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Swiss: syndicats et personnel en colère

Jusqu'où la compagnie aérienne devra-t-elle encore maigrir? Keystone

Syndicats et associations du personnel de Swiss critiquent vivement la décision de réduire la flotte régionale et de sacrifier un millier d’emplois.

Une colère qui contraste avec la satisfaction affichée par les milieux de la droite politique.

Le conseil d’administration de Swiss tente de faire porter aux employés le fardeau des coupes sombres que la compagnie doit opérer pour assurer sa survie, estiment globalement les syndicats.

Le transporteur délègue aux associations d’employés les décisions stratégiques, qui passent notamment par des concessions salariales, «mais ce n’est pas notre travail», lance Urs Eicher, président du syndicat du personnel de cabine Kapers.

Les syndicats de pilotes Aeropers (ex-Swissair) et Swiss Pilots (ex-Crossair) paratagent ce point de vue. «C’est un exercice alibi», estime Christoph Frick, président de Swiss Pilots.

La crainte du rachat



Au SEV-GATA, qui regroupe une partie des employés au sol, le président Philipp Hadorn craint que ce redimensionnement ne laisse présager une reprise par un concurrent.

Chez PUSH, syndicat qui recrute dans les mêmes rangs que le précédent, le président Richard Dunkel estime quant à lui qu’il n’y a que très peu de marge de manoeuvre pour restructurer au sein des employés qu’il représente.

A la section transport aérien au Syndicat suisse des services publics (SSP/VPOD), Daniel Vischer estime qu’il faudrait que Swiss corrige les erreurs dont elle est affublée depuis sa naissance. Pour lui, il est nécessaire de séparer le transport régional du reste du groupe.

Hans-Rudolf Merz salue

De son côté, le ministre des finances qualifie de «nécessaire» la nouvelle restructuration. «Je crois qu’il faut réduire les coûts, mais continuer aussi les négociations en vue de trouver des partenaires pour une alliance», déclare Hans-Rudolf Merz.

Point de vue partagé à droite de l’échiquier politique. «Un pas de plus a été effectué pour assurer la viabilité de l’entreprise», estime Reto Nause, porte-parole du Parti démocrate-chrétien.

A l’Union démocratique du centre (UDC, droite dure), Roman Jäggi salue le choix de la compagnie, réaffirmant au passage que «deux milliards de l’argent des impôts» ont été «jetés par les fenêtres» depuis le début de l’aventure.

Quant aux radicaux (droite), que l’UDC attaque sur ce dossier depuis le début, les accusant de «copinage», ils n’ont eux pas voulu commenter les dernières décisions. Ils les jugent «purement économiques».

Au Parti socialiste, le porte-parole Jean-Philippe Jeannerat dit quant à lui «vivement regretter» la nouvelle restructuration. Ces changements de cap permanents ont des «conséquences dramatiques» pour le personnel.

Manque à gagner limité

Les aéroports réagissent avec mesure. Tant Genève que Bâle minimisent l’impact d’un transfert de vols de Swiss à des compagnies partenaires. Cointrin pourrait perdre deux à trois liaisons, engendrant «un petit manque à gagner», estime Philippe Roy, porte- parole de l’Aéroport international de Genève.

Swiss ne représente plus que 15% de parts de marché à l’EuroAirport de Bâle-Mulhouse, explique sa porte-parole Vivienne Gaskell. L’impact d’un retrait au profit de compagnies alliées ne devrait donc pas être énorme.

L’aéroport de Zurich-Kloten, quant à lui, réagit sans triomphalisme, ne souhaitant «pas commenter» les choix de ses clients.

Image égratignée

Analystes et experts abondent enfin sur la nécessité de rationaliser. La compagnie n’en va pas moins perdre de son attractivité et de nouvelles mesures d’économie ne sont pas à exclure, estime Jérôme Schupp, analyste chez Syz & Co.

A l’Université de St-Gall, le professeur Thomas Bieger met en garde contre le risque de se concentrer uniquement sur les long- courriers. La compagnie a besoin d’amener des passagers de transit pour les remplir, fait-il remarquer. Une analyse que partage par Thorsten Ramm, expert allemand en aéronautique.

A la Bourse de Zurich, l’action Swiss termine la journée en hausse de 4,3% à 9,40 francs. Elle avait été suspendue de cotation jusqu’à midi, dans de l’annonce des restructurations.

swissinfo et les agences

– Avant les restructurations annoncées ce mardi, la jeune compagnie aérienne est passée par les étapes suivantes:

– 31 mars 2002: Swiss succède à la compagnie régionale Crossair. Elle dispose de 133 avions, dont 26 appareils long et moyen-courriers hérités de l’ex-Swissair. La nouvelle compagnie démarre avec des effectifs d’environ 12’000 personnes pour 10’500 postes à plein temps.

– 19 novembre 2002: Swiss annonce la suppression de huit avions et de 300 postes de travail.

– 25 février 2003: Face à une forte chute de la demande en Europe, Swiss réduit sa flotte à 112 appareils. Quelque 700 emplois sont supprimés.

– 25 mars 2003: Après une perte de près d’un milliard de francs en 2002, Swiss réduit de moitié, à 30, le nombre d’avions Embraer dont elle avait passé commande au constructeur brésilien.

– 24 juin 2003: Dans le cadre de son nouveau business-plan, Swiss annonce la suppression de 3000 emplois sur les quelque 9000 qui lui restent. La flotte est réduite à 18 appareils long-courriers, 21 moyen-courriers et 35 avions régionaux.

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