Gaza: Netanyahu dit qu' »il y a une date » pour l’offensive sur Rafah
(Keystone-ATS) Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a déclaré lundi qu’une date avait été fixée pour une offensive sur la ville de Rafah. L’Etat hébreu considère cette ville comme l’un des derniers bastions du Hamas dans la bande de Gaza.
La victoire sur le mouvement islamiste palestinien « exige l’entrée dans Rafah et l’élimination des bataillons terroristes qui s’y trouvent. Cela se fera – il y a une date », a déclaré le chef du gouvernement israélien dans une déclaration vidéo.
Israël se dit depuis plusieurs semaines déterminé à engager une offensive terrestre à Rafah malgré les mises en garde de nombreuses capitales étrangères qui craignent pour la sécurité des plus de 1,5 million de Gazaouis ayant trouvé refuge dans cette zone à l’extrême sud de la bande Gaza près de la frontière fermée avec l’Egypte.
Opposition américaine
Plusieurs responsables israéliens ont réaffirmé ce projet d’assaut depuis l’annonce dimanche du retrait des troupes israéliennes de Khan Younès, une autre ville du sud du territoire côtier livrée aux combats depuis plusieurs mois.
Les Etats-Unis ont toutefois réaffirmé lundi leur opposition à toute opération israélienne majeure à Rafah. « Nous avons clairement fait savoir à Israël que nous pensions qu’une invasion militaire massive de Rafah aurait un effet extrêmement néfaste sur ces civils et qu’elle nuirait en fin de compte à la sécurité d’Israël », a déclaré à la presse le porte-parole du département d’Etat, Matthew Miller.
Israël, en guerre depuis six mois contre le Hamas, présente Rafah comme le dernier grand bastion du mouvement islamiste, qui a pris le pouvoir dans le territoire en 2007.
« Moment opportun »
Parallèlement, de nouvelles négociations indirectes en vue d’une trêve sont en cours cette semaine entre Israël et le Hamas dont des responsables ont rencontré au Caire des médiateurs de l’Egypte, des Etats-Unis et du Qatar.
Ces discussions, visant à aboutir à une trêve ainsi qu’à la libération des otages retenus à Gaza depuis le début de la guerre le 7 octobre, connaissent « des progrès significatifs », a affirmé lundi le média égyptien progouvernemental Al-Qahera News, citant une source égyptienne haut placée.
Mais des responsables des deux camps se sont montrés plus circonspects. « Le Hamas bloque les négociations », a accusé lundi le porte-parole du gouvernement israélien, Avi Hyman. Le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant a pour sa part jugé « le moment opportun » pour conclure une trêve.
Selon un responsable du Hamas contacté lundi par l’AFP, « on ne peut pas parler de progrès concrets jusqu’à présent » et les divergences portent surtout sur le retour des déplacés dans la ville de Gaza, réclamé par le mouvement islamiste.
La Maison Blanche a pour sa part indiqué lundi qu’il « revient au Hamas de concrétiser » un accord. Interrogé par la BBC, le porte-parole du ministère qatari des Affaires étrangères Majed al-Ansari s’est dit lui plus « optimiste » qu’il y a quelques jours, ajoutant toutefois que les négociations sont loin d’être dans leur dernière « ligne droite ».
Netanyahu sous pression
La perspective d’un cessez-le-feu met sous pression Benjamin Netanyahu dont les alliés de coalition mettent en garde contre des concessions trop importantes dans la guerre contre le Hamas.
« Si le Premier ministre décide de mettre fin à la guerre sans attaquer Rafah afin de vaincre le Hamas, il n’aura pas de mandat pour continuer à servir en tant que Premier ministre », a prévenu lundi le ministre de la sécurité nationale Itamar Ben Gvir, du parti d’extrême droite Force juive.
« Famine imminente »
Lundi, le ministère de la Santé du Hamas a annoncé la mort de 32 Palestiniens en 24 heures, portant le bilan total, après six mois de guerre, à 33’207 morts.
La guerre a aussi provoqué une catastrophe humanitaire dans le territoire de 2,4 millions d’habitants assiégé par Israël, où l’aide humanitaire contrôlée par Israël arrive au compte-gouttes.
Dimanche, plusieurs agences des Nations unies et des organisations humanitaires ont qualifié de « plus que catastrophique » la situation à Gaza. « Les maisons, écoles, hôpitaux sont en ruines. Les enseignants, médecins, humanitaires sont tués. La famine est imminente », a affirmé la directrice exécutive de l’Unicef, Catherine Russell, sur X.
Soutien allemand dénoncé
Face à la catastrophe humanitaire, le Nicaragua a intenté une action en justice contre l’Allemagne devant la Cour internationale de justice (CIJ), plus haute juridiction de l’ONU, dénonçant son soutien à Israël. Il a jugé lundi « pathétique » de donner des armes au gouvernement israélien tout en fournissant simultanément de l’aide à Gaza. Des accusations « biaisées » a rétorqué Berlin.