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Swiss respire: les pilotes de l’ex-Crossair plient

Après de nombreuses manifestations, les pilotes ont fini par accepter la restructuration. swissinfo.ch

Vendredi soir à Zurich, les anciens pilotes Crossair ont accepté par 74% des voix le licenciement de plus de 500 d’entre eux contre dédommagement.

Concernant la compagnie, les rumeurs sur une option de sursis concordataire se multiplient.

Le résultat surprend: 74% de oui, 140 non contre 396 oui en faveur de l’accord conclu mi-juillet entre le syndicat Swiss Pilots Association (SPA, ex-Crossair) avec la direction de Swiss.

La révolte qui grondait dans les rangs des pilotes avant l’assemblée générale extraordinaire, qui s’est tenue vendredi soir à huis clos près de l’aéroport de Kloten, laissait en effet présager un résultat plus serré.

Beaucoup de pilotes rejetaient «moralement» un accord qui revient, selon eux, à acheter leur silence, voir à les «corrompre», pour les plus remontés.

«Rageant»

«La justice nous a donné raison deux fois, ça fait un an et demi qu’on se bat pour être reconnu, et on doit laisser tomber. C’est un peu rageant», dit ce premier officier.

«C’est scandaleux même, renchérit un Romand. On se fout de la gueule du peuple suisse. C’est son argent qui est gaspillé!»

Quant aux indemnités, il résume: «Près de la moitié partira en impôts. On va très vite se retrouver à la charge de l’Etat, au chômage.»

En échange d’indemnités et d’une protection contre le licenciement pour ceux qui resteront, Swiss Pilots a en effet renoncé à l’application du dernier verdict du Tribunal arbitral de Bâle, qui obligeait Swiss à licencier à égalité les anciens de Swissair et les anciens de Crossair.

L’accord prévoyait le licenciement de 559 pilotes. Swiss Pilots a ramené ce chiffre à 526, sur 950 postes à plein temps. Le dédommagement unique sera de 140’000 francs par capitaine et de 85’000 francs par co-pilote

«Voter contre mon collègue? Non!»

«Je suis commandant et lui est mon co-pilote ,dit ce quadragénaire alémanique en désignant son collègue. Et je devrais voter pour le licencier? Je ne peux pas faire ça.»

Si les jeunes sont quasi assurés de faire partie des licenciés, les plus âgés peuvent espérer garder leur place. Ce sont souvent eux qui évoquent «la moins mauvaise des solutions».

Une solution qui l’a finalement emporté. «Nous avons voté avec la raison et non avec notre cœur», ont déclaré de nombreux pilotes au terme de la réunion, peu avant 23 heures.

Peur de passer pour les méchants

«C’était très animé, raconte un pilote zurichois. Beaucoup de gens ont peur de passer pour les méchants, pour ceux qui feront capoter la compagnie. Walter Bosch a réussi à calmer le jeu.»

Déjà crédité du succès de l’accord conclu mi-juillet, Walter Bosch, membre du conseil d’administration de Swiss récemment élu, ne cachait pas avoir vécu une réunion très éprouvante.

«Oui, ça a été dur, a-t-il déclaré à swissinfo. Beaucoup de pilotes ont été très critiques. Notre principal problème est le manque de confiance.»

Encore de la méfiance

Dans son communiqué, Swiss Pilots maintient d’ailleurs sa méfiance, à demi-mots. «Nous craignons encore et toujours une société à deux vitesses au sein des pilotes. Walter Bosch s’est engagé personnellement à tout mettre en oeuvre pour l’égalité des pilotes», écrit le syndicat.

David Bieli, président de Swiss Pilots, était plus positif en évoquant un «nouveau départ» et une véritable volonté de construire quelque chose avec les anciens pilotes de Swissair.

«Beaucoup de points concrets doivent encore être réglés. C’est pour cela que de nombreux pilotes se sentent désécurisés.» L’accord est toujours en cours d’examen par un avocat, a précisé David Bieli.

Au total, l’accord pourrait coûter environ un tiers des 200 millions prévus pour tous les plans sociaux, y-compris ceux concernant les autres organisations du personnel.

Sursis concordataire évoqué

Du côté de la compagnie, les rumeurs se multiplient avant la réunion du conseil d’administration lundi à Bâle.

Outre différents modèles de collaboration avec une compagnie étrangère, un scénario de sursis concordataire serait en discussion, selon le Tages-Anzeiger de samedi.

«Swiss a déjà sondé la Confédération, pour savoir quelle serait sa réaction si elle demandait un sursis concordataire afin d’éviter tout risque de faillite», déclare ainsi Peter Vollmer, président socialiste de la commission des transports du Conseil national, au quotidien zurichois.

«Business plan très réussi»

Interrogé vendredi soir, Walter Bosch répond qu’aucune décision ne sera prise lundi à Bâle et qu’il y aura une nouvelle réunion le 18 août.

«Nous discutons plusieurs scénarios et nous examinerons le nouveau business plan, qui est à mon avis très réussi.»

Le 24 juin, Swiss avait annoncé qu’elle supprimait 3000 de ses 9000 emplois et qu’elle recherchait un crédit de 500 millions de francs.

Depuis, des accords ont été passés avec toutes les associations de personnel. Les négociations avec les fournisseurs ne sont pas encore terminées. Et le crédit n’a pas encore été trouvé.

Des analystes avaient calculé début juillet que Swiss perdait plus de 4 millions de francs par jour et qu’à ce rythme, les caisses seraient vides à la mi-octobre.

Et l’on reparle de British Airways

Cet état de santé précaire alimente encore les rumeurs les plus diverses. Délaissant momentanément le feuilleton relatif à une entrée de l’allemande Lufthansa dans son capital, la presse dominicale a une nouvelle fois évoqué la piste British Airways (BA).

Celle-ci consisterait à rejoindre Oneworld, alliance comprenant aussi American Airlines, le partenaire de Swiss aux Etats-Unis. Un scénario privilégié par la compagnie depuis le début. La porte-parole Elle Steinbrecher a répété à l’ats que Swiss négociait avec nombre d’acteurs en vue d’une coopération, notamment BA.

swissinfo, Ariane Gigon Bormann, Zurich

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