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Swiss se porte mieux que prévu

La compagnie Swiss devrait être amenée à redéfinir ses destinations. swissinfo.ch

La compagnie annonce un déficit de 447 millions de francs au 1er semestre 2002. Une perte moins importante que prévue.

Durant la même période, Swiss a réalisé un chiffre d’affaires de 1,754 milliard de francs. Lui aussi meilleur que les prévisions.

Née en avril sur les cendres de Swissair réanimées par Crossair, Swiss (International Air Lines) a derrière elle un premier semestre émaillé d’incidents plus ou moins graves.

Pannes à répétition nécessitant l’achat de nouveaux réacteurs. Changements de personnes au sein des instances dirigeantes. Et manœuvres plus ou moins habiles avec la Berne fédérale.

Durant les six premiers mois de cette année, les gros titres n’auront été que rarement positifs pour la toute jeune compagnie. Et il n’est pas sûr que la présentation des résultats, lundi à Bâle, suffise à changer la donne.

Au-dessus de 400 millions de francs

Des chiffres circulaient depuis une dizaine de jours. Et le directeur général de Swiss, lui-même, distillait quelques confidences.

Oui, confiait en substance André Dosé dans l’hebdomadaire économique Cash, les résultats sont meilleurs que prévus. Mais, ajoutait-il, parler d’euphorie serait déplacé, car les chiffres sont dans le rouge.

La perte opérationnelle pour le premier semestre s’établit donc finalement à 447 millions de francs, soit un tiers de moins que ce prévoyait le business plan.

Extrapolée sur une année, elle atteindrait entre 800 millions et 900 millions de francs, soit moins que le 1,1 milliard de francs inscrit au budget.

D’ailleurs, Swiss l’a confirmé lundi, pour l’ensemble de l’exercice 2002, elle table sur une perte qui devrait se situer dans ces eaux-là.

Et elle s’attend à un chiffre d’affaires légèrement supérieur à 4 milliards de francs.

A noter toutefois, à titre de comparaison, que Lufthansa et British Airways ont toutes deux réalisé des bénéfices au premier semestre 2002.

Tarifs trop bas?

Pour André Dosé, la partie ne sera toutefois pas facile à jouer. Il lui faudra notamment convaincre tous ceux pour qui la perte a été artificiellement gonflée lors de l’établissement du business plan, au moment où l’injection des fonds publics était âprement discutée.

Pour mémoire, les collectivités publiques détiennent près de 35% du capital de Swiss, dont 20,3% pour la seule Confédération.

De même, la compagnie n’a pas encore apporté la preuve que le bon taux de remplissage de ses avions rapportait quelque chose à la compagnie (66,1 % en moyenne au cours du 1er semestre contre 49 % prévus dans le business plan).

Selon Swiss, ce taux d’occupation a encore augmenté en juillet et août. Et les 9,7 millions de passagers prévus pour 2002 seront dépassés. Mais, selon les analystes, les tarifs pratiqués pour séduire la clientèle seraient trop bas pour rentabiliser les coûts.

Et le plus difficile est peut-être encore à venir. En effet, selon le business plan, l’équilibre financier devrait être atteint en 2003 déjà.

«Un but ambitieux, mais réaliste», soutenait récemment André Dosé dans Cash. Pour autant, ajoutait-il, qu’il n’y ait pas de guerre en Irak et que la compagnie ne soit pas trop pénalisée par un franc fort.

Le directeur général de Swiss rappelait également qu’aucune réserve financière n’était disponible. C’est pourquoi, selon lui, les revendications des pilotes de l’ex-Crossair – dont il ne veut pas dévoiler le montant – ne peuvent pas être satisfaites.

Les pilotes de l’ex-Crossair déposent plainte

Pour mémoire, en juillet, le Tribunal arbitral de Bâle avait donné raison aux 1050 ex-pilotes de Crossair (830 autres viennent de Swissair). Il avait jugé que la nouvelle convention collective de travail (CCT) était discriminatoire à leur égard, notamment concernant les salaires.

Depuis, la direction a fait un geste en proposant une rallonge de 16 millions de francs. Mais, jusqu’ici, le syndicat des pilotes de l’ex-Crossair a refusé l’offre. Il a même déposé une plainte contre Swiss jeudi.

Cette toute nouvelle action porte sur les critères de la nouvelle CCT qui déterminent quels seraient les premiers pilotes à être licenciés en cas de redimensionnement de la compagnie.

La position de Swiss Pilots est claire: pas de société à deux vitesses dans les cockpits de Swiss et une égalité de traitement légitime de tous les pilotes de Swiss pour les vols européens.

S’exprimant sur le conflit avec les pilotes, André Dosé a assuré lundi qu’il n’existe pas de projet visant à séparer Swiss en deux compagnies. Et il a tenu à faire taire les rumeurs qui évoquent la suppression imminente de quelque 300 emplois.

Il n’y a pas de redimensionnement en vue, a souligné lundi le patron de la compagnie. Swiss s’en tient à son business plan.

Une alliance éventuelle avec Oneworld

Autre sujet délicat, l’arrivée attendue de Swiss dans l’alliance Oneworld (Aer Lingus, American Airlines, British Airways, Cathay Pacific, Finnair, Iberia, LanChile, Qantas).

Un projet qui fait l’objet de déclarations contradictoires de part et d’autre. Quoi qu’il en soit, André Dosé a redit sa confiance dans l’aboutissement des négociations avec British Airways. Tout en demettant que Swiss a fait preuve d’un peu trop d’optimisme.

Principale pierre d’achoppement: la flotte long-courrier de Swiss, vue comme une menace par les Anglais. André Dosé assure à ce propos que le maintien de toute la flotte des longs-courriers est acquis.

Aux yeux de nombreux observateurs, la taille de la compagnie (actuellement au quatrième rang européen) est cependant le principal obstacle à sa survie.

Redimensionner Swiss leur paraît donc inéluctable. De même qu’une redéfinition de ses destinations.

Il faudra bien une nouvelle campagne de publicité pour convaincre et séduire. La compagnie a déjà décidé d’y allouer 55 millions de francs.

Gagner en fiabilité

Au final, estime la direction, le résultat financier est «satisfaisant». Notamment grâce à une «surveillance des prix rigoureuse». Et d’ajouter que «l’entreprise est proche de sa vitesse de croisière».

Swiss reconnaît, toutefois, que des efforts doivent être faits au niveau de la clientèle. Le service et le confort au sol et en vol n’ont pas encore atteint le niveau espéré: «Le client ne reçoit pas encore partout le produit que la compagnie voudrait lui offrir».

Quant à l’exploitation de la flotte, elle doit encore «gagner en fiabilité». Trop de vols ont été annulés ou retardés pour des problèmes techniques, admet la compagnie.

Enfin, concède Swiss, le mélange des cultures d’entreprise – entre l’ex-Swissair et l’ex-Crossair – n’est pas encore réalisé.

swissinfo avec les agences et Ariane Gigon Bormann à Zurich

Le syndicat des pilotes de l’ex-Crossair a déposé plainte contre Swiss
Perte opérationnelle pour le 1er semestre 2002: 447 millions de francs
35% du capital de Swiss est détenu par les collectivités publiques
20,3% par la Confédération

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