Swisscom vend sa filiale allemande à perte
L’opérateur de télécommunications cède debitel contre la somme de 994 millions de francs à un groupe d’investisseurs basé en Grande-Bretagne.
Swisscom avait acquis 95% du capital de la société allemande pour 4,3 milliards de francs à l’époque où il voulait décrocher une licence UMTS outre-Rhin.
Lorsque Swisscom achète en juillet 1999 58% de debitel pour 2,6 milliards de francs, l’investissement est présenté comme «stratégique» et les analystes jugent le prix «correct».
Dans les mois suivants, l’opérateur helvétique augmente cette participation à 74, puis à 95%. Il y aura dépensé en tout 4,3 milliards de francs.
A l’époque, debitel est sur les rangs pour l’acquisition d’une licence UMTS, le système de téléphonie mobile de la troisième génération.
«Nous voulons une licence en Allemagne, mais pas à n’importe quel prix», explique alors Swisscom. Et c’est justement le prix qui fera jeter l’éponge au tandem germano-suisse.
Mises aux enchères à 150 millions de francs, les six licences offertes par le gouvernement allemand seront finalement vendues pour 13 milliards chacune!
Une vente attendue…
Refroidi par cette surenchère démentielle, le géant bleu n’en reste pas moins actionnaire principal de debitel. Mais l’investissement n’est plus jugé stratégique.
«Je ne suis pas surpris de cette vente, indique aujourd’hui à swissinfo Serge Rotzer, analyste à la Banque cantonale de Zurich. Pour Swisscom, debitel n’était plus qu’un investissement financier».
Chez Swisscom, on motive cette vente par des «modèles d’entreprise différents» et par «l’impossibilité de dégager les synergies attendues».
…à un groupe d’investisseurs
L’acquéreur de ce paquet d’action est Telco Holding, une société d’investissement basée au Luxembourg, elle-même gérée par Permira, société d’investissement britannique.
Sur les 994 millions de francs du prix de vente, Swisscom n’en touchera que 670 cette année. Le géant bleu a en effet consenti aux acquéreurs un prêt pour le solde du prix de vente, remboursable selon des modalités que les deux partenaires ne divulgueront pas.
La transaction devra encore recevoir l’aval des autorités cartellaires concernées. Elle devrait prendre effet à fin juin de cette année.
Numéro trois en Allemagne
debitel offre à plus de 10 millions d’Allemands, de Néerlandais, de Français, de Danois et de Slovènes de la téléphonie fixe et mobile et des connexions internet.
L’opérateur emploie près de 3100 collaborateurs. Il est aujourd’hui le troisième plus grand d’Allemagne, mais n’a pas de réseau propre. Il loue par conséquent ceux de ses concurrents.
debitel a réalisé l’an dernier le meilleur résultat de son histoire, frisant pour la première fois les trois milliards d’euros de chiffre d’affaire (4,64 milliards de francs suisses). Son bénéfice 2003 se monte à 87 millions de francs suisses.
Plus d’argent à gagner ailleurs
Il n’empêche: Serge Rotzer juge les marges de l’opérateur allemand très faibles. «Swisscom peut certainement investir son argent ailleurs, ce qui lui rapportera plus», commente l’analyste zurichois.
Et de rappeler que le géant bleu a depuis longtemps un œil sur un autre voisin: l’Autrichien Telekom Austria.
swissinfo et les agences
– Swisscom avait acheté en 1999 95% du capital de l’allemand debitel pour 4,3 milliards de francs.
– Il revend aujourd’hui cette participation à Permira, société d’investissement britannique, pour 994 millions.
– debitel est le troisième opérateur d’Allemagne. Il offre de la téléphonie fixe et mobile et des connexions Internet à 10 millions de clients, répartis entre l’Allemagne, les Pays-Bas, la France, le Danemark et la Slovénie.
– debitel ne dispose pas de son propre réseau. Il loue ceux de ses concurrents. L’opérateur emploie 3100 collaborateurs.
– En 2003, debitel a réalisé le meilleur exercice de son histoire: 87 millions de francs de bénéfice pour 4,64 milliards de chiffre d’affaires.
En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.