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Une politique agricole qui laisse perplexe

Les Suisses doivent décider quel chemin prendre en matière d'agriculture. Keystone

Le projet de négocier un accord de libre-échange sur l'agriculture avec l'Union européenne (UE) a provoqué la surprise et une certaine confusion en Suisse.

Ce projet a en effet été dévoilé le jour même où le ministre de l’Economie Joseph Deiss exprimait ses doutes quant à la conclusion d’un accord de libre-échange avec les Etats-Unis.

Joseph Deiss a déclaré mercredi que les divergences de vues entre Suisses et Américains au sujet de l’agriculture risquait fort de faire échouer le projet d’accord de libre-échange entre les deux pays, et cela avant même l’ouverture des négociations.

Le gouvernement ne décidera qu’à la fin du mois s’il entend ou non ouvrir des négociations avec Washington. Joseph Deiss a par ailleurs annoncé que le gouvernement l’avait mandaté pour faire le point sur un éventuel accord de libre-échange sur l’agriculture avec l’Union européenne (UE).

«Les obstacles seront moins importants qu’avec les Etats-Unis», a estimé le ministre de l’Economie, ajoutant que jusqu’à 60% des exportations de produits suisses vers l’Union avaient déjà été libéralisés.

Une question de tactique

Les observateurs sont partagés sur les motifs qui se cachent derrière ce qui apparaît être une soudaine volte-face. Pour l’économiste et journaliste Beat Kappeler, il pourrait s’agir d’une tactique visant les agriculteurs suisses.

«Cela pourrait signifier que le gouvernement donne un signal aux lobbies paysans en déclarant qu’il existe un autre choix presque aussi radical que celui des Etats-Unis. Donc, si vous n’aimez pas les Etats-Unis, nous prendrons l’UE», déclare-t-il à swissinfo.

«Cela pourrait être tactique, poursuit l’économiste. En effet, jusqu’à maintenant, le gouvernement n’a donné aucune indication au sujet d’un accord agricole avec l’UE.»

Beat Kappeler ajoute qu’un accord avec les Etats-Unis reste encore possible et que l’option européenne pourrait n’être qu’un simple tour de chauffe destinée à permettre à la Suisse de formuler une position claire.

De son côté, economiesuisse indique qu’un accord avec l’UE ne serait qu’un supplément et non pas une alternative à un accord avec les Etats-Unis. La Suisse ne devrait pas rater le plus important marché du monde, souligne l’organisation faîtière de l’économie suisse.

Quelques commentateurs de la presse ont suggéré que le gouvernement suisse avait abandonné l’idée d’un accord de libre-échange avec Washington, estimant que les inconvénients l’emportaient sur les avantages potentiels.

Selon d’autres observateurs, le gouvernement s’attend à un échec en cas de négociations avec les Etats-Unis et a par conséquent besoin d’un plan de remplacement. Mais le gouvernement a semé la confusion en décidant de déplacer l’attention de sa politique étrangère vers les Etats-Unis et d’autres partenaires importants qui ne font pas partie de l’UE.

Une position qui n’est pas claire

La parlementaire européenne Diana Wallis, qui siège au comité chargé des relations avec la Suisse, ne s’est pas montrée surprise par l’apparent changement d’orientation à Berne. Mais pour la Britannique, il n’est pas du tout évident de comprendre ce que la Suisse attend de l’UE.

«Je ne suis pas vraiment sûre de ce que signifie un accord de libre-échange avec l’UE, vu qu’il existe déjà au travers des accords bilatéraux», a-t-elle déclaré à swissinfo.

La Suisse a en effet déjà signé deux paquets d’accords bilatéraux avec l’UE. Or ces accords ont déjà aboli de nombreuses barrières en matière de commerce, notamment pour bon nombre de produits agricoles.

«La porte a toujours été laissée ouverte en ce qui concerne de nouveaux accords bilatéraux, rappelle la députée. Et il est tout à fait clair qu’il existe des domaines qui n’ont pas été pris en compte dans les deux premiers paquets. Par conséquent, je pense que personne ne serait surpris si la Suisse voulait continuer sur cette voie.»

swissinfo, Isobel Leybold-Johnson
(Traduction de l’anglais: Olivier Pauchard)

– Le gouvernement a chargé les ministres Micheline Calmy-Rey (Affaires étrangères) et Joseph Deiss (Economie) de fournir un rapport sur les avantage et les inconvénients d’un accord de libre-échange sur l’agriculture avec l’UE.

– Joseph Deiss a indiqué que la collaboration entre la Suisse et l’UE dans le domaine agricole était déjà très avancée.

– Jusqu’à 60% des exportations de produits agricoles vers l’UE sont déjà libéralisées. Et dès 2007, ce sera également la cas pour les exportations de fromage.

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