Swisscom dans la quadrature du cercle
Bloqué dans un marché suisse trop petit, l'opérateur espère trouver des relais de croissance en Europe et dans le mobile.
Avec un bénéfice net 2002 en chute de 83%, le géant bleu est soumis à la pression de la concurrence et à la baisse des tarifs.
Cela ressemble à la quadrature du cercle. Comment accroître ses revenus alors que l’on est déjà numéro un dans un pays quasi saturé où la concurrence fait rage et que les perspectives de développement à l’étranger sont aléatoires?
Voilà, le dilemme que devra résoudre Swisscom ces prochaines années s’il entend poursuivre sa croissance. L’ex-monopole est désormais au pied du mur.
Une stagnation des ventes
Depuis deux ans, le chiffre d’affaires de l’entreprise de télécommunication stagne autour des 14 milliards de francs. Pire, en 2002, le bénéfice net a chuté de 83% à 824 millions.
Une dégringolade qui s’explique surtout par le fait qu’en 2001 Swisscom avait bénéficié de deux événements exceptionnels. La vente de 25% de sa filiale Mobile au britannique Vodafone pour 3,84 milliards de francs, et la cession d’une partie de ses immeubles pour 568 millions.
Par rapport à ses rivaux, Swisscom jouit d’un atout de poids. Contrairement à la plupart des sociétés de télécommunications qui croulent sous les dettes, le géant bleu affiche une santé financière solide avec une dette nette de seulement 642 millions de francs.
Pourtant, le futur de Swisscom est incertain car ses perspectives sont limitées. Bien que très rentable, le marché suisse des télécommunications est trop petit et proche de la saturation. Les revenus issus de la téléphonie fixe reculent à cause de la forte concurrence qui règne dans le pays au niveau des prix.
Jusqu’ici, cette baisse était largement compensée par la croissance vertigineuse observée dans le secteur des téléphones mobiles. Mais la source est en train de se tarir. Avec un taux de pénétration de 75%, le niveau de saturation guette aussi ce marché.
Un nain en Europe
«Nos possibilités de croissance en Suisse sont quasi nulles », admettait l’an dernier le patron de Swisscom Jens Alder. Le problème c’est que la petite taille de l’opérateur l’empêche de jouer un rôle phare à l’international.
En Europe, Swisscom est un nain. C’est le numéro sept du marché, loin derrière les géants que sont Deutsche Telekom, British Telecom, Telecom Italia, l’espagnol Telefonica, l’anglais Vodafone et France Télécom.
Face à cette impasse, quelles options reste-il à Swisscom? Une première réponse est venue début mars avec l’annonce du développement au niveau européen de réseaux locaux sans fil (ou WLAN pour « wireless local area network ») qui permettent un accès rapide à Internet depuis son ordinateur portable.
Une initiative stratégique
La société a fondé Swisscom Eurospot qui va proposer plus de 800 points d’accès sur le Vieux Continent dans des hôtels, des aéroports, des centres de conférence, des gares, etc.
«C’est une initiative stratégique, estime Jens Alder, aujourd’hui c’est un marché de quelques millions par an mais, s’il décolle, nous parlerons bientôt en centaines de millions».
Swisscom va investir plusieurs dizaines de millions pour des acquisitions et le développement rapide de cette activité qui vise les hommes d’affaires nomades qui désirent avoir accès à Internet, à leur e-mail ou au réseau de leur société.
Reste une grande inconnue: la rentabilité du modèle économique du WLAN. «Il est impossible de dire si et quand cette activité sera bénéficiaire», admet-on chez Swisscom.
L’opérateur espère aussi que les nouveaux produits lancés en 2002, comme les MMS (messages avec image et son) et le GPRS (accès à Internet rapide depuis son téléphone cellulaire), relanceront le marché.
swissinfo, Luigino Canal
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.