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Tour de vis sur le permis de conduire

Il sera plus difficile d'obtenir son permis de conduire. Keystone

Dès ce 1er décembre, les élèves conducteurs seront soumis à une période d'essai de trois ans avant d'obtenir leur permis définitif.

Les autorités veulent imposer deux journées supplémentaires de formation dans le but de faire diminuer le nombre d’accidents causés par les jeunes conducteurs.

La nouvelle réglementation touche ceux qui veulent obtenir le permis de conduire des catégories A (motocycles) et B (voitures de tourisme) pour une période probatoire de trois ans après la réussite de l’examen.

Ce n’est qu’après un cours de formation complémentaire qu’ils obtiendront un permis de durée illimitée.

Deuxième cause de mortalité

Les autorités motivent ce changement en invoquant l’amélioration de la sécurité routière. Les statistiques montrent en effet que les nouveaux conducteurs ont causé 3883 accidents en 2004, soit le double de ceux provoqués par les conducteurs de plus de 65 ans.

Les statistiques disent encore que les accidents de la route sont la première cause de décès des 18-24 ans, devant les suicides.

«Leur manque expérience, leur tendance à être trop sûrs d’eux, l’influence des copains et l’alcool peuvent constituer un cocktail très explosif», estime Jolanda van de Graaf, du Centre de compétences pour les routes et la circulation routière.

«Il est donc essentiel que les jeunes soient accompagnés pendant les trois premières années de conduite», précise-t-elle à swissinfo.

Formation en deux phases

Les candidats se verront attribuer un permis de conduire à l’essai valable trois ans (phase 1) après réussite de l’examen. Pendant cette période probatoire, ils devront suivre deux cours de formation complémentaire d’une journée chacun (phase 2).

La première journée, à effectuer dans les six mois après la réussite de l’examen de conduite, vise à reconnaître et apprendre à éviter les situations dangereuses. Avec, notamment, des exercices sur circuit de conduite.

La deuxième journée, à effectuer au plus tôt un an et au plus tard trois ans après l’examen, a pour objectif d’aiguiser la conscience de ses propres aptitudes, optimiser son sens de la circulation, conduire avec égards pour autrui et en respectant l’environnement.

Chaque participant effectue une course dite de feedback, accompagné par l’animateur et d’autres candidats. A l’issue de ces parcours, les accompagnateurs feront part de leurs impressions sur le style de conduite.

En cas de retrait de permis, la période probatoire sera prolongée d’une année. En cas de récidive, son auteur se verra interdire la conduite d’un véhicule.

En ajoutant aux pièces usuelles l’expertise d’un service de psychologie du trafic, il devra demander un nouveau permis d’élève conducteur, qui pourra être établi au plus tôt une année après l’infraction commise.

Réactions mitigées

Les moniteurs d’auto-école sont partagés à propos de ces nouvelles règles.

Ravaldo Guerrini, de l’Association des moniteurs de Suisse orientale, estime qu’elles constituent un pas dans la bonne direction en matière de prévention des accidents.

«C’est un bon message pour les jeunes conducteurs, déclare-t-il à swissinfo. Tous ne sont pas ravis mais s’ils conduisent normalement pendant la période probatoire, il n’y aura pas de problème.»

Jürg Schneider, moniteur à Berne, salue ces nouvelles sanctions contre les auteurs d’accidents et estime que ceux-ci devraient diminuer.

Mais il se dit plus sceptique à propos de la nouvelle formation complémentaire. Ainsi, la première journée pourrait inciter les nouveaux conducteurs à conduire à la limite de leurs capacités, puisqu’ils sauront comment réagir dans des situations dangereuses.

Quant à la deuxième journée, elle risque fort de ressembler à une promenade plutôt qu’à un exercice utile. «A mon avis, ce serait mieux d’élever un peu le niveau de l’examen et d’empêcher certaines personnes de conduire pendant quelque temps, s’il s’avère qu’elles ne devraient pas être lâchées sur les routes», estime-t-il.

Les coûts augmentent

Autre thème, l’argent. La nouvelle formation complémentaire devrait coûter entre 600 et 800 francs, en plus du programme en quatre parties (examen théorique, leçons de conduite, premiers secours et cour de sensibilisation au trafic) que doit déjà accomplir l’élève conducteur.

En tout, les quatre parties atteignent déjà au moins 2500 francs, avec vingt leçons de conduite et les divers frais administratifs.

Ces derniers mois, les autorités cantonales ont indiqué une énorme augmentation des demandes de permis provisoire de candidats soucieux d’éviter les nouvelles règles.

«Il y a des cantons qui ont enregistré jusqu’à 50% d’augmentation», précise Sven Britschgi, du Centre de compétences pour les routes et la circulation routière.

Les autorités sont convaincues, pour leur part, que ces règles vont contribuer à sauver des vies et à diminuer le coût de la santé imputable aux accidents de la route.

Les expériences faites dans les pays voisins semblent conforter ce point de vue. L’Autriche, qui a introduit des mesures similaires en 2003, a vu le nombre d’accidents causés par les 18-19 ans diminuer de 11,2% durant les six premiers mois de 2005, par rapport à la même période de 2003.

swissinfo, Isobel Leybold-Johnson
(Traduction de l’anglais: Isabelle Eichenberger)

Selon le Touring Club Suisse (TCS), les nouveaux conducteurs ont été impliqués dans 3883 accidents en 2004.
Les accidents de la route sont la première cause de décès des 18-24 ans.
Le nombre d’accidents avec des nouveaux conducteurs retombe à moins de 1500 par année, trois ans après l’obtention du permis.

– Le 15 décembre, le Conseil des Etats (sénat) doit discuter d’une motion demandant que l’examen théorique ne puisse se faire que dans l’une des trois langues nationales.

– Actuellement, selon les cantons, l’examen peut se tenir jusque dans neuf langues, dont l’anglais, l’albanais et le turc.

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