Winterthour ou l’histoire d’une mutation
Winterthour se trouve au Nord-Est de la Suisse, entre Zurich et Saint-Gall. Deuxième ville du canton de Zurich, elle est aussi actuellement la sixième du pays.
La cité a donné son nom à une compagnie d’assurances mondialement célèbre. Mais sa réputation internationale, elle la doit d’abord à son industrie des machines, autrefois florissante.
Evoquer Winterthour, c’est susciter des images très contrastées. «La ville est à la fois une vieille cité industrielle totalement sur le déclin et un pôle d’attraction pour des personnes à salaire élevé», lisait-on par exemple en mars dans les colonnes du quotidien bernois Der Bund.
«Ce n’est que maintenant que la ville commence à renaître» estime le journal Winterthurer Landbote, qui ajoute qu’une bonne image ne suffit pas à renverser une évolution négative et qu’en matière économique, «une hirondelle ne fait pas encore le printemps».
«Le budget 2007 montre d’une manière terrifiante que la ville n’est pas encore cette oasis de prospérité économique», poursuit le chroniqueur du quotidien local. Une réalité dont le maire de la ville est aussi très conscient. «Nous n’avons pas encore renversé la tendance», confie-t-il à swissinfo.
Le reflet du déclin helvétique
C’est que la cité zurichoise a derrière elle une histoire très mouvementée, sorte de raccourci de l’histoire suisse contemporaine. La mondialisation de l’économie a eu des répercussions considérables sur les entreprises industrielles et sur l’emploi.
Les grandes entreprises suisses mondialement connues comme Saurer, Sulzer, Rieter ou Escher Wyss ont disparu ou ont dû s’adapter aux prix de restructurations douloureuses, avec leur cortège de licenciements. Et l’industrie textile suisse, autrefois florissante, est aujourd’hui menacée de disparition.
La ville de Winterthour est l’exemple de cette mutation, puisque elle s’est progressivement transformée en un centre financier et de prestations de services avec un tissu économique reposant sur des PME actives dans le secteur des technologies et de l’industrie de pointe.
Depuis les années 1980, l’industrie des machines a laissé la place à l’industrie des services (assurances et banques). Dans les années 1990, avec la reprise des assurances Winterthur par le groupe Credit Suisse et les restructurations qui ont suivi, ce secteur d’activités a connu lui aussi une crise (même s’il y a dans l’ensemble bien résisté).
Et les assurances Winterthour sont aujourd’hui intégrées au géant mondial Axa.
Des friches industrielles rendues à la culture
Pendant longtemps, Winterthour a eu l’image d’une ville ouvrière et industrieuse. Au centre de la cité a poussé au 19e siècle l’immense site des ateliers Sulzer, entre route cantonale et voie ferrée. Sur une surface égale à celle de la vieille ville, l’entreprise a employé aux grandes heures de son expansion internationale jusqu’à 33’000 collaborateurs.
Au lendemain du déclin des sites industriels en plein coeur de la ville, les grandes entreprises ont petit à petit émigré (déclin et délocalisation vont souvent de pair).
Les bâtiments ont été reconvertis et voués à d’autres utilisations, notamment dans le domaine artistique. Ils accueillent désormais une scène musicale très riche et des « partys » toujours très fréquentées.
Ancienne sujette de Zurich
Les plus anciennes traces d’établissements humains sur le site de Winterthour remontent à l’âge du bronze.
Depuis le début du 13e siècle, sous la domination des Kybourg puis, à partir de 1264, sous celle des Habsbourg, la ville a connu un essor rapide sans pourtant parvenir à se hisser au rang des grandes cités habsbourgeoises de l’époque.
Ce n’est qu’au 15e siècle que Winterthour est devenue pour quelque temps cité libre de l’Empire, jusqu’en 1467, où elle fut mise en gage au profit de Zurich. Winterthour est restée jusqu’en 1798 sous la domination de sa grande voisine des bords de la Limmat.
A partir de 1869, la ville a commencé à jouer un rôle non négligeable dans la politique cantonale et a opposé une vive résistance au libéralisme économique zurichois. La crise des chemins de fer privés a mis un terme brutal à cet essor politique et économique. Ce n’est qu’en 1950 que la ville a réussi à entièrement éponger les dettes accumulées dans cette aventure.
swissinfo, Urs Maurer
(Traduction et adaptation de l’allemand: Bertrand Baumann)
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