoute Christoph Bohli analyste de la banque Sarasin.
Egalement déçue par les résultats, la Banque cantonale de Zurich (BCZ) relève qu’au 4e trimestre, la perte est presque deux fois plus élevée que prévu et que les prévisions pour 2003 ont été relevés à 450 millions de francs (250).
La réaction des partis politiques
Pour l’Union démocratique du centre (UDC), le projet de Swiss a toujours été davantage politique qu’économique. Or, c’est désormais une évidence, il n’est pas viable économiquement.
Les autres partis gouvernementaux exigent que des mesures soient immédiatement prises pour rendre la compagnie rentable.
Pour les socialistes, les dirigeants de Swiss doivent «prendre rapidement des mesures pour que la compagnie atteigne une taille idéale et ne se retrouve pas dans la même situation que Swissair».
Selon les démocrate-chrétiens, «des économies rigoureuses doivent être faites. Notamment en ce qui concerne l’acquisition de nouveaux avions».
swissinfo et les agences
– Après une année d’existence, Swiss enregistre une perte de 980 millions de francs.
– Même si ce résultat est supérieur aux prévisions du modèle d’affaires de la compagnie aérienne, les spécialistes restent sceptiques.
– Compte tenu des difficultés qui entachent le secteur aérien, il est impératif que Swiss révise son modèle d’affaires.
– Une situation qui permet à l’UDC de fustiger le gouvernement qui a investi plus de deux milliards de francs pour garder une compagnie nationale.
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