Swiss s’offre un bol d’air grâce à Japan Airlines
La compagnie aérienne suisse a scellé une alliance avec Japan Airlines (JAL) et un partage de code avec Qantas.
Ces accords tombent à pic. Car la survie de Swiss dépend aussi de son accès à un marché asiatique en plein boom.
Pieter Bouw a convaincu Isao Kaneko. Le président du Conseil d’administration de Swiss et celui de JAL ont signé, jeudi à Tokyo, un accord de partenariat particulièrement ambitieux.
Le partage de code en est la première mesure la plus visible. Dès le 1er avril, les deux transporteurs opéreront en commun certains vols sur la ligne Tokyo-Zurich.
A partir de Tokyo, Japan Airlines placera ses passagers dans quatre des six vols assurés chaque semaine vers Zurich par Swiss.
Réduction drastique de la voilure de Swiss
En sens inverse, la compagnie japonaise partagera un avion MD-11 de Swiss trois fois par semaine. Quant à Swiss, il placera ses passagers dans un avion de JAL du même type, une fois par semaine à partir de Tokyo.
Plus tard, les deux partenaires se serviront de Tokyo-Narita et de Zurich comme plaque tournante (hub) pour offrir à leur clientèle respective des liaisons vers d’autres pays d’Asie, l’Europe du Sud et de l’Est ou l’Afrique.
La dernière réduction drastique de la voilure de Swiss (700 emplois supprimés, réduction de 15% de sa flotte) annoncée début mars n’empêche pas Pieter Bouw de regarder au-delà de l’Europe, vers l’Asie en particulier, pour assurer la survie de la compagnie helvétique.
«L’Europe gardera, bien sûr, son importance pour nous. Et nous y renforcerons notre présence. Mais le potentiel de croissance le plus grand pour Swiss se trouve en Asie, en Amérique du Nord et en Afrique», déclare à swissinfo Pieter Bouw.
L’Asie est le marché aérien au monde qui connaît les taux de croissance les plus élevés. En dépit des risques de guerre avec l’Irak et le ralentissement de l’activité économique en Amérique du Nord.
Un tour de force de Pieter Bouw
«Nous voulons participer à cette croissance de l’Asie par des accords de partenariat avec JAL et d’autres compagnies de la région, notamment en Chine. Nous dépendons déjà de cette partie du monde pour 25% de notre chiffre d’affaires global», ajoute Pieter Bouw.
Avoir réussi à convaincre JAL de s’allier avec un canard boiteux comme Swiss relève presque du tour de force. Pieter Bouw y est parvenu.
«Cela prouve que les Japonais sont moins pessimistes que les Suisses sur l’avenir de la compagnie helvétique», observe Jeff Tudor, un porte-parole de Japan Airlines à Tokyo.
«Nous savons que les avions de Swiss sont remplis entre Tokyo et Zurich à 80% ou 90% de leur capacité. C’est l’une de ses routes les plus profitables. Et comme les touristes japonais continuent d’aimer la Suisse, nous avons intérêt à nous allier avec Swiss», note-t-il encore.
Swiss et Japan Airlines estiment plus avantageux de conclure des accords bilatéraux que de s’intégrer dans des alliances multilatérales qui ne cessent de changer de forme. Cela leur permet de choisir leurs partenaires et d’offrir un meilleur service à leur clientèle.
Un pas supplémentaire pour rejoindre Oneworld
Pour Sepp Moser, analyste dans le domaine de l’aviation, l’accord conclu par Swiss est positif pour le développement de la compagnie helvétique.
L’analyste fait toutefois remarquer que le partage de codes conclu avec JAL représente un accord beaucoup plus limité que le «partenariat stratégique» déjà existant entre Swiss et American Airlines.
Cet accord conclut avec JAL va bien plus loin que le simple partage de codes. Il faut considérer cette démarche dans le cadre de la tentative de Swiss pour rejoindre l’alliance Oneworld qui inclut notamment British Airways et American Airlines.
Participer à ce réseau mondial permettrait à la compagnie suisse de diminuer ses coûts de fonctionnement et d’augmenter le nombre de ses passagers. Mais, pour le moment, le rapprochement souhaité ne s’est pas fait.
Cependant, avec sa stratégie consistant à signer différents accords avec d’autres transporteurs aériens, Swiss augmente les chances de rejoindre l’alliance, estime l’analyste. L’accord signé avec JAL doit donc être placé dans ce contexte.
«JAL n’est pas membre de Oneworld, mais la compagnie japonaise est très proche de nombreux membres de l’alliance, explique Sepp Moser. Pour Swiss, l’accord passé avec JAL est donc un pas dans la bonne direction.»
Accord avec Qantas aussi
A noter par ailleurs que, suite à un autre accord, avec Qantas cette fois, Swiss sera présente en Australie dès le 31 mars.
Le vol Zurich-Sydney sera assuré par des avions de Swiss de Zurich à Francfort, puis par Qantas de Francfort à Sydney.
Grâce à ce partage de code avec Qantas sur l’Australie, la compagnie aérienne helvétique est déromais présente sur les cinq continents.
swissinfo, Georges Baumgartner à Tokyo et Morven McLean
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