Swiss: rien que de la cosmétique
La presse suisse ne s'étonne pas des difficultés de la compagnie aérienne Swiss. Elles étaient prévisibles dès le départ.
Les commentateurs sont par ailleurs sceptiques face à la restructuration annoncée mardi, d’autant plus que l’avenir est incertain.
Pour les analyses, force est de constater que cette restructuration était inévitable. «La cure d’amaigrissement de Swiss était inscrite dans les astres», note ainsi La Liberté.
Pas une sinécure
«Dès le départ, il était clair pour tous que créer une nouvelle compagnie aérienne ne serait pas une sinécure», note pour sa part l’Aargauer Zeitung.
Le problème, c’est que, sous le coup de l’émotion de la faillite de Swissair, la Suisse a vu trop grand lors de la création de Swiss. L’Agefi est à ce propos très sévère.
«L’erreur de marché ne pardonne pas. Voilà une société recapitalisée dans l’urgence par un Conseil fédéral rendu aveugle par l’émotion créée au lendemain du grounding de Swissair qui doit, après neuf mois déjà, revoir son business plan», note le quotidien économique.
«On l’a dit maintes fois: sa renaissance tient davantage de la volonté politique, appuyée par une forte émotion nationale, que de la pure rationalité économique», renchérit Le Temps.
Des demi-mesures
Les mesures de restructuration annoncées mardi par Swiss ne satisfont pas les commentateurs. Ainsi, pour 24 Heures, «la compagnie opte pour des demi-mesures». Pour le Corriere del Ticino, penser que Swiss retrouvera bientôt les chiffres noirs ne peut que soulever une «certaine perplexité».
Nombre d’autres journaux sont du même avis. «Même avec les mesures d’économies annoncées, il n’est pas réaliste de croire que Swiss va quitter la zone de turbulence l’an prochain», note le Tages Anzeiger.
D’autres mesures sont donc inévitables. «Même après cette restructuration, Swiss reste trop grosse pour la Suisse. Une nouvelle restructuration n’est pas à exclure», note la Basler Zeitung.
«Force est de constater que les mesures annoncées hier par Swiss ne sont ni crédibles ni suffisantes au regard de la volonté affichée de ne plus enregistrer de pertes en 2003», écrit pour sa part la Tribune de Genève. «Comment peut-on prétendre atteindre aussi rapidement des chiffres noirs en procédant à des économies de bouts de caravelles?», ajoute le journal.
Le plus mauvais moment
Il sera d’autant plus difficile pour Swiss de retrouver les chiffres noirs que la conjoncture actuelle n’est pas vraiment favorable aux compagnies aériennes.
«Les prochains moins s’annoncent particulièrement périlleux, avec une guerre en Irak, hypothèse qui fait peser une épée de Damoclès sur tout le secteur aérien», écrit par exemple la Liberté.
«Ce retour sur terre se fait dans les pires conditions: celles d’une activité mondiale en stagnation – sans espoir d’un redressement rapide – et d’incertitudes géopolitiques à leur point culminant», ajoute Le Temps.
Mais pour les différents chroniqueurs une chose est sûre: il n’est pas question de verser à nouveau de l’argent public dans une compagnie aérienne.
«Swiss mendiant l’argent du peuple après Swissair: il ne manquerait vraiment plus que cela pour sublimer notre bonheur d’être Helvètes», note La Liberté.
Par ailleurs, d’aucuns estiment que l’intervention de l’Etat dans ce domaine n’est pas souhaitable. «Les ratés du business modèle de Swiss montrent par l’absurde que toute démarche volontariste de l’Etat mène logiquement à l’erreur», conclut l’Agefi.
swissinfo/Olivier Pauchard
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