Télécoms: la voix débarque sur Internet

Quand l'ordinateur se mue en téléphone. swissinfo.ch

Pour les particuliers comme pour les entreprises, communiquer à bon compte via Internet n’est plus un rêve.

Le mariage de la téléphonie et de l’informatique avec le Web est en passe de révolutionner le secteur en obligeant les opérateurs à revoir leur modèle économique.

VoIP, voilà le dernier acronyme qui fait fureur dans le monde des télécommunications. La technologie Voice over Internet Protocol (VoIP) fait passer les appels téléphoniques par Internet, ce qui permet de réduire drastiquement le coût d’une conversation et de placer sur le réseau informatique la voix et les données.

L’ordinateur se transforme en centre de communication (e-mail, accès à Internet, voix). La VoIP est présentée comme la technologie du futur pour les télécommunications. Les analystes considèrent que dès 2009, elle concernera près de 40% du marché de la téléphonie grand public.

Un logiciel et des appels gratuits

Pour un particulier qui converse régulièrement avec des amis ou parents à l’étranger, c’est la solution idéale.

Si les deux interlocuteurs possèdent un accès Internet à haut débit (ADSL, WiFi ou câble), il suffit d’équiper les ordinateurs respectifs du même logiciel et d’y ajouter un casque et un micro. Les communications de PC à PC deviennent alors gratuites.

Jusqu’à présent, une qualité auditive fluctuante et une installation pas toujours simple entraînaient quelques réticences. Mais ces problèmes s’estompent de jour en jour.

Désormais les fabricants développent leur gamme de produits autour de la voix sur IP et proposent du matériel proche du «plug and play». Il suffit de brancher et l’on peut utiliser directement.

Disponible gratuitement sur Internet, le logiciel Skype, par exemple, rend possible des communications vocales gratuites entre deux ordinateurs équipés d’un micro et d’une liaison à haut débit.

1,5 million d’utilisateurs quotidiens

On peut aussi appeler un téléphone fixe ou un mobile depuis son Mac, son PC ou son «smartphone» en utilisant SkypeOut, mais ce service est payant.

Et oui, la gratuité à une limite. Cette offre «premium» est facturée avec un système de prépaiement, mais le coût de la minute de conversation sur IP est bien inférieure à celle d’un appel classique.

«J’utilise ce logiciel depuis plus d’un an, il fonctionne parfaitement et comme les zones équipées avec des accès à Internet sans fil WiFi se généralisent, je peux téléphoner à n’importe qui via mon ordinateur portable tranquillement assis dans un café», explique Nicolas Rosenthal, co-fondateur de Swisswifi SA, une société active dans les télécoms.

Résultat, sa facture téléphonique a chuté d’environ 30%. Une économie destinée à croître avec le nombre d’utilisateurs de Skype, qui affiche environ1,5 million de clients actifs quotidiennement dans le monde.

Pour l’heure, la suppression totale de la ligne habituelle n’est pas encore d’actualité. Mais avec la multiplication des connexions ADSL chez les particuliers, la voix sur Internet se fait une place au soleil.

Plus complexe pour les entreprises

La VoIP concerne aussi les entreprises, mais l’approche est différente.

«Charger un logiciel sur Internet ne garantit ni la qualité, ni la sécurité, cette solution est peut-être valable pour un particulier, mais sûrement pas pour une entreprise», met en garde un technicien spécialisé travaillant chez un équipementier.

Bien que le service de base soit identique, il faut faire la distinction entre la simple téléphonie sur Internet et la téléphonie sur un protocole Internet qui apporte quasiment toutes les fonctionnalités offertes par un réseau classique. C’est cette seconde solution qui est destinées aux sociétés.

Un réseau complet de téléphonie sur IP est nettement plus difficile et coûteux à mettre en place qu’une simple passerelle voix sur Internet.

La VoIP est surtout attractive pour les administrations publiques et les multinationales. Elles peuvent créer un réseau parallèle privé entre leurs diverses filiales dans le pays et à l’étranger.

Le canton de Vaud a joué les pionniers en basculant vers le système VoIP. En 2005, l’ensemble de son administration, soit 15’000 employés, utilisera cette solution.

Gros potentiel d’économies

Plus le potentiel d’utilisateurs est grand, et plus on parle «entre soi», plus les économies seront importantes. Car le coût d’un appel vers une filiale équipée, dans le pays ou à l’étranger, est nul.

Mais dès qu’un appel sort du réseau IP de l’entreprise vers un appareil classique, la conversation doit être convertie et sera facturée.

Les économies se réalisent donc à moyen terme, car la téléphonie sur IP permet d’unifier l’infrastructure télécoms de l’entreprise et de simplifier la gestion du réseau et des utilisateurs.

«Il est inutile de changer pour changer, précise Denis Waechter, responsable de la Suisse Romande chez l’équipementier 3Com. Cependant, toute entreprise devrait envisager la solution VoIP en cas de déménagement, de renouvellement de son central téléphonique classique ou si elle veut développer de nouvelles applications comme un centre d’appel ou une gestion centralisée de tous les messages».

swissinfo, Luigino Canal

Faits

L’ensemble du secteur des télécommunications est en train de vivre une profonde mutation.
UMTS, solutions sans fil, transfert de la voix sur Internet, convergence entre l’informatique et les télécoms vont révolutionner notre façon de communiquer et nos habitudes de travail.
En 5 épisodes, tour d’horizon des principales technologies d’aujourd’hui et de demain.

En bref

– Avec une connexion rapide à Internet, un logiciel, des écouteurs et un micro, un ordinateur peut se transformer en téléphone.

– Si le correspondant dispose du même équipement, la conversation est gratuite (ou plutôt incluse dans le forfait Internet), quelle que soit sa durée et sa distance.

– Actuellement, 1,5 million de personnes au moins dans le monde utilisent chaque jour ce système.

– En Suisse, Swisscom estime que d’ici deux à trois ans, 60% des communications téléphoniques passeront par ce canal.

– Un appel lancé depuis Internet peut aussi aboutir sur un réseau téléphonique classique, fixe ou mobile. Dès lors, il devient payant.

– Dès l’année prochaine, les 15’000 employés de l’administration cantonale vaudoise ne téléphoneront plus que par le Web.