Taux de chômage au plus haut depuis six ans
En Suisse, le taux de chômage a nettement augmenté l´an dernier. A fin décembre, il était de 4,1%. Et, sur toute l’année 2003, les sans-emploi représentaient 3,7 % de la population active.
Une progression qui contraste avec l’Union européenne où l’évolution du chômage reste inchangée depuis 4 mois.
En moyenne mensuelle, 145’687 personnes étaient chaque mois de l’année 2003 à la recherche d’un emploi. Ce qui représente un bond de 45% par rapport à l’année 2002, où le taux moyen annuel s’était établi à 2,5%.
Par rapport à novembre, la hausse est de 0,1 point, indique le Secrétariat d´Etat à l´économie (seco). A la fin 2003, 162 835 personnes chômaient, soit 6237 de plus qu´un mois auparavant.
«Pour l´emploi, 2003 n´a pas été une bonne année», déplore Jean-Luc Nordmann, chef de la direction du travail au seco.
L´année s´est achevée avec le taux de chômage le plus élevé depuis avril 1998 et la tendance reste à la hausse. Le nombre de demandeurs d´emploi inscrits s´est établi à 206 491 en moyenne annuelle l´an dernier, soit 56 8862 de plus que l´année précédente.
Le bout du tunnel
Cela dit, Jean-Luc Nordmann insiste sur le fait que la situation n´est pas aussi mauvaise que prévue, tant sur l´année que sur décembre. Mieux, qu´elle ne devrait pas tarder à s´améliorer.
Les premiers signes sont d’ailleurs là. En données corrigées des variations saisonnières, le chômage a baissé au cours des deux derniers mois de 2003, finissant à 3,9% en décembre.
Par ailleurs, dans la zone euro, le nombre de demandeurs d’emploi s’est stabilisé.
Depuis quatre mois, le taux de chômage demeure figé à 8,8% de la population active. Sur l’ensemble de l’Union européenne (UE), le taux se monte à 8%. Il est inchangé depuis le mois d’août.
Prendre des mesures
A noter que les organisations syndicales faîtières – Travail.Suisse et l´Union syndicale suisse (USS) – partagent l´analyse de Jean-Luc Nordmann quant à l´embellie attendue cette année.
Pour Serge Gaillard, la croissance de 1,5% attendue pour 2004 ne suffira pas à retrouver le chemin du plein emploi. Pour y parvenir, précise le secrétaire dirigeant de l´USS, il faut que la croissance annuelle du produit intérieur brut (PIB) atteigne 3%.
Travail.Suisse exige des solutions. Il faut, par exemple, continuer à permettre aux chômeurs en fin de droits de participer aux programmes de formation et d´occupation des Offices régionaux de placement (ORP).
Et la centrale syndicale de tirer la sonnette d’alarme. Pour elle, le programme actuel d’économies fédérales risque de transformer le chômage conjoncturel en chômage structurel.
Certains cantons risqueraient alors d´avoir un chômage incompressible très élevé. Avec un taux moyen de 6,5% (2002: 5,1%), Genève serait particulièrement touché.
Un mieux dès le printemps
En janvier, prédit Jean-Luc Nordmann, le taux brut devrait continuer à croître. Il pourrait se stabiliser en février et mars, puis commencer à diminuer dès avril.
Le seco base ses prévisions sur la situation conjoncturelle actuelle qui est caractérisée par une reprise mondiale tirée par l´économie américaine. Ses projections de croissance pour la Suisse en 2004 sont de 1,5%.
La détérioration du marché du travail l´an dernier a généré un excédent de dépenses de 800 millions de francs pour le fonds de compensation de l´assurance-chômage.
De leur côté, les recettes se sont montées à 6,4 milliards de francs, en baisse de 12% sur 2002, et les dépenses à 7,2 milliards, qui se sont envolée de 37%.
Une amélioration financière
Vu que le fonds avait remboursé la totalité de ses dettes à la fin 2002 et même constitué une réserve, il est resté exempt de dettes fin 2003, explique Jean-Luc Nordmann.
Il plongera toutefois dans le rouge dès cette année, avec une dette attendue de 1,9 milliard de francs pour un taux de chômage moyen de 3,9%.
L´exercice 2005 devrait rester déficitaire. Le fonds sera alors débiteur de 2,1 milliards de francs pour un chômage moyen de 2,8%.
Le seco ne prévoit une amélioration de la situation financière qu´à partir de 2006, avec une dette de 1,5 milliard de francs pour un taux de chômage annuel de 2,3%.
swissinfo et les agences
– En Suisse le chômage a poursuivi sa progression en 2003. Le nombre de demandeurs d’emploi a atteint 3,7% de la population active sur l’année, avec une progression à 4,1% sur le mois de décembre.
– Le canton du Jura a demandé une prolongation des indemnités des chômeurs de 400 à 520 jours aux autorités fédérales. Genève et Vaud ont déjà bénéficié de cette mesure.
– Les effectifs des Offices régionaux de placement – organes chargés d’assister les chômeurs dans leurs recherches d’emplois – ont progressé de 32% (3200 personnes). Six nouveaux offices ont été ouverts en 2003.
– Si la reprise économique se poursuit, la tendance pourrait s’inverser dès ce printemps.
– Dans l’Union européenne, le taux de chômage s’est stabilisé à 8% depuis le mois d’août.
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