UBS ne plombe pas les soirées de l’ambassadeur
Malgré le scandale UBS, ce sont quelque 750 personnes qui se sont pressées mercredi soir à la «Soirée Suisse» organisée par l'ambassade helvétique à Washington. Et parmi elles, des membres du Congrès.
C’est la huitième année que l’ambassade suisse à Washington montait ce type d’évènement, mais mercredi, la «Soirée Suisse» a affiché non seulement un nouveau nom et un nouveau look, mais aussi une affluence accrue. Et ce, dans un environnement pourtant rendu plus difficile par l’affaire d’évasion fiscale chez UBS.
Au lendemain de l’évènement, Suzanne Sweizig, directrice de la communication de l’ambassade, indique en effet à swissinfo.ch que, selon une première estimation, la soirée a réuni «environ 750 personnes, soit environ 200 de plus que l’an dernier».
Remercier les partenaires
Depuis sa création, l’évènement était connu sous le nom de «Alumni Garden Party». Il s’agissait, comme le rappelle l’ambassadeur Urs Ziswiler, de remercier «les partenaires qui travaillent avec nous tout au long de l’année».
Responsables politiques et hauts fonctionnaires du gouvernement fédéral américain et des collectivités locales de la région de Washington, conseillers de députés et sénateurs américains, officiers des forces armées, représentants des autres ambassades, responsables d’entreprises privées, organisations non gouvernementales, dirigeants culturels, associations suisses, journalistes, économistes et autres experts font partie de ces «partenaires».
Affichant cette année son identité suisse de par son nouveau nom, l’évènement a été conçu pour mettre l’accent sur «l’esprit d’innovation des Suisses», a souligné l’ambassadeur devant la foule rassemblée mercredi sous une énorme tente aux lignes originales installée et aménagée par trois compagnies suisses de design.
Le spécialiste du mobilier Vitra, le fabricant de tissus Création Baumann et le créateur de tapis Ruckstuhl avaient transformé le perron de la résidence de l’ambassadeur, un bâtiment hyper contemporain créé aux normes écologiques en vigueur en Suisse par l’architecte suisse Justin Rüssli en partenariat avec l’architecte américain Steven Holl et distingué en 2007 par le prestigieux Prix International de l’Institut Royal des Architectes Britanniques.
Année «pas facile»
Même si l’heure était à la fête, avec raclette, vin du Valais et pas moins de trois orchestres, le scandale UBS était encore dans l’air moite de ce début d’automne washingtonien.
Quatre heures avant l’ouverture de la «Soirée Suisse», l’ambassadeur venait ainsi de signer le tout nouvel accord fiscal au Trésor américain, avec le ministre de l’Economie et des Finances de Barack Obama, Timothy Geithner.
«L’année écoulée n’a pas été très facile», a déclaré Urs Ziswiler en faisant allusion à l’affaire, lors de l’allocution qu’il a prononcée devant les invités de la «Soirée Suisse». Préférant traiter ce dossier avec une pointe d’humour, l’ambassadeur a salué les nombreux parrains suisses de la réception, en indiquant qu’il passerait «les banques sous silence», parmi lesquelles figurait UBS.
Encore des amis
Mais pour l’ambassadeur, l’affluence observée à la «Soirée Suisse», est «la preuve que la Suisse a encore beaucoup d’amis aux Etats-Unis».
Amy Klobuchar fait partie de ces amis. Sénatrice de l’Etat du Minnesota et membre des commissions sénatoriales du commerce et de la justice, cette Américaine d’origine suisse par sa mère a assisté à la «Soirée Suisse» et a participé au tirage de la loterie qui a notamment permis à l’un des invités de gagner un voyage en Suisse.
Tammy Baldwin est une autre amie de la Suisse. Elle est même co-présidente du groupe des Amis de la Suisse à la Chambre. Interrogée par swissinfo.ch, cette députée démocrate de l’Etat du Wisconsin, une «région où l’immigration suisse a été très importante au 19e siècle et où la culture suisse est transmise de générations en générations», qualifie le scandale UBS de «problème grave», mais réaffirme que les Etats-Unis et la Suisse ont «une amitié profonde et durable».
«Il ne fait aucun doute pour moi que nos deux démocraties et notre amitié sont trop solides pour être diminuées par des problèmes tels que l’affaire UBS», estime Tammy Baldwin.
Sur le long terme
Pour sa part, Urs Ziswiler se défend d’avoir organisé la «Soirée Suisse» pour redorer le blason de la Suisse auprès des Américains à la suite de l’affaire UBS.
«Il ne s’agit pas du tout de cela! Vous savez, je suis convaincu que l’image d’un pays se fait sur le long terme et qu’il n’est pas très productif de réagir à un évènement précis», lance l’ambassadeur.
Urs Ziswiler affirme que «l’image de la Suisse est toujours excellente aux Etats-Unis, même si celle d’UBS et de la place financière suisse a souffert».
«Avec l’accord fiscal signé mercredi, on a trouvé une solution qui, je l’espère, est satisfaisante pour les deux parties, il faut maintenant voir la mise en œuvre et c’est un sujet qui nous occupera pendant plusieurs mois et plusieurs années, mais je ne crois pas que l’image de la Suisse soit affectée par cette affaire sur le long terme aux Etats-Unis», conclut-il.
Marie-Christine Bonzom, swissinfo.ch, Washington
La «Soirée Suisse» a attiré quelques 750 personnes mercredi à l’ambassade de Suisse de Washington.
C’est environ 200 personnes de plus que l’an dernier.
L’accord fiscal bilatéral négocié dans la foulée de l’affaire UBS a été signé mercredi par l’ambassadeur suisse Urs Ziswiler et le ministre américain de l’Economie et des Finances Tim Geithner.
Le «Friends of Switzerland Caucus», c’est-à-dire le groupe parlementaire des Amis de la Suisse, a été fondé en 2003. Il regroupe 35 députés américains, dont la démocrate Tammy Baldwin.
Plainte. En février dernier, les autorités fiscales américaines (IRS) ont déposé une plainte auprès du Tribunal fédéral de Miami pour tenter d’obliger UBS à fournir la liste de 52’000 clients soupçonnés de fraude fiscale.
Défense. Pour la Suisse, cette plainte était contraire aux accords de double imposition en vigueur avec les Etats-Unis. Berne a affirmé qu’elle poursuivrait UBS si la banque communiquait les 52’000 noms à l’IRS.
Accord de principe. Vendredi 31 juillet, les parties au conflit, soit les gouvernements américain et suisse ainsi que UBS, ont annoncé être parvenues à un accord extrajudiciaire de principe.
4450. Selon cet accord, les données de 4450 comptes devront être transmises dans un délai d’un an mais la banque suisse échappe au paiement d’une amende.
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