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Swisscom dope l’ADSL… mais pas pour tous

L'ADSL version survitaminée de Swisscom n'est pas disponible pour tout le monde Keystone

Le géant bleu vient d'augmenter la vitesse de connexion à Internet. Mais près de 120.000 clients privés ne profiteront pas des nouveaux débits.

De quoi donner des arguments à la concurrence pour qui le monopole de Swisscom sur le dernier kilomètre, même s’il a été levé, freine l’innovation. Le chemin est encore long avant une libéralisation effective.

Les 1,1 millions d’internautes suisses abonnés à l’ADSL, la technologie qui permet de se connecter à grande vitesse à Internet via le fil du téléphone, l’attendaient avec grande impatience. A défaut de baisser ses tarifs, élevés en comparaison internationale, Swisscom a accru, depuis mi-mars, le débit des bandes passantes.

En théorie, le géant bleu a quasiment triplé la vitesse des raccordements. Un client privé qui aujourd’hui utilise une connexion à 600 Kbits/s peut surfer à 2 Mbits/s, et ceci pour le même prix. Le service de 1,2 Mbits/s passe à une vitesse de 3,5 Mbit/s et celui de 2,4 augmente à 5 Mbits/s.

Des vitesses théoriques

Mais la joie d’une partie des utilisateurs s’est transformée en déception. Swisscom précise que «le taux de transfert maximal que peut obtenir le client dépend de son éloignement par rapport au central téléphonique ainsi que de la qualité de son installation intérieure».

En clair, les nouvelles vitesses annoncées sont des valeurs maximales qui sont effectives uniquement dans des conditions optimales. Tout le monde n’en bénéficie pas pleinement. Reste à savoir combien d’abonnés font partie des heureux élus.

La réponse se trouve dans un document de travail interne de Swisscom. Au niveau de la basse vitesse, pas trop d’inquiétude : 89% des actuels clients ADSL600 peuvent profiter pleinement des 2 Mbits/s promis.

Swisscom confirme

Mais ce pourcentage chute déjà à 69% pour les abonnés ADSL1200, et à peine 15% des clients ADSL2400 obtiennent les 5000 Kbits/s. Au total, ce sont près de 120 000 clients privés qui ne bénéficient pas complètement des nouveaux débits.

Pour les entreprises, la situation est encore plus négative puisque seulement 55% des abonnés ADSL1200 Business jouissent de la nouvelle vitesse de 4000 Kbits/s et un maigre 3% des sociétés avec l’ADSL2400 Business obtient réellement les 6000 Kbits/s.

Swisscom se borne à confirmer ces chiffres. «Nous sommes tributaires de la technologie», explique l’opérateur.

L’ADSL peu rentable pour les vendeurs

Du côté des vendeurs d’ADSL (ou ISP pour Internet service provider), c’est plutôt la soupe à la grimace puisque c’est eux qui doivent expliquer à certains clients pourquoi ils ne peuvent bénéficier des nouveaux débits.

L’ADSL n’engendre qu’une très faible marge pour les ISP car ils achètent ce service à Swisscom qui bénéficie de facto encore d’un monopole sur le fameux «dernier kilomètre», le fil de cuivre qui relie le central à l’utilisateur final.

Ainsi, par exemple, Swisscom facture 33,60 francs l’ADSL 2Mégas aux ISP qui le vendent au public entre 44 et 49 francs. Mais, en plus de ce forfait de base, les ISP doivent payer à l’ex-régie fédérale l’utilisation de la bande passante. Plus un abonné est actif sur Internet, plus son fournisseur sera taxé par Swisscom.

Seul l’emballage change

«Si on ajoute les frais de facturation, le marketing et le prix des modems, souvent offerts, nous perdons de l’argent sur ce service», affirme un vendeur.

Tous les fournisseurs d’accès ADSL de Suisse (Bluewin, filiale de Swisscom, Sunrise, Tele2, VTX, etc.) dépendent de l’offre du géant bleu. Ils ne sont que des revendeurs.

«L’offre pour l’ADSL est la même pour tous, c’est celle décidée par Swisscom, seul l’emballage change en fonction des ISP. Nous sommes tributaires de son bon vouloir, seule une libéraliation effective du dernier kilomètre, pour que chaque opérateur ait accès directement à sa clientèle», s’emporte Mathieu Janin, porte-parole de Sunrise.

swissinfo, Luigino Canal

– Swisscom est le principal opérateur du marché suisse des télécoms.
– Le 21 mars 2006, après trois ans de discussions sur la révision de la loi, le Parlement oblige Swisscom à garantir l’accès du dernier kilomètre à ses concurrents durant quatre ans.
– Mais, il faudra attendre plusieurs années avant que les consommateurs puissent bénéficier des premières nouvelles offres.
– Des ordonnances d’application doivent être écrites et soumises au Conseil fédéral (gouvernement) pour que la loi entre en vigueur en 2007.
– Les opérateurs alternatifs (comme Sunrise, Tele2 etc) devront ensuite négocier avec Swisscom de nouvaux prix et de nouveaux services.
– Les deux parties peuvent aussi faire des recours au Tribunal fédéral.

La Suisse compte plus de 1,1 millions d’abonnés à l’ADSL.

Seulement 89% des 715.800 clients ADSL600 pourront profiter pleinement du nouveau débit de 2 Mbits/s.

Environ 97.300 clients possède un débit ADSL1200, mais à peine 69% vont obtenir la nouvelle vitesse de 3,5 Mbit/s.

Sur les 9100 abonnés ADSL2400, un maigre 15% va migrer vers les 5000 Kbits/s.

Au total, ce sont près de 120.000 clients privés qui ne bénéficient pas complètement des nouveaux débits.

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